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L'Esprit Saint et les religions dans le magistère du pape Jean-Paul II

Vincent Guibert
Cet article présente de manière systématique le fruit théologique que Jean-Paul II a laissé à l'Église dans le domaine du dialogue interreligieux. Deux affirmations décisives sont mises en valeur. D'une part, l'Esprit Saint est l'origine de l'interrogation existentielle et religieuse de l'homme. D'autre part, la possibilité du salut est offerte aux hommes dans la pratique sincère de leur propre religion. La mission d'évangélisation de l'Église permet l'accomplissement dans le Christ de la valeur positive de ces religions.

Pèlerin infatigable, le Pape Jean-Paul II n’a cessé de parcourir les continents pour aller à la rencontre des hommes, quelle que soit leur religion. Homme de prière, fasciné par le mystère de Dieu présent en tout homme, il s’est fait témoin de l’œuvre de l’Esprit chez les croyants certes, mais aussi dans les grandes traditions religieuses non-chrétiennes. De sa première encyclique à ses dernières catéchèses, il a voulu rendre compte de l’action universelle de l’Esprit Saint. En témoigne la manière dont, déjà en 1979, il interpelle les chrétiens timorés, les mettant face à la fermeté de la croyance des non-chrétiens : « N’arrive-t-il pas parfois que la fermeté de la croyance des membres des religions non-chrétiennes — effet elle aussi de l’Esprit de vérité opérant au-delà des frontières visibles du Corps mystique — confonde peut-être les chrétiens, si souvent portés à douter des vérités révélées par Dieu et annoncées par l’Église [...] ? »1.

Jamais Pontife romain n’a affirmé avec une telle assurance l’action de l’Esprit en dehors du Corps mystique du Christ qu’est l’Église. Plus clairement que n’importe quel document conciliaire, il a reconnu l’action de l’Esprit non seulement au cœur de la vie religieuse du non-chrétien, mais encore dans sa religion, en référence à l’unique médiation du Christ. Dans Redemptor hominis, Jean-Paul II ne pensait encore qu’aux membres des religions non-chrétiennes, sans aborder comme telle la question de leurs religions considérées pour elles-mêmes : l’Esprit, affirmait-il, produit la fermeté de la croyance des membres de ces religions, fermeté qui devrait confondre les chrétiens dubitatifs dans leur adhésion aux vérités révélées par Dieu. Mais par la suite, toujours en lien avec sa réflexion sur l’action de l’Esprit dans le monde, il sera amené à s’interroger de plus en plus sur le statut même de ces religions dans l’histoire du salut : dans la puissance de l’Esprit, les religions non-chrétiennes peuvent-elles favoriser l’accueil du salut qui nous vient du Christ ?

Telle est la contribution originale2 de Jean-Paul II au dialogue interreligieux : de quel ordre, en effet, peut être l’apport des religions non-chrétiennes dans l’accueil du salut qui nous vient du Christ ? Le sujet est délicat. Il n’a pas donné lieu à un enseignement systématique de la part de celui qui, tout au long de son pontificat, n’a eu de cesse d’accueillir et d’analyser l’activité de l’Esprit Saint qui déborde l’Église et ses sacrements. Néanmoins ses encycliques, ses lettres, ses exhortations apostoliques, ses catéchèses et ses discours sont empreints de cette vérité qui habite son cœur et qu’il veut livrer au peuple chrétien et au monde entier.

Nous nous efforcerons de rendre compte de la pensée de Jean-Paul II sur le sujet dans les pages qui suivent en procédant en trois temps. Nous présenterons d’abord le Christ, unique médiateur du salut, et la manière dont d’autres types de médiations, absolument dépendantes de lui, peuvent aussi être envisagées en relation avec ce salut (I). Nous expliciterons ensuite le lien intrinsèque entre la mission salvifique universelle de l’Esprit et celle du Fils. C’est dans ce rapport qu’il y a lieu de comprendre dans quelle mesure et de quelle manière l’Esprit Saint agit dans les religions non-chrétiennes (II). Enfin nous préciserons dans un dernier temps comment l’Église, voie ordinaire du salut, doit comprendre sa mission dans son rapport aux religions non-chrétiennes (III).

I L’unique médiation du Christ et les autres types de médiations

Tout homme, sans aucune exception, a été racheté par le Christ livré sur le bois de la croix. Tout homme, de tout continent, époque, ou religion, a été intégré au mystère pascal3. Dans sa lettre encyclique Redemptoris missio Jean-Paul II n’hésite pas à faire sienne la réponse de Pierre au Sanhédrin à propos de la guérison de l’impotent : « Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12)4. Le Pape exalte la figure de Jésus-Christ, unique médiateur de salut parce que rédempteur de tout homme. Le salut ne peut donc être offert en dehors de lui. Le nom de Jésus de Nazareth, Verbe éternel fait chair, est l’unique nom qui sauve.

Fort de cette conviction inébranlable, Jean-Paul II peut affronter les questions contemporaines infiniment délicates : comment les nombreux hommes qui n’ont pas la possibilité d’accueillir le Christ peuvent-ils être sauvés5 ? L’unique médiation du Christ exclut-elle absolument toute autre médiation salvifique ? Quelle est la puissance salvifique des autres religions : est-elle absolument nulle ou peut-on envisager en celles-ci des voies de salut ? Bref, les hommes peuvent-ils accéder au salut dans leur religion particulière ? Le Concile Vatican II avait en quelque sorte ouvert la voie à ces questions, affirmant que les créatures peuvent coopérer à la médiation unique du Christ6, mettant alors en exergue la figure de Marie, médiatrice de toute grâce. Dans son encyclique consacrée à la mission, le pape Jean-Paul II apporte une première réponse à ces questions :

« Les hommes ne peuvent donc entrer en communion avec Dieu que par le Christ, sous l’action de l’Esprit. Sa médiation unique et universelle, loin d’être un obstacle sur le chemin qui conduit à Dieu, est la voie tracée par Dieu lui-même, et le Christ en a pleine conscience. Le concours de médiations de types et d’ordres divers n’est pas exclu (si non exclusae sunt mediationes participatae diversi generis et ordinis), mais celles-ci tirent leur sens et leur force uniquement de celle du Christ, et elles ne peuvent être considérées comme égales ni comme la parachevant (nec pares haberi possunt nec perfectivae) ».

(RM 5)

Le Pape précise comment tous les hommes peuvent accueillir le salut en Jésus-Christ pour vivre en communion avec Dieu. Il rappelle tout d’abord la dimension trinitaire du salut : le dessein du Père prévoit que le Christ soit l’unique médiateur en lien avec l’Esprit Saint. L’Esprit Saint n’intervient qu’une seule fois en Redemptoris missio 5, justement pour ouvrir à tous les hommes l’unique médiation du Christ. Telle est la volonté du Père et le Christ a pleine conscience d’ouvrir ainsi le chemin de salut pour toute l’humanité. C’est la raison pour laquelle, si des médiations de types et d’ordres divers ne sont pas exclues, elles ne peuvent tirer leur force que du Christ mort et ressuscité. Lumen gentium 62 parlait de coopération de créatures qui participent de l’unique source. Redemptoris missio 5 semble ouvrir la voie à des médiations participées7 (mediationes participatae), absolument dépendantes de l’unique médiation du Christ. Unicité du Christ et universalité du salut sont étroitement solidaires au point de toujours devoir être comprises dans un même regard. C’est pourquoi aucune autre forme de médiation ne peut être considérée comme égale à celle du Christ ni comme la parachevant. Le sacrifice du Christ, absolument universel et définitif, donne sens et force à des médiations participées qui ne sont pas précisées. Celles-ci peuvent concerner, de notre point de vue, tant la place de Marie que les sacrements de l’Église, ou encore certaines médiations suscitées par les autres religions. Elles ne proviennent pas d’une incomplétude de l’unique médiation du Christ qui continue de parler à tout homme afin de lui offrir le salut8. Telle est la réponse que Jean-Paul II donne en Redemptoris missio pour envisager, dans le contexte du pluralisme religieux, l’universalité du salut offert en Jésus-Christ. Ces médiations d’ordres divers dépendent de l’unique Sauveur de l’humanité dont elles tirent leur puissance et leur valeur, même sans le savoir.

La catéchèse du 4 février 1998 reprend et développe l’enseignement précédent. Elle articule la mission de l’Esprit à celle du Fils, sans oublier le rôle de l’Église. Jean-Paul II précise alors en quoi consiste la notion de médiation participée qui tire sa force uniquement de celle du Christ et ne peut, en aucun cas, être autonome.

« On ne peut donc pas admettre, à côté du Christ, d’autres sources ou voies de salut autonomes. Aussi, dans les grandes religions, que l’Église considère avec respect et estime, dans la ligne indiquée par le Concile Vatican II, les chrétiens reconnaissent la présence d’éléments salvifiques, qui opèrent cependant en dépendance de l’influence de la grâce du Christ. Ces religions peuvent ainsi contribuer, en vertu de l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui ‘souffle où il veut’ (Jn 3,8), à aider les hommes dans leur marche vers le bonheur éternel, mais ce rôle est lui aussi le fruit de l’activité rédemptrice du Christ. Ainsi, en ce qui touche à ces religions, le Christ Sauveur agit-il mystérieusement, lui qui, dans cette œuvre, unit à soi l’Église, constituée ‘comme le sacrement de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain’ (Lumen gentium 1)9. »

Or quels sont les éléments salvifiques présents dans les autres religions et qui dépendent toujours de la grâce du Christ ? Il nous semble possible d’envisager une certaine activité salvifique des semences du Verbe qui porteraient en germe les fruits du mystère rédempteur de Jésus-Christ10. C’est ainsi que le mystère de Jésus-Christ est présent d’une certaine manière dans les traditions religieuses elles-mêmes : l’Esprit Saint et les semences du Verbe agissent de concert dans les activités humaines, y compris religieuses, pour les conduire vers le bonheur éternel. L’Esprit ne cesse de conduire au Christ car il en dispense le fruit salvifique. « C’est de mon bien qu’il recevra et il vous le dévoilera. » (Jn 16,14) « Il n’y a pas une ‘économie’ de l’Esprit diverse de celle du Christ. »11 En associant ainsi la mission du Fils à celle de l’Esprit Saint qui souffle où il veut, Jean-Paul II envisage le rôle bénéfique des religions pour le salut. Le Pape ne donne aucune précision, mais il indique par deux fois que les actions du Christ et de l’Esprit à l’intérieur des religions sont mystérieuses. Le Christ glorifié ne s’est pas retiré au profit du seul Esprit Saint. Leur action commune dans les traditions religieuses permet une certaine activité salvifique même si cette dernière confine au mystère. Le Christ agit en s’unissant l’Église, son corps mystique, qui est sacrement universel du salut.

Deux années plus tard, l’exhortation post-synodale Ecclesia in Asia permet au Pape de préciser encore sa réflexion : « Du début à la fin du temps, Jésus est le seul médiateur universel. Même pour ceux qui ne professent pas explicitement la foi en lui comme Sauveur, le salut vient de lui comme une grâce, par la communication de l’Esprit Saint » (Ecclesia in Asia 14). Ce faisant, le Pape prend clairement ses distances par rapport aux théologiens asiatiques portés à distinguer la personne du Christ ou du Verbe de celle de Jésus de Nazareth12 en discernant les médiations qui ne relèveraient que de la première. Jésus de Nazareth n’est pas un homme trop particulier pour concentrer en lui-même toute la puissance salvifique de Dieu. Les divers aspects du mystère du Christ doivent être distingués, mais non séparés. Le Christ est la figure indépassable de l’Alliance avec Dieu ; il n’est autre que Jésus de Nazareth et en lui « habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité » (Col 2,9).

Ainsi Jésus de Nazareth est-il le médiateur unique, qui offre la grâce du salut à tous les hommes, du début à la fin du temps, par la communication de l’Esprit Saint. Il est évidemment difficile d’expliquer le mode précis par lequel l’humanité de Jésus agit pour le salut avant l’incarnation13. Mais le Pape veut clairement unir le Verbe éternel, le Christ et Jésus de Nazareth. L’Esprit Saint communique aux hommes de toutes conditions, religions, et époques la grâce du salut en Jésus Christ.

II Le rôle de l’Esprit Saint dans les religions

1 Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint

Une fois clairement réaffirmé le rôle de l’humanité du Christ dans notre salut, Jean-Paul II peut se tourner alors vers le rôle de l’Esprit Saint. Pour lui, toute prière authentique atteste que le croyant se reconnaît pauvre devant Dieu, en attente d’un don qui le dépasse. Telle est la conviction qu’il formule et explicite au fur et à mesure de ses voyages et de ses rencontres. Le 21 février 1981 depuis Radio Veritas à Manille, il envoie le message suivant aux peuples d’Asie : « Je suis venu en Asie pour être témoin de l’Esprit qui est actif dans l’histoire des peuples et des nations »14. Il poursuit :

« Chaque fois que l’esprit humain s’ouvre dans la prière à ce Dieu Inconnu, un écho sera entendu de cet Esprit qui, connaissant les limites et les faiblesses de la personne humaine, prie lui-même en nous et pour nous ‘en gémissements inexprimables’ (Rm 8,26). L’intercession de l’Esprit de Dieu qui prie en nous et pour nous est le fruit du mystère de la Rédemption du Christ, où l’amour plénier du Père a été montré au monde »15.

Certes, les hommes des diverses religions ne savent pas prier comme il faut, mais Jean-Paul II reconnaît qu’en eux aussi l’Esprit Saint peut intervenir par des gémissements inexprimables et prier en eux et pour eux. Au-delà des limites et des faiblesses du croyant, l’Esprit rejoint celui qui prie de manière authentique et fait entendre un écho de sa voix ineffable. Jean-Paul II en a été le témoin vivant ; il s’émerveille devant l’œuvre de Dieu qui dépasse infiniment ce que l’homme peut imaginer ou espérer. L’Esprit qui intervient dans le cœur des priants n’est pas un Souffle anonyme sans origine ni finalité. Il s’agit bien de l’Esprit de Jésus-Christ qui dévoile le fruit du mystère pascal et qui veut conduire les hommes au salut16.

L’immense respect exprimé par le souverain Pontife devant l’Esprit Saint présent dans la prière du croyant va le conduire à organiser la rencontre d’Assise du 27 octobre 1986. Pour éviter tout risque de syncrétisme et écarter toute interprétation équivoque, Jean-Paul II proposait « d’être ensemble pour prier » et non pas « de prier ensemble ». Chaque délégation religieuse était invitée à prier dans un lieu approprié, à marcher en silence dans la cité de saint François et à jeûner. Durant le rassemblement final, chaque délégation put prier avec ses propres mots devant les autres invités. Contre vents et marées, le Pape s’est personnellement engagé pour que cette rencontre puisse se réaliser. La conviction et la motivation du Saint-Père venaient de très loin : de l’Esprit Saint qui sonde les profondeurs de Dieu et visite chaque homme qui prie de manière authentique. Jean-Paul II revient sur cet événement unique dans son encyclique sur la mission : « La rencontre des diverses religions à Assise, si l’on écarte toute interprétation équivoque, a voulu confirmer notre conviction que ‘toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint, qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme’ » (RM 29). Ces lignes de l’encyclique se réfèrent au discours de Jean-Paul II aux cardinaux et à la Curie romaine du 22 décembre 198617. Mais les réflexions du Pape ne vont pas en rester là : l’Esprit Saint ne suscite pas seulement toute prière authentique, il est également l’origine de l’interrogation religieuse de l’homme.

2 L’Esprit à l’origine de l’interrogation religieuse de l’homme

Cinq années après la rencontre d’Assise, l’encyclique Redemptoris missio permet à Jean-Paul II de poursuivre davantage encore ses analyses. Au n. 28, le Pape enchaîne les citations de Gaudium et spes18 concernant l’action de l’Esprit Saint dans le monde. Il en vient à la conclusion que l’Esprit Saint est à l’origine de tout élan de l’homme vers Dieu. Pour le Pape, toute réalité et toute l’histoire prennent forme à l’ombre de l’Esprit : tout tire son origine et son orientation profonde de l’Esprit.

« L’Esprit est donc l’origine de l’interrogation existentielle et religieuse elle-même de l’homme (Spiritus ergo origo est ipsius exsistentialis et religiosae interrogationis hominis) qui ne naît pas seulement de conditions contingentes mais aussi de la structure même de son être. La présence et l’activité de l’Esprit n’atteignent pas seulement les hommes un à un, mais la société et l’histoire, les peuples, les cultures, et les religions (praesentia et actio Spiritus non tantum singulos homines contingunt, sed et societatem et historiam, populos, culturas, religiones). En effet, de l’Esprit jaillissent comme d’une source les idéaux nobles et les initiatives bonnes de l’humanité en marche. »

(RM 28)

Ainsi, de manière tout à fait nouvelle dans le magistère pontifical, Jean-Paul II soutient que l’Esprit Saint est l’origine de la propre interrogation existentielle et religieuse de l’homme. L’Esprit sonde les profondeurs de tout homme19, habite ses désirs, ses aspirations et ses interrogations. Sa vie religieuse ne provient pas de facteurs contingents ou passagers ; elle naît de la structure même de son être. Les croyants des autres religions ne tiennent pas leurs bras tendus vers le ciel en vain20, mais ils répondent à un appel mystérieux de l’Esprit qui suscite leur prière. C’est ainsi que Dieu dirige mystérieusement les peuples et l’histoire. Son Esprit est cette source d’où jaillissent les nobles idéaux et les bonnes initiatives de l’humanité et des religions. La théorie de la préparation évangélique se trouve ainsi magistralement reprise et renouvelée : « Ce que l’Esprit opère dans le cœur des hommes, dans les cultures et les religions, prépare à l’Évangile » (RM 29).

Dans son audience générale du 9 septembre 1998, le Pape va sans plus tarder scruter plus profondément encore la vie de l’homme en relation avec Dieu au point d’y situer le mystère de la naissance des diverses religions :

« C’est précisément de cette ouverture primordiale de l’homme à l’égard de Dieu que naissent les diverses religions. Il n’est pas rare que l’on trouve à leur origine des fondateurs qui ont réalisé, avec l’aide de l’Esprit de Dieu, une expérience religieuse plus profonde (Non di rado, alla loro origine troviamo dei fondatori che hanno realizzato, con l’aiuto dello Spirito di Dio, una più profonda esperienza religiosa). Transmise aux autres, cette expérience a pris forme dans les doctrines, dans les rites et dans les préceptes des diverses religions »21.

Le Pape ne présente pas les autres religions comme le fruit d’un égarement de l’esprit humain. Il montre au contraire comment l’Esprit, qui suscite toute recherche vers la vérité, ouvre fondamentalement l’homme à la grâce de Dieu22. Il parvient ainsi à une formulation originale et audacieuse : il n’est pas rare que les autres religions proviennent d’une expérience religieuse réalisée avec l’aide de l’Esprit de Dieu.

Au premier abord, ce nouvel enseignement pontifical est troublant. Comment l’Esprit Saint peut-il animer des fondateurs de religions non-chrétiennes ? Ne conduit-il pas toujours au Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes et unique rédempteur du monde ? Dieu un et trine peut-il être l’origine de la diversité religieuse ?

L’enseignement de Jean-Paul II concernant les religions non-chrétiennes est à la fois subtil et d’une grande cohérence. En 1986, devant les cardinaux et la Curie romaine, il faisait la distinction entre la diversité religieuse qui provient d’un « fait humain », d’une part, et, de l’autre, de l’ordre de la création et de la rédemption qui est un « fait divin »23. En 1994, dans sa lettre apostolique Tertio millennio adveniente, il explique clairement que le vrai point de départ de la religion chrétienne est l’incarnation du Verbe de Dieu. Contrairement aux autres religions, ce n’est plus seulement l’homme qui y cherche Dieu, mais Dieu qui rejoint l’histoire humaine pour sceller l’Alliance en sa personne. Telle est « le point extrême qui différencie le christianisme des autres religions, dans lesquelles s’est exprimée dès le commencement la recherche de Dieu de la part de l’homme » (Tertio millennio adveniente 6).

Dans l’audience générale du 9 septembre 1998, le Pape précise par ailleurs qu’à l’origine des autres religions il y a l’esprit de l’homme ouvert à la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi donc, ce n’est pas Dieu, mais bien l’homme qui donne naissance à une nouvelle religion. Pourtant Dieu n’est pas absent de l’expérience spirituelle de son fondateur. Il n’est pas rare que l’Esprit Saint ait suscité une attente, une soif existentielle, ou ait permis en lui une certaine intuition religieuse qui se meut en doctrines, rites et préceptes. L’écart reste grand néanmoins entre le christianisme, fondé en personne par le Verbe de Dieu, et les autres religions issues de l’expérience religieuse d’un homme. Nous supposons pour notre part que certains fondateurs de religions ne devaient pas se trouver dans les conditions requises pour avoir accès à la vérité du christianisme. La condescendance divine a permis que l’Esprit vienne à leur secours et les éclaire dans la mesure de leurs possibilités pour les conduire vers la vérité. Cette vérité concerne l’existence humaine et Dieu. Elle ne parvient à sa plénitude qu’en Jésus-Christ24.

3 La pratique des autres religions et le salut

Un croyant d’une autre religion peut-il être sauvé en observant les us et coutumes, les préceptes, et les traditions de sa religion ?

Lors de sa catéchèse du 31 mai 1995, Jean-Paul II s’en était tenu à relever le rôle bénéfique des religions pour le salut de leurs membres : « Les religions peuvent exercer une influence positive sur la destinée de ceux qui en font partie et en suivent les directives avec la sincérité de cœur »25.

En 1991, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, en lien avec la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, avait envisagé dans son Instruction Dialogue et annonce la possibilité d’un salut offert à travers la pratique des autres religions26. Le Saint-Père se réfère à ce développement dans son audience générale du 9 septembre 1998 :

« Normalement, ‘c’est à travers la pratique de ce qui est bon dans leurs propres traditions religieuses et en suivant les injonctions de leur conscience que les membres des autres religions répondent positivement à l’invitation de Dieu et reçoivent le salut en Jésus-Christ, même s’ils ne le reconnaissent pas comme leur Sauveur’27. En effet, comme nous l’enseigne le Concile Vatican II, ‘puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal’ (Gaudium et spes 22, 5). Cette possibilité se réalise à travers l’adhésion intime et sincère à la Vérité, le don généreux de soi au prochain, la recherche de l’Absolu suscitée par l’Esprit de Dieu. Également à travers l’application des préceptes et des pratiques conformes à la loi morale et à l’authentique sens religieux, se manifeste un rayon de la Sagesse divine. Précisément en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit, les éléments de bien à l’intérieur des diverses religions disposent mystérieusement les cœurs à accueillir la révélation plénière de Dieu en Jésus-Christ »28.

Comment l’homme qui ne connaît pas le Christ peut-il alors signifier qu’il répond favorablement au projet de salut divin ? Le mystère de Dieu qui veut le salut de l’homme est inépuisable, et Jean-Paul II ne veut écarter aucune voie qui permette à l’Esprit Saint de conduire mystérieusement le cœur de l’homme au Christ unique rédempteur. En l’année 1998 consacrée à l’Esprit Saint, le Pape explique dans cette catéchèse comment l’Esprit Saint peut susciter une réponse à l’intérieur même des autres religions. Reprenant à son compte le paragraphe 29 de l’Instruction Dialogue et annonce, il affirme que les adeptes des autres religions peuvent répondre à l’offre divine en pratiquant ce qui est bon dans leur religion et en suivant ce que dicte leur conscience29. Il ajoute même l’adverbe « normalement » qui indique d’un point de vue concret et existentiel comment le croyant non-chrétien peut répondre à Dieu et accueillir mystérieusement le salut en Jésus-Christ. Ce développement mérite une double précision. D’une part, l’Église n’est absolument pas remise en cause comme voie ordinaire du salut, comme nous le verrons par la suite. Bien au contraire, son rôle et sa mission se trouvent renforcés par la magnificence du dessein divin. D’autre part, même s’ils ne reconnaissent pas Jésus-Christ comme leur Sauveur, ces hommes peuvent parvenir avec la grâce de Dieu au salut en Jésus-Christ, et non pas à un salut anonyme ou différent de celui qui est proposé aux chrétiens30.

Le Saint-Père s’appuie ensuite sur l’affirmation de Gaudium et spes 22, 5 pour proposer des pistes qui permettent à l’homme d’être associé au mystère pascal du Christ. Jean-Paul II a en effet constamment approfondi et développé cette affirmation conciliaire, lui donnant notamment de trouver tout son déploiement en théologie des religions. Par quels moyens l’adepte d’une autre religion peut-il attester qu’il a perçu l’appel divin et qu’il y répond ? Dans sa réponse, le Pape s’inspire des trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Les adeptes des autres religions ne peuvent pas vivre de la vertu théologale de la foi puisqu’ils ne reconnaissent pas le Christ comme leur Sauveur. En revanche, il leur est possible de chercher sincèrement la Vérité et d’y adhérer. L’Esprit d’amour incite également les hommes de toute religion au don généreux de soi au prochain, les poussant ainsi à une certaine forme de charité. Enfin, l’espérance chrétienne a difficilement son correspondant immédiat dans les autres religions. Jean-Paul II souligne alors la recherche de l’Absolu suscitée par l’Esprit Saint. Dans sa recherche religieuse, l’homme découvre qu’il ne se suffit pas à lui-même, mais qu’il doit s’ouvrir à une réalité qui le dépasse : l’Absolu de Dieu.

Le Pape mentionne ensuite l’œuvre de la Sagesse divine dont un rayon peut se manifester dans les traditions religieuses de l’humanité. La diversité des pratiques religieuses, parfois contradictoires entre elles, empêche de déclarer conforme à la Sagesse divine n’importe quel précepte religieux. C’est la raison pour laquelle le Saint-Père indique deux critères : la conformité à la loi morale et l’authenticité du sens religieux.

Il indique enfin le nécessaire accueil de la révélation plénière de Dieu en Jésus-Christ. Cette dernière précision manifeste clairement le fait que toutes les religions ne se valent pas et que le Christ est l’accomplissement de toute aspiration religieuse. Cet accomplissement est toujours d’actualité ; il est justement favorisé par la présence et l’action de l’Esprit Saint. Le Pape enrichit et renouvelle ainsi la profondeur théologique de l’accomplissement défendue par Jean Daniélou, Henri de Lubac, et dont on retrouve des éléments dans les enseignements, entre autres, de Vatican II. L’Esprit sème dans les religions des semences du Verbe incarné et des rayons de la vérité du Christ rédempteur de tout homme. Ces éléments bénéfiques des religions, fécondés par l’action de l’Esprit Saint, disposent mystérieusement les cœurs à accueillir l’accomplissement plénier que Jésus-Christ apporte.

Loin de proposer une attitude relativiste, comme si n’importe quelle religion offrait le salut indépendamment du Christ rédempteur, cette catéchèse développe une précieuse interprétation du paragraphe 5 de Redemptoris missio étudié dans la première partie de notre réflexion. Dieu sauve l’homme en respectant son lieu d’insertion sociale et religieuse. Les hommes peuvent donc normalement répondre à l’offre divine à l’intérieur de leur propre tradition religieuse. Le concours de médiations de types et d’ordres divers — absolument dépendantes du Christ unique médiateur — se trouve précisé. Ces hommes, à qui le salut est offert concrètement dans leur cadre de vie, demeurent pourtant en attente de la révélation suprême en Jésus-Christ que l’Esprit ne cesse de susciter dans leur cœur. Le Christ est l’Alpha et l’Oméga, le Seigneur de l’histoire, son centre et sa fin. Il accomplit en sa personne toute aspiration religieuse et sauve le monde. Dieu a confié à son Église une redoutable mission : révéler à tout homme le nom de Celui qui accomplit toutes choses.

III La mission de l’Église

1 Dialogue et mission dans l’Esprit

Pour Jean-Paul II, l’action missionnaire est toujours d’actualité et ne doit pas être ralentie. Le précepte du Seigneur ressuscité demeure : « Allez donc, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28,19). Le Saint-Père met en avant la figure particulière de l’Esprit Saint, protagoniste de la mission, et montre comment dialogue et mission peuvent être justement articulés.

Dans le dernier chapitre de Evangelii nuntiandi, Paul VI avait présenté l’Esprit Saint comme l’agent principal de l’évangélisation. De Evangilii nuntiandi à Redemptoris missio, la mention de l’Esprit Saint prend davantage d’ampleur et assure la partie doctrinale du document. Entièrement dédié à l’Esprit Saint, protagoniste de la mission, le chapitre III de l’encyclique manifeste pleinement l’originalité de Jean-Paul II. L’Esprit Saint joue désormais le premier rôle dans la mission de toute l’Église. Il est l’auteur principal de la nouvelle évangélisation.

Cet Esprit qui pousse l’Église à témoigner de la grâce de son Sauveur l’incite également à dialoguer avec les membres des autres religions. Pour Jean-Paul II, il n’y a pas de contradiction entre l’annonce joyeuse du Christ et le dialogue interreligieux. Il fait part de cette conviction au cours de l’audience générale du 9 septembre 1998 :

« L’attitude de respect et de dialogue constitue plutôt une juste reconnaissance des ‘semences du Verbe’ et des ‘gémissements de l’Esprit’. En ce sens, loin de s’opposer à l’annonce de l’Évangile, elle la prépare, dans l’attente des temps prêts à la miséricorde du Seigneur31 ».

Les semences du Verbe et les gémissements de l’Esprit attestent le fait que l’œuvre de Dieu se poursuit dans les cultures et les religions. En même temps, comme une mère qui enfante, le genre humain continue d’attendre secrètement la plénitude de la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Dialogue et mission sont liés sans se confondre. Le dialogue interreligieux fait donc partie intégrante de la mission évangélisatrice de l’Église : il promeut et prépare la pleine révélation des fils de Dieu. L’Église accueille par le dialogue les soupirs et les aspirations de l’humanité, ainsi que les germes en elle de la présence divine. Elle se confronte ainsi à toutes les questions que se pose le genre humain : celles qui concernent son origine, sa destinée et ses valeurs.

Ce dialogue est motivé par l’action de l’Esprit dans l’Église et en dehors d’elle. Un même Esprit Saint suscite en elle l’évangélisation et pousse au dialogue. Protagoniste de la mission, celui-ci prépare le terrain à l’annonce joyeuse du Christ.

« C’est toujours l’Esprit qui agit quand il vivifie l’Église et la pousse à annoncer le Christ, ou quand il répand et fait croître ses dons en tous les hommes et en tous les peuples, amenant l’Église à les découvrir, à les promouvoir et à les recevoir par le dialogue. N’importe quelle forme de présence de l’Esprit doit être accueillie avec estime et reconnaissance, mais le discernement revient à l’Église à laquelle le Christ a donné son Esprit pour la mener vers la vérité tout entière (cf. Jn 16,13). »

(RM 29)

L’action universelle de l’Esprit, qui sème et fait croître ses dons en toute réalité humaine, n’est ni à séparer de l’action particulière de l’Esprit dans le Corps du Christ qui est l’Église ni à confondre avec elle. Cette présence justifie un dialogue interreligieux large, ouvert, et constructif. La délicate mission de l’Église revient alors à témoigner du Christ unique Sauveur tout en restant attentive aux dons spirituels que l’Esprit suscite en toute culture et religion. L’Église ne doit pas se replier sur elle-même comme dans une forteresse, ce qui reviendrait à nier toute présence de l’Esprit de vérité en dehors d’elle. Elle ne doit pas non plus accepter sans discernement les valeurs spirituelles proposées par les autres religions. Ce discernement de l’Esprit revient à l’Église.

2 Discernement et quête de la vérité

Le Christ a doté son Corps de la plénitude de l’Esprit pour opérer le discernement des valeurs. Ce discernement se vit dans un infini respect de chaque culture et tradition religieuse. Il manifeste que l’Église est très consciente des insuffisances, des erreurs et des ambiguïtés du phénomène religieux. Sans illusion sur le péché de l’homme qui infecte les structures sociales et religieuses, elle doit rester attentive à la puissance de l’Esprit qui ne cesse de semer dans le cœur de l’homme des rayons de cette Vérité qui illumine tous les hommes. C’est pourquoi la présence de lacunes et d’erreurs ne doit jamais faire oublier les bienfaits spirituels dont sont pourvues les religions.

« N’est-ce pas peut-être dans cette attitude d’ouverture humble et confiante que le Concile Œcuménique Vatican II s’est attaché à ‘lire les signes des temps’ ? Tout en se livrant soigneusement à un discernement attentif pour distinguer (quamvis operosum ac sedulum agens discrimen ad discernenda) les ‘signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu’, l’Église reconnaît que non seulement elle a donné mais qu’elle a aussi ‘reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain’. »

(Novo millennio ineunte 56)

Le Pape précise les relations qui doivent exister entre l’Église et le monde en articulant trois passages différents de Gaudium et spes 4, 11 et 44. Servante de la vérité, l’Église accueille les signes des temps qui témoignent de la permanence du dessein de Dieu dans notre histoire. Cependant, un véritable travail de discernement doit être opéré. Dans sa lettre apostolique du 6 janvier 2001, Jean-Paul II insiste fortement sur ce discernement : (discrimen ad discernenda), discernement pour discerner ! Celui-ci nécessite un véritable travail, qui demande soin et patience, labeur et attention (operosum ac sedulum). Cette dernière citation aborde également un autre aspect du discernement. S’appuyant sur Gaudium et spes 44, le Pape enseigne que l’Église, tout en ayant donné, a aussi reçu de l’histoire et de l’évolution de l’humanité. Comment l’Église, gardienne du dépôt de la foi, qui doit opérer le discernement de l’Esprit peut-elle recevoir par ailleurs des lumières de ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ ? La révélation chrétienne aurait-elle besoin d’être complétée par d’autres religions pour devenir parfaitement universelle ? Certainement pas ! Mais l’Esprit qui souffle où il veut, et notamment dans les religions, peut pousser les disciples du Christ à accueillir des vérités dont ils sont eux-mêmes porteurs.

« Il n’est pas rare (haud raro32) que l’Esprit de Dieu, qui ‘souffle où il veut’ (Jn 3,8), suscite dans l’expérience humaine universelle, en dépit de toutes les limitations humaines, des signes de sa présence, qui incitent les disciples mêmes du Christ à percevoir plus profondément le message dont ils sont porteurs. »

(Novo millennio ineunte 56)

Jean-Paul II ne suggère pas que les nations et les religions puissent apporter des éléments nouveaux à la doctrine véritable enseignée par l’Église catholique. Il soutient en revanche avec force le fait que l’Esprit Saint, poussant vers l’avant l’expérience humaine universelle, provoque les chrétiens à mieux appréhender la vérité dont ils sont les dépositaires. Conscient que jusqu’à la Parousie l’Église n’aura jamais fini d’approfondir la recherche de la vérité dont elle est la servante, le Saint-Père met ainsi toute l’Église à l’école de l’Esprit Saint. L’Esprit, qui assure à l’Église qu’elle est dans la vérité, la persuade également que cette vérité est toujours à rechercher et à atteindre. Cette vérité n’est autre que le mystère du Christ qui manifeste la bonté du Père dans la puissance de l’Esprit. Les chrétiens doivent être attentifs à tout ce que l’Esprit suscite dans les nations et les religions, car ces « miettes » de vérité peuvent les inciter à découvrir de manière neuve le message de grâce dont ils sont les héraults. Dans la rencontre entre Jésus et la Syrophénicienne, des miettes tombent de la table et rassasient l’étrangère. Ce récit évangélique ne suggère pas que l’Église perçoive en dehors de son Corps des vérités qu’elle ignorait. En revanche, il peut laisser supposer que l’Esprit agissant universellement provoque un sursaut de foi. Devant ses disciples, Jésus s’exclame d’ailleurs : « ô femme, grande est ta foi » (Mt 15,28). L’Église, déjà porteuse des lumières de la vérité, peut être réveillée par l’action de l’Esprit Saint dans les autres religions33. Les lumières provoquées par l’Esprit en elles invite l’Église entière au progrès, lui donnant d’accueillir à frais nouveaux son propre trésor. De la sorte, l’Église ne finit jamais d’approfondir le mystère de grâce infiniment riche dont elle vit déjà par son union au Christ, dans la puissance de l’Esprit Saint34.

Dans sa catéchèse du 21 avril 1999, le Pape Jean-Paul II fournit deux exemples qui permettent de comprendre comment l’Église discerne, recueille et rend témoignage, par le dialogue, de certaines valeurs exprimées par les autres religions. Diverses religions, dont la religion musulmane, peuvent permettre à l’Église de mieux accueillir l’infinie transcendance de l’Absolu personnel. Cette réception la conduira en même temps à témoigner de l’intimité de la vie trinitaire qui donne sa qualité même à l’unité divine. De manière semblable, le christianisme peut s’enrichir du sens profond du mystère divin annoncé dans les religions et systèmes de croyances asiatiques : Dieu demeure infiniment au-delà de toute conceptualisation humaine. L’Église pourra alors annoncer la figure du Christ, unique médiateur, qui dévoile en plénitude le mystère de Dieu sans en atténuer la richesse35.

3 Nécessité de l’Église pour le salut

Témoin de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église et en dehors d’elle, Jean-Paul II réfléchit au mystère du salut offert à tout homme ainsi qu’à la place de l’Église. Dans Redemptoris missio, il veut tenir ensemble « la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes et la nécessité de l’Église pour le salut » (RM 9). Comment soutenir en effet, d’une part, le fait que le salut peut être offert à travers la pratique des autres religions et, d’autre part, la nécessité de l’Église pour le salut ?

S’intéressant à tous ceux qui ne peuvent connaître le Christ, Jean-Paul II parvient à l’énoncé suivant qui unit l’offre de salut faite à chacun et une mystérieuse relation à l’Église :

« Ceux-ci [les non-chrétiens] vivent en effet dans des conditions sociales et culturelles qui ne le permettent pas, et ils ont souvent été éduqués dans diverses religions. Pour eux, le salut du Christ est ouvert en vertu d’une grâce qui, tout en ayant une nécessité mystérieuse avec l’Église, ne les y introduit pas formellement, mais les éclaire d’une manière conforme à leur état d’esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ, elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l’Esprit Saint, et elle permet à chacun de parvenir au salut avec sa libre coopération ».

(RM 10)

Or, comment l’Église peut-elle être engagée dans le salut des adeptes des autres religions, tandis que ceux-ci ignorent ou rejettent son existence ? Pour Jean-Paul II, il s’agit d’une nécessité mystérieuse qui s’impose à l’Église et qui est voulue par le Sauveur. Elle est mystérieuse pour ceux qui ne sont pas de l’Église, et qui parfois la critiquent ou la combattent36. Elle est mystérieuse pour l’Église elle-même qui ne peut approcher ce mystère de grâce qu’en accueillant le don plénier que Jésus lui fait dans son mystère pascal. Jésus-Christ a voulu faire de son Corps le sacrement universel du salut par la puissance de l’Esprit Saint37. La présence mystérieuse de l’Église aux non-chrétiens n’est pas fortuite dans la collaboration de l’homme à l’offre divine de salut. Sa médiation est réelle, quoique implicite. Ainsi l’Église est-elle nécessaire au salut non pas « malgré » mais précisément « parce que » l’Esprit Saint offre à tous les hommes la possibilité d’être associés au mystère pascal38. Elle exerce sa diaconie de salut envers l’humanité à travers divers moyens visibles ou invisibles. Dans la communion des saints et en vertu du mystère pascal, la prière, la mission évangélisatrice, le dialogue, et la vie sacramentelle portent un fruit pour le salut de l’humanité entière. L’Esprit Saint ne cesse d’ouvrir l’Église à sa mission universelle, pleinement catholique, et l’Église est pour toute l’humanité force entraînante vers le Royaume de Dieu39.

Si le Royaume de Dieu peut se trouver en germe au-delà des limites de l’Église, Jean-Paul II précise sans ambages que cette dimension temporelle du Royaume demeure tronquée tant qu’elle n’est pas mise en relation avec le règne du Christ40. C’est la raison pour laquelle l’évangélisation est le premier service que l’Église peut rendre à l’homme. L’insondable richesse du Christ est destinée à tout homme. Tout cœur humain attend secrètement la révélation de l’amour du Christ, et celui qui ignore le Christ sans faute de sa part se trouve encore dans une condition d’obscurité et de pénurie spirituelles qui entrave même son développement culturel et moral41. C’est la raison pour laquelle le pape Jean-Paul II écrivait aux évêques d’Asie :

« Bien que l’Église reconnaisse volontiers tout ce qui est vrai et saint dans les traditions religieuses du bouddhisme, de l’hindouisme et de l’islam, comme un reflet de cette vérité qui éclaire tous les hommes, cela ne diminue pas son devoir et sa détermination de proclamer sans hésitation Jésus-Christ qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6) […] Le fait que les adeptes d’autres religions puissent recevoir la grâce de Dieu et être sauvés par le Christ en dehors des moyens ordinaires qu’il a institués n’annule donc pas l’appel à la foi et au baptême que Dieu veut pour tous les peuples42 ».

À la quête de l’Absolu que l’Esprit suscite doit correspondre le témoignage que l’Église rend à Jésus-Christ. Il est donc clair que l’Église n’est pas un moyen de salut parmi d’autres. Voie ordinaire du salut, elle doit annoncer la Bonne Nouvelle du salut offert en Jésus-Christ. Le baptême n’est pas une option, mais un sacrement qui donne part à la plénitude des moyens du salut. Il est donc erroné de penser que la « mission à l’égard des adeptes d’autres religions ne devrait être que de les aider à être de meilleurs adeptes de ces religions »43.

Conclusion

L’enseignement de Jean-Paul II concernant la présence de l’Esprit Saint dans les religions est particulièrement novateur. Voilà ce sur quoi nous avons voulu attirer l’attention dans cet article, et cela, en mettant en valeur deux affirmations absolument décisives de sa part. La première est la suivante : l’Esprit Saint est l’origine de l’interrogation existentielle et religieuse de l’homme. Il n’est pas rare que le fondateur d’une religion ait lui-même été inspiré par l’Esprit de Dieu. La recherche humaine de Dieu dans les autres religions est le lieu de la présence active de l’Esprit Saint qui suscite toute prière authentique. La seconde se formule comme suit : la possibilité du salut est offerte aux hommes dans la pratique sincère de leur propre religion. Les religions peuvent aider leurs membres à accueillir le salut en Jésus-Christ, à travers les semences du Verbe et les rayons de la vérité qui illuminent leurs traditions. Dieu permet que l’homme empêché de connaître correctement Jésus-Christ mais qui accomplit avec dévouement les préceptes de sa religion puisse être sauvé. Les membres des autres religions peuvent donc répondre à l’offre divine à travers la pratique de ce qui est bon dans leur religion et en suivant les injonctions de leur conscience. Cela ne signifie pas que n’importe quel précepte religieux soit déclaré conforme à la Sagesse divine. En revanche, dans sa miséricorde, Dieu permet que l’homme puisse être sauvé à l’intérieur de sa propre tradition religieuse. Cette possibilité se réalise à travers l’adhésion authentique à la Vérité, le don de soi au prochain et la quête de l’Absolu suscitée par l’Esprit Saint.

Le discernement de la présence de l’Esprit est du ressort de l’Église qui demeure la voie ordinaire du salut. Le Christ, unique Sauveur, a fait de son Corps le sacrement universel du salut. Toute grâce salvifique requiert un lien mystérieux avec l’Église. Cette médiation de l’Église illustre la nécessaire collaboration de l’homme au salut. La mission d’évangélisation de l’Église demeure donc absolument primordiale, car tout homme a le droit de connaître son Sauveur durant sa vie et d’accueillir ainsi la grâce du salut intégral. La reconnaissance des signes de la présence du Christ et de l’action de l’Esprit dans les autres traditions religieuses appelle l’accomplissement dans le Christ de la valeur positive de ces religions. L’appel de l’Esprit, son action universelle, requiert donc l’œuvre missionnaire de l’Église qui offre à tout homme d’accomplir sa vocation en Jésus-Christ.

Notes de bas de page

  • * L’auteur, prêtre du diocèse de Paris, vient de publier sa thèse de doctorat soutenue à l’université pontificale grégorienne en juin 2007. V. Guibert, À l’ombre de l’Esprit, l’universalité du salut en Gaudium et spes 22, 5, Paris, Parole et Silence, 2009.

  • 1 Cf. Lettre encyclique Redemptor hominis 6 (Doc. Cath. 76 [1979], p. 301-323).

  • 2 Cf. F.A. Sullivan, Salvation Outside the Church ? Tracing the History of the Catholic Response, New York, Wipf & Stock, 1992, p. 196. Nous trouvons déjà cette conviction chez J. Dupuis, « World Religions in God’s Salvific Design in Pope John Paul II’s Discourse to the Roman Curia (22 december, 1986) », dans Seminarium 27 (1987) 29-41. J. Dupuis, Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux, Paris, Cerf, 1999, p. 262 : « On pourrait dire que l’apport singulier du Pape Jean-Paul II à une ‘théologie des religions’ consiste dans l’insistance avec laquelle il affirme la présence active de l’Esprit de Dieu dans la vie religieuse des non-chrétiens et dans les traditions religieuses auxquelles ils appartiennent ».

  • 3 Cf. Redemptor hominis 14 qui reprend l’intuition profonde de Karol Wojtyla dans son commentaire du Concile Vatican II intitulé Aux sources du renouveau. Étude sur la mise en œuvre du Concile Vatican II, Paris, Le Centurion, 1981, p. 66 : « L’œuvre de la Rédemption est universelle et s’étend et fructifie plus largement que les hommes n’en peuvent avoir conscience. Tous en effet ont été intégrés au mystère pascal de Jésus Christ ».

  • 4 Cf. Lettre encyclique Redemptoris missio 5 (Doc. Cath. 88 [1991], p. 173-174), citée par la suite RM.

  • 5 Cette impossibilité pratique n’est pas limitée à notre temps. Peut-être se maintiendra-t-elle jusqu’à l’accomplissement final de l’œuvre d’évangélisation. Cf. RM 10 et son commentaire lors de la catéchèse du 31 mai 1995.

  • 6 Lumen gentium 62 : « L’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source (creaturas participam ex unico fonte cooperationem) ».

  • 7 Cf. Déclaration Dominus Iesus 14 (2000).

  • 8 Cf. Redemptor hominis 7 : « Lui, le Fils du Dieu vivant, il parle aux hommes en tant qu’Homme aussi : c’est sa vie elle-même qui parle, son humanité, sa fidélité à la vérité, son amour s’étend à tous. Sa mort en croix parle, elle aussi, c’est-à-dire la profondeur insondable de sa souffrance et de sa solitude ».

  • 9 Jean-Paul II, « Le Christ, unique Sauveur », dans Doc. Cath. 95 (1998), p. 206.

  • 10 Cf. Jean-Paul II, « L’Esprit de Dieu et les ‘semences de vérité’ présentes dans les religions non-chrétiennes », dans L’Église catholique en dialogue avec les traditions religieuses du monde du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, éd., Cheminer ensemble, Vatican, 1999, p. 13 : « Les ‘semences de vérité’ présentes et agissantes dans les diverses traditions religieuses sont un reflet de l’unique Verbe de Dieu, ‘qui illumine chaque homme’ (cf. Jn 1,9) et qui s’est fait chair en Jésus-Christ (cf. Jn 1,14). Elles sont à la fois ‘un effet de l’Esprit Saint au-delà des limites visibles du Corps mystique’ et qui ‘souffle où il veut’ (Jn 3,8) (cf. RM 6 et 12) ».

  • 11 L.F. Ladaria, « Du De vera religione à l’action universelle de l’Esprit-Saint dans la théologie catholique récente », dans Le christianisme vis-à-vis des religions, J. Doré éd., Namur, Cerf, 1997, p. 70.

  • 12 Cf. M. Amaladoss, « The Pluralism of Religions and the Significance of Christ », dans Vidyajyoti Journal of Theological Reflection 53 (1989), p. 412 : « Jesus is the Christ, but Christ is more than Jesus. The mystery of Christ includes all the other manifestations of God in history. Therefore we cannot reduce it to its manifestation in Jesus ». Cf. également R. Pannikar, The Unknown Christ of Hinduism : towards an ecumenical christophany, New York, Longman and Todd, 1981.

  • 13 Cf. L.F. Ladaria, « Il Logos incarnato e lo Spirito Santo nell’opera della salvezza », Osservatore romano 20/09/2000, p. 4.

  • 14 Jean-Paul II, « Message aux peuples d’Asie », dans Doc. Cath. 78 (1981), p. 281.

  • 15 Ibid., p. 281-282.

  • 16 Cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Dominum et vivificantem 24 (Doc. Cath. 83 [1986], p. 583-610) : « Le Fils opère la Rédemption pleinement comme l’Oint qui est venu et a agi par la puissance de l’Esprit Saint, qui s’est offert lui-même à la fin en sacrifice suprême sur le bois de la Croix. Et cette Rédemption est aussi accomplie continuellement dans les cœurs et les consciences, dans l’histoire du monde, par l’Esprit Saint qui est ‘l’autre Paraclet’ ».

  • 17 Cf. Jean-Paul II, « La situation du monde et l’esprit d’Assise, Discours aux cardinaux et à la Curie », dans Doc. Cath. 84 (1987), p. 136.

  • 18 Cf. Gaudium et spes 10.15.22.41.

  • 19 Cf. Dominum et vivificantem 34 : « (…) Depuis le commencement, l’homme est capable d’un rapport personnel avec Dieu, comme ‘je’ et ‘tu’, et donc [qu’]il est capable d’une alliance, qui est établie lorsque Dieu se communique lui-même à l’homme de façon salutaire. Enfin, avec en arrière-plan ‘l’image et ressemblance’ de Dieu, ‘le don de l’Esprit’ signifie appel à l’amitié dans laquelle les transcendantes ‘profondeurs de Dieu’ s’ouvrent, en quelque sorte, à la participation de l’homme ».

  • 20 Nous nous permettons de renvoyer à la manière de s’exprimer de Paul VI dans l’exhortation apostolique du 8 décembre 1975 Evangelii nuntiandi 53 (Doc. Cath. 73 [1976], p. 1-21), pour mieux mesurer le chemin parcouru par Jean-Paul II : « Notre religion instaure effectivement avec Dieu un rapport authentique et vivant que les autres religions ne réussissent pas à établir, bien qu’elles tiennent pour ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel. »

  • 21 Jean-Paul II, « L’Esprit de Dieu et les ‘semences de vérité’… » (cité supra n. 10), p. 14 ; Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 21, 2 (1998), p. 250. La formule italienne « non di rado » rejoint le latin « haud raro » que nous trouvons au Concile Vatican II en Nostra aetate 2 et chez Jean-Paul II en Novo millennio ineunte 56 (cité infra n. 32).

  • 22 En se référant à Bergson, le Pape abordait après Assise le thème des religions dignes de ce nom, qui sont une ouverture à la volonté transcendante de Dieu. « Les religions dignes de ce nom, les religions ouvertes dont parlait Bergson — qui ne sont pas de simples projections des désirs de l’homme, mais une ouverture et une soumission à la volonté transcendante de Dieu qui s’impose à toute conscience —, permettent de fonder la paix » (Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 10, 1 [1987], p. 76). Il semble que le Pape se réfère ici au livre de Bergson publié en 1932, Les deux sources de la morale et de la religion. Ce discours renouvelle l’affirmation de Lumen gentium 8 et de Dignitatis humanae 1 selon laquelle l’unique vraie religion subsiste dans l’Église catholique.

  • 23 Jean-Paul II, « La situation du monde et l’esprit d’Assise, Discours aux cardinaux et à la Curie », dans Doc. Cath. 84 (1987), p. 134.

  • 24 Cf. Lettre apostolique Tertio millennio adveniente 6 (Doc. Cath. 91 [1994], p. 1017-1032) : « Le Christ est la réalisation de l’aspiration de toutes les religions du monde et, par cela même, il en est l’aboutissement unique et dernier ».

  • 25 Jean-Paul II, « Le Christ, voie de salut pour tous », dans Doc. Cath. 92 (1995), p. 621 ; Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 21, 2 (1998), p. 251.

  • 26 Cf. Doc. Cath. 88 (1991), p. 874-890.

  • 27 Cf. Ad gentes 3, 9, 11 ; Dialogue et annonce 29. « Normalmente, ‘è attraverso la pratica di ciò che è buono nelle loro proprie tradizioni religiose e seguendo i dettami della loro coscienza, che i membri delle altre religioni rispondono positivamente all’invito di Dio e ricevono la salvezza in Gesù Cristo, anche se non lo riconoscono come il loro Salvatore’ » ; Insegnamenti di Giovanni Paolo II, 21, 2 (1998), p. 251.

  • 28 Jean-Paul II, « L’Esprit de Dieu et les ‘semences de vérité’… » (cité supra n. 10), p. 15-16.

  • 29 Nous pouvons reconnaître dans cette dernière précision l’influence de Lumen gentium 16 qui parle de ceux qui agissent de façon à accomplir la volonté de Dieu telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte.

  • 30 Cf. Commission Théologique Internationale, « Le christianisme et les religions », dans Doc. Cath. 94 (1997), p. 320 : « Le salut pour tous les hommes est unique et le même : c’est la pleine configuration avec Jésus et la communion avec lui dans la participation à sa filiation divine ».

  • 31 Jean-Paul II, « L’Esprit de Dieu et les ‘semences de vérité’… » (cité supra n. 10), p. 17-18.

  • 32 L’expression « haud raro » se retrouve déjà en Nostra aetate 2 pour qualifier un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes.

  • 33 Cf. Redemptor hominis 7 déjà cité en introduction.

  • 34 Cf. W. Kasper, « L’universalité du Christ et le dialogue interreligieux », dans Doc. Cath. 98 (2001), p. 372 : « Dans ce dialogue nous ne sommes pas seulement les donnants, nous sommes aussi ceux qui apprennent et reçoivent parce que ce dialogue nous permet de saisir toute la plénitude du mystère qui nous a été donné en Jésus Christ, dans sa longueur et sa largeur, sa hauteur et sa profondeur (Cf. Ep 3,18) ».

  • 35 Cf. Jean-Paul II, « Témoigner de Dieu le Père dans le dialogue interreligieux », dans Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, (cité supra n. 10), p. 126-127.

  • 36 Cf. Jean-Paul II, « Le Christ, voie de salut pour tous », dans Doc. Cath. 92 (1995), p. 621.

  • 37 Cf. Lumen gentium 1 et Dominum et vivificantem 64.

  • 38 Cf. Gaudium et spes 22, 5.

  • 39 Cf. RM 20 : « L’Église est sacrement du salut pour toute l’humanité et son action ne s’occupe pas seulement de ceux qui reçoivent sa nouvelle. Elle est force entraînante (vis trahens) sur le chemin de l’humanité vers le Règne eschatologique ; elle est signe et promotrice des valeurs évangéliques parmi les hommes ».

  • 40 Cf. RM 20.

  • 41 Cf. Jean-Paul II, « Le Christ, voie de salut pour tous », dans Doc. Cath. 92 (1995), p. 621.

  • 42 Jean-Paul II, « Dénoncez les maux de la société mais proclamez l’Évangile à toutes les cultures. Lettre aux évêques de l’Asie », dans Doc. Cath. 87 (1990), p. 849-850.

  • 43 Ibid., p. 850.

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