Enracinée dans une expérience de terrain, Isabelle Le Bourgeois développe sa compétence de psychanalyste et nous fait réfléchir. L’expérience de la vie nous fait d’abord découvrir la réalité de l’irréparable à travers la mort, l’accident, l’humiliation, l’échec, les violences. Comment penser le réparable à travers ces limites humaines et surtout des événements qui cassent une vie et la détruisent en bonne partie. Sans beaucoup prononcer le mot de « résilience », l’A. essaie de penser l’irréparé qui pourrait n’être pas définitif mais dépendre d’autres sources : de l’écoute, des soins, peut-être de l’action divine, pour être réparé. Face à l’existence de l’irréparé, la manière de le nommer peut parfois être source d’espoir, ouvrant la possibilité de multiples médiations (p. 63).
Mais en amont de tout ce qui est « cassé », l’irréparable n’appartient-il pas à la condition humaine ? Ce destin (ou ce don ?) qui nous a mis dans un monde blessé pour une existence éternelle et sans notre vouloir en est un signe. Mais cet irréparable n’est pas en soi « une souffrance » même si les témoignages de certaines vies nous en montrent les abîmes. La vie n’est-elle pas du « définitif » par excellence ? Nous avons beau avoir la capacité de la quitter par le suicide ou par un meurtre, elle nous a été donnée pour toujours. C’est le sens de cette vie que nous cherchons sans cesse en essayant d’atténuer l’irréparable. Car « Oui, les effets dévastateurs de l’irréparable peuvent être durablement atténués » (p. 25). N’est-ce pas la valeur de toutes…