Prêtre anglican, chargé de formation théologique à Birmingham et
Chichester, l'A. aborde le gros dossier de l'inculturation
liturgique, à partir des recherches et des pratiques de plusieurs
Églises de l'Inde du Sud. Il consacre d'abord une part importante
de son livre à l'examen des développements qui, depuis le 19e s.,
ont préparé les Églises à envisager de manière neuve, dans les
années 1960, la problématique de l'inculturation; il met notamment
en lumière la part significative prise par les chrétiens de l'Inde
au débat dans des instances mondiales telles que le Conseil
OEcuménique des Églises, les assemblées décennales de la Communion
anglicane, le concile Vatican II. Il rappelle l'importance, en Inde
même, des relations interreligieuses (pour l'essentiel, avec le
monde hindou) et du «mouvement des ashrams» chrétiens. Deux
chapitres envisagent alors plus précisément la question des
édifices religieux chrétiens (conception de l'espace, architecture,
arts…) et celle de rituels contextualisés ou inculturés. Il fait
écho aux critiques venues de chrétiens issus de castes basses ou
intouchables: ces «opprimés» (dalit) ne sont pas prêts à adopter un
langage culturel et religieux qu'ils perçoivent comme élitiste et
lié aux castes hautes qui les exploitent et les méprisent. Dans ces
deux chapitres, l'A. distingue une inculturation spontanée et
parfois ancienne (par ex. chez les chrétiens de rite oriental au
Kerala) et une inculturation «intentionnelle», plus volontaire et
concertée. En conclusion et dans une perspective soucieuse
d'équilibre entre inculturation, mission et dialogue
interreligieux, il dégage quelques critères dont la pertinence
n'est pas limitée à l'Inde du Sud. L'A. se montre sensible à la
complexité du dossier: inculturation liturgique, relations
oecuméniques et interreligieuses, rapports de force au sein des
sociétés et des cultures. Tout au long du parcours, il met le
lecteur en contact avec bon nombre de sources et de développements
pour une part peu connus hors de l'Inde. On regrettera cependant
les transitions rapides et constantes d'une question à une autre,
d'un auteur au suivant, sans prendre le temps de creuser
suffisamment et le plus souvent sans arriver à une conclusion
précise, fût-elle prudente et provisoire. - J. Scheuer