Voilà un ouvrage qui tombe à point nommé alors que paraissent les rapports du GIEC plus accablants les uns que les autres sur l’urgence climatique de notre temps. Fruit d’un colloque coorganisé par l’ISPC et l’ISEO de l’Institut catholique de Paris avec leurs partenaires de l’Institut protestant de théologie et de l’Institut Saint-Serge en 2021, ces actes s’avèrent aussi passionnants que stimulants tout d’abord par leur approche résolument plurielle en leur constitution même. De fait, les interventions étant œcuméniques et transdisciplinaires, le livre lui-même se veut une forme d’illustration vertueuse du « tout est lié » cher au pape François.

C’est toutefois surtout avec Lynn White et son fameux article sur « les racines historiques de notre crise écologique » – datant pourtant déjà de 1967 – que dialoguent les différents auteurs : loin de ne travailler que la question de la responsabilité de l’imaginaire chrétien de la « domination » anthropocentrique, les différents spécialistes écoutent pleinement l’article de White et osent s’en servir comme d’un kaïros permettant de mieux explorer la crise. L’ouvrage s’organise ainsi en trois parties comme autant de moments de cette exploration : la première de diagnostic avec une ouverture initiale du patriarche Bartholomée ier, mais aussi des pistes anthropologiques et ethnologiques ainsi qu’une présentation du label Église verte par Elena Lasida ; une deuxième portant plus spécialement sur le potentiel rôle du christianisme – ou non – dans la crise écologique et la possibilité d’une « écothéologie », questionnant même la place spécifique des différents courants évangéliques face à celle-ci ou encore celle du possible lien avec le féminisme ; et enfin une troisième affrontant la crise en s’armant des ressources chrétiennes que l’on découvre nombreuses, de la Bible à la dimension eschatologique en passant par une étude patristique.

Il faudrait pouvoir mentionner toutes les riches contributions à cet ouvrage d’une actualité profonde, mais nous nous contenterons de souligner qu’il ose nous ramener systématiquement bien sur terre, ce qui est salutaire. Comme l’écrit en effet Joël Molinario dans la conclusion à trois voix : « Le salut n’est pas une échappée de la matière, du corps, du terrestre : mais une autre manière d’être relié à tout ce qui est donné par Dieu, une autre manière d’être dans le cosmos » (p. 189). Puisse ce livre contribuer à y faire émerger de nouveaux processus de conversion pour l’être humain ! — I.P.d.L.G.

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