Essayer de mieux faire connaître l'orthodoxie, celle de la Russie
en particulier, tel est le but de ce livre. Onze auteurs
catholiques et orthodoxes venant de diverses disciplines y ont
contribué, mais sur des sujets si divers que l'éditrice, B. Anger,
a renoncé à leur attribuer un semblant d'unité et s'est contentée
de présenter un résumé de l'évolution religieuse en Russie depuis
sa conversion vers l'an mil. G. Lorichon analyse les raisons
complexes de fracture entre l'Orient et l'Occident. M. Evdokimov
estime qu'en Occident, seul Pascal a rejoint l'idée orientale et
biblique du «coeur». Selon B. Chochon, la voix de Fr. Mauriac a été
l'une des rares voix occidentales à soutenir le moral des croyants
russes dans leur résistance à la pression communiste. Trois
articles présentent de grandes figures modernes de l'orthodoxie: un
guide spirituel, Jean de Cronstadt (1869-1910); un pasteur savant,
très écouté, A. Men, assassiné en 1990; et le fondateur d'une
«théologie liturgique» novatrice, A. Schmemann. L'Eucharistie,
constate B. Samuel, est actuellement un lieu de désunion, alors que
le Christ l'a voulue comme lieu de l'unité de l'Église. La foi est
commune entre orthodoxes et catholiques, mais beaucoup de questions
continuent à nous séparer; pourtant, depuis 1962, de timides
efforts de rapprochements sont effectués (B. Dupire). Les
slavophiles, nous dit J.B. Colosimo, rêvent d'une sorte de
«chrétienté» ou christianisme intégral unissant philosophie,
religion et politique (mais est-ce vraiment souhaitable à notre
époque où l'on voit le tort que la politique a toujours infligé à
la religion?). Enfin, dans un article très dense, I. Reznikoff
cherche à préciser ce que chacune de nos Églises, catholique et
orthodoxe, apporte à l'autre pour le renouveau chrétien. - B.
Clarot, S.J.