Les enfants de la Promesse. L’Alliance avec Dieu donne le sens de nos vies

Marie-Laetitia Calmeyn o.v.
Teología - reviewer : Alban Massie s.j.

Est-il possible de proposer aujourd’hui une anthropologie chrétienne sans s’appuyer obligatoirement sur les données de la sociologie contemporaine ? Comme le souligne le pape François, les sciences humaines sont un outil précieux pour manifester le caractère dialogal de la théologie. Mais que devient alors l’anthropologie biblique, peut-on s’y appuyer pour découvrir qui est l’homme aujourd’hui au regard de la révélation ? Nul doute que l’A. de cet ouvrage est consciente de cet enjeu et c’est en connaissance de cause qu’elle présente le fruit de sa méditation, dont elle a éprouvé l’authenticité dans sa propre pratique humaine et professionnelle – être au chevet d’une personne mourante ou accompagner spirituellement des soignants permettent de réfléchir à la souffrance et à la vocation humaine sans doute autant que les enquêtes d’opinion sur l’euthanasie souvent biaisées.

On est impressionné par le parcours biblique (les 10 premiers chapitres) proposé ici. Cette relecture montre les livres de l’Ancien Testament comme un miroir de l’humanité selon le plan de Dieu, à l’aune de l’Alliance et de sa Promesse de bonheur, jusqu’à la Bonne Nouvelle de l’évangile qui invite à « nous situer à chaque moment de notre existence par rapport à la finalité de notre vie » (p. 102).

Une deuxième partie (chap. 11 à 20) élargit la contemplation aux questions les plus fondamentales : du début à la fin de la vie (la mort : « se trouver accompli par les autres et par Dieu plutôt que par soi-même», p. 108) ; la mission à rebours des idéologies relatives à la morale (avec le subjectivisme et le relativisme, l’A. voit aujourd’hui le risque d’une « forme d’émotivisme », p. 116. Voir aussi p. 169-170).

Dans la perspective d’une anthropologie de communion plus forte que le péché qui sépare, l’A. rappelle que L’homme est fait pour la louange : « la crise écologique que nous traversons devrait nous questionner sur la façon dont nous habitons l’espace et le temps et donc peut-être d’abord sur notre façon de faire la fête » (p. 20). La théologie du corps qu’elle présente élargit la question sexuelle aux problèmes de l’âge et de la maladie (p. 147-155). Affrontant la question des abus dans l’Église, l’A. s’adresse aux baptisés et révèle à chacun le chemin de sainteté selon les états de vie qui existent dans l’Église.

Notons aussi qu’il n’est pas courant qu’une théologienne s’adresse à ses lecteurs en parlant en « je », ce que Laetitia Calmeyn ose à chaque page, à travers le témoignage de ses rencontres avec les hommes et les femmes de son temps. Mais il est remarquable que ce « je » sache parler sans revendiquer quoi que ce soit mais en se livrant simplement avec son propre langage, qui est celui de l’Église, qui se veut parole de consolation plutôt que de soupçon, au risque de ne pas être accueilli ni compris, mais en témoignant ainsi que « notre vie, c’est d’abord la réalité du corps de l’Église » (p. 168, citant le jésuite A. Chapelle). Au fond, il serait fallacieux de croire que l’A. fait l’impasse sur les sciences humaines. Son livre sera au contraire un outil fort utile non seulement aux croyants mais encore aux chercheurs pour aider à discerner ce qu’est l’homme « pour que Dieu en prenne souci ». — A.Ms.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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