Après la très remarquée étude en deux volets sur Marie dans le
dessein de Dieu et la communion des saints. Dans l'histoire et
l'Écriture. Controverse et conversion (cf. NRT 121 [1999] p.
41-59), le Groupe des Dombes, transformé, féminisé et rajeuni, nous
offre ce «document de bonne foi» (12) qui devrait devenir un
classique. Fidèle à une méthode éprouvée, le texte part des
enseignements de l'histoire (chapitre I) qu'il faut entendre, à
partir de la Réforme, comme une cantate à deux voix (chap. II);
puis il trouve dans l'Écriture («juge de la tradition») le lieu de
discernement de son parcours historique (chap. III), avant
d'énoncer des propositions doctrinales (chap. IV), qui ouvrent un
large espace à la conversion des communautés, protestantes et
catholiques (chap. V). Tout ici semble exemplaire, à commencer par
le style limpide («le lieu de nos accords est le lieu même de nos
difficultés», 20), et la composition qui récapitule souvent les
enjeux. Le chap. IV est celui qu'il faut étudier de plus près: il
formule un «consensus différencié», diagnostique les divergences
qui demeurent, propose les chemins d'un dépassement. Le «nous» qui
parle reconnaît l'autorité de certains textes, mais aussi des
communautés et des personnes (ainsi de la réception et de la
conscience), et même des instances institutionnelles (qui
s'inscrivent dans la triple articulation des principes
communautaires, collégial et personnel). Or, «les difficultés
majeures qui nous séparent encore ne viennent pas de la
reconnaissance de ces différents pôles d'autorité doctrinale (ils
nous sont communs) mais de la conception que s'en donne chaque
Église et de leur interaction concrète» (163). Alors, loin de
«conclure à deux données ecclésiales de l'histoire incompatibles et
irréconciliables» (183), les auteurs engagent à une réconciliation
quadruple: sur l'Église et les effets du salut, à propos des textes
(selon le prototype de la «Déclaration commune sur la
justification»), au sujet des communautés et des personnes (avec
une «re-réception» du dogme catholique de l'infaillibilité
pontificale) et enfin, sur le statut du dialogue oecuménique, qui
pourrait passer au niveau des autorités doctrinales (et plus
seulement des commissions). Ces points sont repris dans le chap. V,
marqué par la même courageuse espérance. Même si tout n'est pas dit
de l'autorité doctrinale dans l'Église (l'attention est plus
christologique que pneumatologique, le dossier scripturaire
pourrait s'approfondir), les catholiques gagneraient à se
réapproprier le chemin qui va du communautaire au personnel, à
travers le collégial, et les protestants, à tenter le parcours
inverse; c'est peut-être cela, «sentir et apprécier l'ecclésialité
de l'autre» (232). - N. Hausman scm