Traité 49. V, 3, éd. B. Ham

Plotin
History of thought - reviewer : Hubert Jacobs
Le texte traduit, sans être ici reproduit, est généralement celui de l'editio minor de P. Henry et H.-R. Schwyzer. Il s'agit du 49e traité, selon l'ordre chronologique, transmis par Porphyre qui l'avait rangé dans la 5e Ennéade où sont regroupées les questions relatives à l'Intellect. Le développement a pour pivot la deuxième hypostase, tant en elle-même qu'en relation avec l'âme et avec l'Un. Son titre, «Sur les hypostases qui connaissent et ce qui est au-delà», n'est pas de Plotin, mais de Porphyre lui-même, et il correspond aux deux grandes parties qui le composent.
Il date des années 268-269, quand Plotin avait sans doute déjà cessé son enseignement. Contrairement à ce qu'en pense Porphyre, l'analyse témoigne de l'étonnante acuité intellectuelle du maître qui situe sa réflexion dans la ligne du «Connais-toi toi-même» delphique. On avait attribué une signification religieuse à ce précepte, avant de l'introduire, par Socrate et Platon, dans la tradition philosophique. Avec le Premier Alcibiade, s'était en effet opéré un renversement herméneutique qui ne cherchait plus tant à mettre en lumière la distance entre les hommes et les dieux qu'à souligner ce qui apparente l'humain au divin.
Pour sa part, dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote célébra le caractère transcendant et le bonheur de la vie conforme à l'Intellect, à l'image de celle de la pensée de la Pensée (Mét. XII). La question de la connaissance de soi n'est donc pas une simple spéculation, mais une invitation à la sagesse. Elle a ainsi la capacité de synthétiser les deux axes de la pensée de Plotin: possession de l'être et conversion de la connaissance, qui se vérifient mutuellement grâce à leur parfaite identité dans la connaissance de soi de l'Intellect. Auto-constitution au niveau de l'Intellect, la connaissance de soi est pour le sujet humain auto-restauratrice. Notre âme, image à la fois semblable et dissemblable de l'Intellect, a donc pour vocation de s'élever jusqu'à lui en l'imitant activement, reconnaissant en ses propres opérations le reflet de sa vie, mais reflet distendu en elles par la procession. Les perfections ontologiques de l'Intellect apparaissent ainsi comme autant d'exigences éthiques pour l'âme qui doit remonter jusqu'à lui.
Noétique aristotélicienne et ontologie platonicienne, sous l'acuité du regard de la contestation sceptique, s'articulent donc chez Plotin en une conception noétique de l'être et ontologique de la pensée. On demeure par là même fidèle à Parménide pour qui «être et penser c'est la même chose» (fragm. B, 3). Face à la critique de Sextus Empiricus, Plotin défend donc Mét. XII d'Aristote par l'assimilation de la Pensée de la pensée à l'Être du Sophiste, qui transcende le Bien de la République, identifié à l'Un parménidien. - H. Jacobs, S.J.

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