The Concept of Peace in Judaism, Christianity and Islam

(éd.) Georges Tamer
Religions - reviewer : Markus Kneer

Ces actes présentent les communications d’un colloque qui a eu lieu en 2017 à Erlangen (Allemagne). C’est le 8e tome d’une série qui traite des concepts clés dans les discours interreligieux. Après des volumes portant sur des termes comme « liberté », « droits de l’homme », « révélation », « guerre sainte », c’est maintenant « la paix » qui est analysée à partir des approches juive, chrétienne et musulmane. La perspective juive sur le sujet est développée par Alick Isaacs, cofondateur de l’organisation « Siach Shalom » (« parler paix ») et enseignant à l’Université hébraïque de Jérusalem, à partir de la situation au Proche-Orient. Il distingue deux acceptions de la paix (shalom) en judaïsme : la paix pragmatique de la Realpolitik et la paix prophétique comme don divin. D’un point de vue linguistique, le mot shalom est plus proche du dernier sens (comme accomplissement), le mot latin pax plus proche du premier (la paix comme « pacte »). La paix prophétique n’est pas seulement une valeur clé de la pensée juive, mais son principe central d’organisation, intégrant ses trois piliers de « l’anti-politique », de « l’unité des contraires » et de « la connaissance de Dieu ». Concernant la situation présente d’Israël-Palestine, on ne peut pas ignorer le rôle que joue la religion, également pour les extrémistes de tous les côtés. Isaacs propose un certain style pour rappeler que la paix est un fondement central pour toutes les traditions monothéistes et que ce constat se trouve en contradiction avec la réalité actuelle. Il appelle ce style « l’ironie irénique » parce qu’elle met en question cette réalité face à la paix prophétique.

Volker Stümke, théologien protestant allemand qui enseigne la théologie systématique à Rostock et l’éthique protestante à Hambourg, présente le sens chrétien de « paix » en trois parties : les références bibliques, le développement dans l’histoire ecclésiastique et les tâches actuelles. Dans chaque partie, la signification de « paix » est analysée sous l’angle politique, social, personnel et religieux. L’A. montre bien la transition paradigmatique du concept de « guerre juste » au concept de « paix juste » et la genèse d’un nouvel impératif : Si vis pacem, para pacem (si tu veux la paix, prépare la paix). Par-là, il souligne l’importance du dialogue interreligieux et rappelle la devise de Hans Küng (récemment décédé) : « La paix mondiale par la paix entre les religions ». Petite critique : on apprend beaucoup sur les points de vue protestant et catholique, mais peu sur la position orthodoxe.

Le concept de paix en Islam est présenté par Asma Afsaruddin, professeure des langues et cultures proche-orientales à l’Université d’Indiana de Bloomington (États-Unis). L’Islam n’est pas une religion pacifiste, mais « pacificiste ». Par ce néologisme, l’A. décrit le rôle actif que les musulmans doivent jouer pour « faire la paix » (peacemaking). C’est la raison pour laquelle une grande partie du texte est consacrée au concept du jihâd. En déconstruisant sa signification comme « guerre sainte », l’A. souligne la polyvalence du terme et découvre la patience (ṣabr) comme aspect important de son contenu. Par-là, « faire la paix » est un élément fondamental de l’Islam.

Trois perspectives très suggestives sur ce sujet très actuel qui ne manquent pas, à la fin de chaque partie, de donner des pistes bibliographiques pour un approfondissement ultérieur. — M. Kneer

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