«Ma soeur Thérèse de l'Enfant Jésus va bientôt mourir et je me
demande vraiment ce que notre Mère en pourra dire après sa mort.
Elle sera bien embarrassée, car tout aimable qu'elle est, cette
petite soeur n'a rien fait qui vaille la peine d'être raconté».
C'est sur ces quelques mots bien connus émanant d'une consoeur de
Thérèse que se termine cette biographie. La suite fut un peu
différente…L'A. a consacré une grande partie de son activité à
l'étude de la «petite Thérèse» et, ayant exploré les archives la
concernant, il s'est proposé ici de donner un livre à «tant de
passionné(e)s de Thérèse qui n'ont ni le temps, ni les moyens, ni
l'occasion de consulter cette masse des documents disponibles» (p.
14) - ce qui, en fin de compte, arrive malgré tout à près de 600
pages de texte accompagné d'annexes, dont un tableau chronologique
détaillé. Ce n'est pas tant sur le récit qu'il convient ici de
s'arrêter - la vie de Thérèse est finalement bien connue -, mais
bien plutôt sur sa facture. On le sait, le «message» de Thérèse et
son expression en ont séduit plus d'un…, et en ont dérouté tout
autant. Or l'ouvrage est abondamment nourri de textes, cités en
tout ou en partie, provenant des archives ou des oeuvres de
Thérèse. Ce procédé n'est certes pas sans risque, car il repose
nécessairement sur des choix. Il me semble toutefois qu'il amènera
vraisemblablement à ce que certains lecteurs aient le désir d'en
savoir plus et éprouvent dès lors celui d'aborder directement les
écrits de Thérèse. D'autre part, cette manière de faire présente
l'avantage de mieux situer Thérèse dans son contexte et d'avoir une
approche plus fine de la façon dont la religion était vécue en ce
temps, bien différemment de notre temps. Est-ce à dire que le livre
ralliera tous les suffrages? Mais a-t-on jamais vu un «grand» de ce
monde réaliser la parfaite unanimité autour de lui? D'autant que
l'essentiel n'est pas uniquement l'héritage qu'il nous laissa mais
aussi ce que l'on en fait par la suite. Mais c'est là une autre
histoire… - B. Joassart sj