Studi sul vangelo di Giovanni. Testi, temi e contesto storico
Maurizio MarcheselliHoly Scripture - reviewer : Yves Simoens s.j.
L'ouvrage se présente comme un recueil d'articles étalés sur une dizaine d'années (2004-2015) et regroupés en trois parties. La 1re, « Textes », reproduit 8 études en 8 chap. consacrés à Jn 6 jusqu'à Jn 21. La 2e partie, « Thèmes », comprend 5 chap. qui prennent en compte : Les Écritures d'Israël, processus exégétique et herméneutique croyante dans le groupe johannique ; Mort et « immortalité » dans l'évangile selon Jean ; La confiance comme trait constitutif de la prière dans l'évangile selon Jean ; Échos d'Ézéchiel dans l'évangile de Jean ; Le rôle de l'Esprit dans le témoignage et sa destination universelle selon l'évangile de Jean. La 3e partie, « Jean dans le contexte du judaïsme du premier siècle », reprend en 4 chap. des études qui ont fait la notoriété de l'auteur cette dernière décennie : « Antijudaïsme dans le Quatrième Évangile ? L'antijudaïsme dans l'évangile de Jean. Évaluation critique d'une accusation » ; « Le profil narratif du personnage « les juifs » en Jn 1-12 » ; « L'Évangile de Jean dans le judaïsme. Une identité en tension ».
Le mérite majeur de l'A., qui caractérisait déjà sa thèse sur Jn 21 (cf. NRT 131, 2009, p. 123), lui vient de ce qu'il ne s'inféode à aucune école ni méthode, en prenant son bien là où il trouve valorisée l'intelligence dans la foi du texte. L'équilibre entre synchronie et diachronie, attention à la grammaire et approche modérément narrative, respect de la problématique et prises de position déférentes mais claires et sans concessions culmine dans la 3e partie. Elle fait le point sur un sujet, souvent violemment controversé aujourd'hui. Il servira d'admirable référence en la matière, au moins pour ceux et celles qui ne peuvent souscrire à l'hypothèse antijuive du quatrième évangile. L'A. joue cartes sur table, en décrivant les opinions en présence - y compris celles de son directeur de thèse, J. Beutler qui préface le recueil - par rapport auxquelles il prend avec bonheur ses distances. À la différence de beaucoup d'autres ouvrages en cette matière passionnée, le ton est serein et objectif ; il pondère les arguments sans polémiquer mais sans lénifier non plus. La distinction entre le mal et celui ou ceux qui en sont les victimes aurait pu être mieux soulignée parce que c'est le nerf du débat. Le jugement porté sur le quatrième évangile juge son interprète. A.-M. Pelletier l'a montré pour le Cantique des Cantiques : le rapprochement, inattendu, n'est pas fortuit. L'héritage prophétique aurait pu être davantage exploité dans le même sens. Jésus ne condamne jamais personne : il stigmatise le mal, tellement incisif qu'il l'atteint en premier, pour en sauver l'humanité entière. Où l'exégèse se fait théologique sous peine d'être stérile. L'auteur le montre avec une maestria qui suscite une vive reconnaissance. - Y. Simoens s.j.