Une Bible des femmes. Vingt théologiennes relisent des textes controversés

(dir.) Pierrette Daviau (dir.) Elisabeth Parmentier (dir.) Lauriane Savoy
Holy Scripture - reviewer : Didier Luciani
Que des femmes et, qui plus est, des théologiennes prennent la parole dans l'Église, cela est plus que nécessaire et elles n'ont d'ailleurs, pour le faire, besoin d'aucune approbation (surtout pas masculine). Qu'au lieu d'occulter les textes bibliques les plus problématiques du point de vue du statut de la femme et de l'égalité des sexes, elles en revisitent quelques-uns avec lucidité et courage, voilà qui donne espoir et augure un possible renouvellement aussi bien du côté du mandarinat ecclésiastico-théologique que de celui de l'institution tout entière. Que pour commenter ces textes bien connus (1 Tm 2,8-10 ; Ep 5,22 // 1 P 3,1 [« Femmes, soyez soumises à vos maris »] ; les « femmes fatales », depuis Dalila jusqu'à Judith ; Lc 10,38-42 [Marthe et Marie, boniche ou potiche ?] ; etc.), il faille parfois en passer par l'écriture épicène ou inclusive (ex. : « Dieu aime-t-il les étranger.ère.s ? », p. 139), cela n'est qu'une broutille qui ne facilite certes pas la lecture, mais que l'on peut, à la rigueur, comprendre.
Par contre, et bien que jugeant louable la première partie de la proposition suivante, j'ai beaucoup de mal à en admettre la formulation finale : « aujourd'hui, toutes les femmes peuvent/doivent » résister « (…) contre les argumentaires essentialisants qui circulent pour enfermer les femmes et les hommes dans certaines idées et comportements et exclure tous celles, ceux, cielles et celleux (sic !) qui ne s'y reconnaissent pas » (p. 135). Une note de bas de page a beau m'expliquer que « cielles et celleux sont des pronoms démonstratifs neutralisants dans la mesure où ils dépassent le binarisme ou l'alternance masculin/féminin, voire perturbent les genres », à moins de vouloir faire de Babel et de la confusion des langues (pour rester dans le domaine biblique) non pas une étape transitoire mais un idéal à atteindre, je ne vois pas l'intérêt de telles inepties. Je suis par ailleurs étonné que, dans un tel ouvrage à propos de la Bible, les références soient si souvent fautives : ainsi, l'histoire de Dina ne se trouve ni en Gn 24 (p. 190), ni en Gn 31 (p. 197), mais en Gn 34. Dans le même ordre, on aurait pu espérer trouver, en fin de volume, un index biblique. Quitte à me mettre à dos 49,6 % de la population mondiale ou, au minimum, toutes mes collègues femmes exégètes, le fait de signaler ces points négatifs dans un ouvrage qui ne manque, par ailleurs, pas d'intérêt me paraît plus respectueux et plus digne, pour les un.e.s et les autres, que de tenir un discours convenu et politiquement correct. - D. Luciani

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