Voici la publication d'une thèse de qualité supérieure. Elle thèse
fut soutenue à l'Université de Lund, en Suède, le 28 novembre 1997,
sous la direction du Prof. E. Persson, par Peter Bexell, pasteur
luthérien du diocèse de Växjö (Suède). Après avoir présenté la vie
et l'oeuvre de H.L. et sa conception de la théologie (15-80), P.B.
mène son étude de manière simple: dans la 1ère partie, il examine
la théologie fondamentale; dans la 2e, l'Église; dans la 3e,
l'ecclésiologie fondamentale. Dans la 1ère partie (81-261), il
présente successivement «Apologétique et théologie», «Un projet
maïeutique», «Un projet théologique». «Dogme et Église» (263-336):
ces deux concepts sont nécessaires pour passer de la théologie
fondamentale à l'Église. La 2e partie (337-485) considère
successivement «Le rôle de l'Église comme partie du Tout», «Le
Christ et l'Église», «Histoire et Église», «Humanité et Église».
Ayant ainsi considéré théologie fondamentale et Église, l'auteur en
vient à l'objet propre de sa thèse: «L'ecclésiologie fondamentale»
(489-559): il définit d'abord le rapport entre «Ecclésiologie et
théologie fondamentale», puis le «Concept sacramentel de l'Église»,
avant de proposer une «Réflexion critique». En conclusion, il se
demande: «Ecclésiologie fondamentale: dans quel but?». La
bibliographie (583-618) est pratiquement exhaustive: P.B. connaît
disciples de H.L. et théologiens majeurs, parmi lesquels K. Barth,
H.U. von Balthasar, Y. Congar, G. Fessard, J.-B. Metz, W.
Pannenberg, K. Rahner, P. Tillich. Il fournit aussi un index
abondant des noms de personnes, de concepts et d'oeuvres de H.L.
(619-630). Le lecteur dispose d'un long résumé en anglais de cette
thèse (561-582).
Se limitant aux vingt premières années des oeuvres de H.L., P.B. a
tenté d'en voir l'unité organique. L'homme, mû par le désir de voir
Dieu qui le constitue comme être spirituel, est uni à l'humanité
dans ce désir qui sous-tend l'histoire entière. Il ne réalise son
désir que dans l'Église, qui, corps du Christ et son sacrement, lui
donne de connaître le Dieu trinitaire. Dès lors la théologie
fondamentale, qui a pour objet l'homme en son désir de Dieu, s'unit
à la vie dans l'Église et reçoit en elle son objet comme son sujet.
En ce sens, P.B. parle d'une ecclésiologie fondamentale. Elle
demeure un défi pour la recherche de Dieu, comme pour le dialogue
oecuménique, car l'Église n'est pas considérée par H.L. de manière
étroitement institutionnelle, mais selon son unité avec l'humanité
entière. Voilà à quoi sert l'ecclésiologie fondamentale.
Un tel ouvrage déborde largement le cadre de la Scandinavie. Il est
d'une valeur exceptionnelle en raison de l'ampleur de
l'information, de la mise en oeuvre complète des exigences
scientifiques les plus rigoureuses, de la réflexion spéculative de
la pensée lubacienne. Aussi souhaite-on vivement qu'il soit traduit
dans une langue plus connue que le suédois. - G. Chantraine, S.J.