Un recueil d'une vingtaine de discours de Grégoire de Nazianze,
dont la plupart paraissent ici pour la première fois en anglais.
Ils ont été prononcés en divers temps et en divers lieux, pas
toujours identifiés avec certitude: au début des années 360, à
Nazianze, où Grégoire assistait son père qui y était évêque; au
temps tumultueux de son épiscopat à Constantinople (379-381); à son
retour à Nazianze (379-381). La matière qui y est abordée s'étend
du purement théologique au profondément personnel, avec un souci
constant de justice sociale. Le style, agréablement littéraire,
recourt tantôt à l'enkomion, tantôt à la lalia,
un genre informel et familier, décrit par Ménandre le Rhéteur, qui
combine démonstration et exhortation. Que retenons-nous? Le premier
des trois discours sur la paix, dans lequel, en 364, Grégoire
célèbre la résolution du conflit que la simplicité de son père
avait imprudemment créé, suscitant ainsi l'animosité d'une
communauté monacale. Sa belle évocation des Maccabées, que la
critique considère comme un manifeste contre la politique de Julien
l'Apostat. Son important sermon Sur l'amour des pauvres, prêché à
l'occasion de l'inauguration d'un hôpital pour lépreux, dans lequel
transparaît la rivalité entre chrétiens et païens dans l'exercice
des services sociaux. Son curieux panégyrique de Cyprien, où il
amalgame Cyprien de Carthage et Cyprien d'Antioche, ce martyr
homonyme que la légende présente comme un magicien converti. Son
éloge de la philosophie (dans le Discours en l'honneur de Héron),
réconciliatrice de la pensée païenne et de la pensée chrétienne, de
la raison et de la foi. Relevons aussi les textes témoins des
moeurs de la communauté chrétienne de Constantinople, et les
précieux détails autobiographiques (spécialement dans le discours
dans lequel Grégoire se justifie de son intronisation à
Constantinople en violation du concile de Nicée). L'introduction
est parcimonieuse; la traduction est un régal. - P. Detienne, S.J.