Lorsque des navires portugais abordèrent vers 1500 les côtes
occidentales de l'Inde, les communautés chrétiennes qui se
réclamaient de l'apôtre Thomas purent se réjouir de l'arrivée de
frères dans la foi. Bientôt, cependant, des tensions surgirent
entre ces chrétiens de tradition et de liturgie orientales et les
nouvelles autorités religieuses imprégnées de l'esprit et des
méthodes de la contre-Réforme catholique. La liturgie fut
évidemment un terrain fertile pour les malentendus voire les
affrontements, d'autant que pesait sur les rites de ces chrétiens
de l'Inde le soupçon d'hérésie «nestorienne». Le synode de Diamper
(1599) aboutit notamment à une réforme de la liturgie eucharistique
(Qurbana) imposée par l'archevêque latin de Goa, Alexis de Menezes,
aux communautés orientales. On trouvera ici en regard (p. 7-81) le
texte latin (l'archevêque ne travaillait que sur une version latine
des sources syriaques…) et une traduction anglaise du nouveau
rituel (l'état antérieur à l'intervention des autorités latines est
signalé dans les notes). Vient ensuite (p. 83-209) un commentaire
historique et doctrinal des modifications et corrections
introduites tant dans la liturgie eucharistique proprement dite que
dans le calendrier des fêtes ou les règles concernant, par exemple,
les objets et vêtements liturgiques. Bien que les réformes de 1599
aient été bientôt modifiées à leur tour, elles amorçaient un
mouvement de latinisation et contribuèrent à créer un climat de
tension et de suspicion qui pèserait longtemps sur les relations
entre les différentes communautés chrétiennes du «Malabar» (Kerala)
et plus largement de l'Inde. - J. Scheuer sj