Pour fêter les 40 ans de la parution de la Constitution apostolique
Veterum sapientia qui confirmait l'usage du latin, l'Université
salésienne de Rome a organisé un congrès international en 2002 et
nous offre ici les 11 exposés qui y furent présentés. S. Deleani
explique la spécificité du latin chrétien que la Renaissance a
traité de «latin barbare» et qui fut réhabilité surtout depuis 1932
par Mgr Schrijnen de Nimègue. M. Marin vante la prose d'art
chrétien, particulièrement chez Tertullien et Augustin. A.V.
Nazzaro parle de la poésie latine chrétienne avant et après
Constantin, et S. Pricoco étudie le latin monastique d'Augustin à
saint Benoît. M. Simonetti dresse le «bilan théologique» du latin
de Tertullien à Augustin. Après le «latin barbare» du Moyen Âge,
domine le latin classique et même cicéronien qui prévaudra à la
Curie romaine jusqu'à Vatican II (Smolak et Ronca). Après le
Concile, comme on étudie de moins en moins le latin, la Curie
romaine se voit contrainte d'écrire de plus en plus en langues
modernes. M. Sodi fait l'éloge du latin liturgique en centrant son
étude sur les prières de l'Avent et en analysant leur vocabulaire.
On s'étonne de le voir adopter un plan ternaire pour lequel il
utilise des mots grecs: anamnesis, epiclesis, methexis… Jusqu'au
XVIIe s. environ, le latin demeura la langue véhiculaire et
intellectuelle en Europe occidentale et il en reste maintes traces
dans les langues modernes, mais ces traces vont s'amenuisant (R.
Bracchi).
Déjà en 1962, Veterum sapientia avait paru le chant du cygne du
latin, et ce congrès respire lui aussi un relent de nostalgie. Il
eût été utile de relativiser les choses en rappelant que Jésus a
parlé araméen, puis que le grec est devenu la langue de l'Église
même à Rome jusqu'au IIIe s.; le Concile de Trente avait ouvert la
porte à l'emploi des langues modernes en liturgie, mais Pie V et la
Commission de la réforme liturgique la refermèrent résolument.
L'Orient chrétien a toujours utilisé d'autres langues: le grec puis
le slavon pour les Slaves, ou le syriaque (araméen) dans le Moyen
Orient, le copte en Égypte-Abyssinie… Le latin possède beaucoup de
qualités, mais les langues modernes n'en manque pas non plus.
L'Église doit continuer à accepter le changement en ce domaine
somme toute secondaire. - B. Clarot sj