Dès lors, l'A. analyse le texte de Jean comparé aux récits synoptiques afin d'en dégager l'exacte portée. Il examine ensuite les développements de la tradition à travers les évangiles apocryphes, puis les commentaires patristiques jusqu'aux interprétations de la contre-Réforme. Il entreprend alors un examen précis des représentations picturales de différentes époques manifestant l'incompréhension de la tradition puisque l'on y voit l'apôtre touchant la plaie du côté de Jésus alors que l'évangéliste s'en abstient: on ne touche pas le corps spirituel du Ressuscité; seule la foi confesse «mon Seigneur et mon Dieu»!
Cette étude, intelligente et suggestive, nous apprend à réfléchir en profondeur et à purifier notre imaginaire trop enclin à matérialiser ou à idéaliser à outrance. Qu'est-ce qui a motivé Jean à composer ce récit? Débarrasser ses lecteurs de leur doute inévitable à l'annonce du Christ ressuscité, donnant prise au gnosticisme? Insinuer que le doute est inhérent à la foi? Réagir à l'attrait superstitieux des reliques (notamment celle du doigt de Thomas!), ou bien à la tentation de tout ramener à sa mesure? Quoi qu'il en soit, Thomas est bien le «jumeau» des sceptiques et rationalistes que nous sommes encore. La lecture de ce livre nous en convaincra. Une excellente bibliographie commentée achève de donner à cet ouvrage, point du tout iconoclaste, une information critique de bon aloi. - J. Radermakers sj