Sanctorum societas. Récits latins de sainteté (IIIe - XIIe siècles), 2 vol.

François Dolbeau
History - reviewer : N. Plumat
La littérature hagiographique a rarement eu bonne presse; toutes les générations ont eu ses détracteurs qui n'y voyaient que des niaiseries. Il n'empêche qu'il s'agit là d'une littérature qui, par son abondance, est bien souvent la seule à nous renseigner non seulement sur les héros de la foi, certes parfois de manière fort peu historique, mais aussi sur l'histoire générale des siècles passés: l'oublier, sous prétexte de sa faiblesse, n'est pas tenable. Et, quelle que soit l'opinion que l'on adopte à son égard, on est d'autant moins porté à la mépriser quand on découvre un ouvrage comme celui-ci. Titulaire de la chaire de langue et littérature latines médiévales à l'École Pratique des Hautes Études, à Paris, depuis 1985, Fr. D. s'est, depuis près de quatre décennies, intéressé de très près aux textes hagiographiques. Le volume ici présenté rassemble 29 études - la plupart étant des éditions de textes hagiographiques allant de l'Antiquité chrétienne au 12e siècle - parues antérieurement dans diverses revues savantes, auxquelles il a d'ailleurs apporté des corrections et ajouts, fruits d'une curiosité toujours en quête d'amélioration et mue par une parfaite honnêteté intellectuelle. Y furent ajoutées, en un chapitre, les éditions de deux textes inédits - une Passion métrique de Ste Agnès (BHL 164b) et une Vie rythmique de S. Ouen (BHL 754d) - extraits du «Livre noir» de Saint-Ouen de Rouen.
L'approche de l'A. est avant tout philologique; on aura d'ailleurs l'attention attirée par l'index des mots latins commentés (p. 981-982). On y reconnaîtra une attitude «positiviste», ou, pour user d'un terme qui respecte plus exactement l'histoire des idées en fait d'écriture de l'histoire, «positive». Une telle démarche rebute beaucoup de nos jours et est très souvent regardée de haut par les tenants des approches «thématiques». Mais à regarder de près les travaux ici rassemblés, on ne peut que se féliciter de la méthode retenue par l'A. Car - et c'est sans doute un des apports majeurs de l'ouvrage (indépendamment de l'information qu'il fournit sur des sujets précis) - à chaque fois, on est ramené à un principe fondamental: la nécessité impérieuse de disposer des sources, et des sources correctement éditées. En définitive, elles seules restent. Et sans elles, il n'y a bien souvent que bavardage sans consistance. Une leçon que les historiens de toutes les époques ne doivent jamais oublier. - N. Plumat

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