Dans ce gros volume, Klaus Scholtissek rassemble les articles qu’il a rédigés entre 1996 et 2020. Leur abondance est la preuve d’un travail riche et fécond. Par ailleurs, le titre reflète bien l’axe de recherche de l’A. Il s’intéresse en effet au monde textuel et à la théologie du 4^e évangile.

Son travail d’habilitation soutenu en 2000 portait sur les « formules d’immanence » et la notion de « demeure » dans l’évangile johannique. On trouve donc un déploiement de cette recherche dans plusieurs articles consacrés à la notion d’amitié et à la mystique dans l’évangile johannique. Ce dernier thème est d’autant plus passionnant qu’il est âprement débattu chez les spécialistes. L’A. cherche à fonder, précisément, la mystique johannique dans l’immanence réciproque du Père et du Fils qui est comme transposée au Fils et aux disciples dans le temps post-pascal. Mais pour justifier son propos de fonder la mystique dans l’immanence, il n’hésite pas à faire un long excursus sur la mystique dans l’histoire de la théologie afin de pouvoir la caractériser comme expérience de Dieu et union de distinction entre la créature et Dieu. C’est dans cette lumière qu’il déploiera le potentiel mystique du « demeurer johannique ».

Un autre axe de sa recherche manifeste la fécondation réciproque de l’analyse textuelle et de la théologie, à savoir les questions liées à la relecture et la réécriture. C’est ici que se fonde textuellement la rétrospective pascale et son potentiel ecclésiologique et pneumatologique, comme il le montre dans deux articles consacrés à l’intertextualité et quatre encore qui traitent des chapitres 13 à 17.

Mais loin de se contenter de rassembler des écrits anciens, l’A. nous offre entre autres inédits, un long article de près de 150 p. sur l’état actuel de la recherche johannique, particulièrement pertinent. Il organise sa recension autour de 3 axes : la place du 4^e évangile dans le christianisme ancien ; le monde textuel et enfin, la théologie de l’évangile de Jean. Il sait allier une grande largeur de champ et l’analyse précise de certains auteurs. Il n’hésite pas à aborder des questions polémiques comme l’unité de la rédaction de l’évangile et sa canonicité, montrant comment les études synchroniques questionnent des évidences qui semblaient acquises par l’histoire de la rédaction. Un ouvrage précis et stimulant. — G. de Longcamp c.s.j.