Historien, écrivain et politicien de renom, Pietro Scoppola
(1926-2007), un «catholique à sa mode» (disait Paul VI) qu'une
maladie cruelle a rendu aphasique, esquisse, en quelques chapitres
courts et denses, trois mois avant sa mort, les grandes lignes de
son parcours spirituel. Notons, parmi les titres, quelques binômes
éloquents: foi et raison; homme et femme; sacrifice et rachat. Dans
l'esprit de Vatican II dont il craint une dérive, il se réjouit de
la liturgie renouvelée, de la lecture critico-historique de
l'Écriture, du primat de la conscience, du dialogue interreligieux,
du fondement biblique de la foi. Épinglant l'heureuse distance que
prend Benoît XVI par rapport à l'identification «pape = Église»
qu'il décèle dans son prédécesseur, il rêve d'une participation
active du peuple de Dieu, d'un laïcat qui s'exprime authentiquement
et librement au service de la réforme toujours nécessaire de
l'Église, d'une Église qu'il invite à respecter les droits civils
fondamentaux de la défense (cf. procès de Jacques Dupuis S.J.). Il
voit dans la politique un élément de la recherche d'un catholicisme
pleinement incarné dans l'histoire, dans sa confrontation avec la
liberté, la démocratie, la laïcité politique et culturelle. Un
dernier chapitre, particulièrement personnel, évoque le mystère de
la souffrance dans le projet d'amour d'un Dieu qui nous engage à
donner un sens à l'absurde: «Reste en silence devant le Seigneur et
espère en lui». - P. Detienne sj