Emmanuel Lévinas et l'histoire. Actes du Colloque international des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix (20-22 mai 1997), éd. N. Frogneux & Fr. Mies
Col.
En 1997, les Facultés de Namur ont organisé un colloque sur un
thème hautement problématique de Levinas. Celui-ci n'est-il pas le
philosophe du face-à-face, de la présence immédiate, de
l'obéissance aveugle à la parole? Peut-il y avoir chez lui une
vraie dimension d'histoire? L'ouvrage peut être divisé en deux
parties. La première reprend les exposés assurés par les meilleurs
connaisseurs de L., tous de réputation internationale, ainsi que
leurs contre-points respectifs confiés aux enseignants de Namur.
Viennent d'abord les conférences sur le passé ou les sources
(Petitdemange, Taminiaux, Finkielkraut), puis sur le présent
(Feron, Mosès, Abensour, Maesschalck), et enfin sur le sens de
l'histoire (Faessler, Chalier, Ladrière); P. Ricoeur conclut cette
première partie en résumant les exposés entendus. La seconde partie
du livre propose une série de «Questions disputées», présentées
habituellement par plusieurs intervenants, sur «Levinas et
Blanchot», «Dieu après Auschwitz», le «Sionisme», les «Commentaires
talmudiques», «La Kénose», «L'Éthique procédurale», «L'Économie»,
«La Bioéthique». Il est impossible de montrer en quoi chacun de ces
textes est excellent et stimulant. Mentionnons seulement la
conférence, splendide comme beaucoup d'autres, d'É. Feron,
«L'événement». L'A. prend comme hypothèse que la transcendance,
«dans son déploiement concret, (a) elle-même une histoire» (p.
104). L. parle en effet d'«événement» de transcendance, d'altérité
qui «se produit» comme visage, de langage qui «se produit» comme
rapport éthique. Dans Le Temps et l'autre, n'écrit-il pas que «le
temps constitue non point la face déchue de l'être, mais son
événement même» (cité p. 107)? Certes, L. s'exprime de façon
hyperbolique, mais au détour de ses phrases viennent l'histoire
concrète et l'espérance. - P. Gilbert, S.J.