L'articulation entre ontologie et centralisme politique d'Héraclite à Aristote. I. L'aube de l'Un; II. Le cercle accompli
R. DenuitFilosofía - reviewer : Hubert Jacobs
On comprendra dès lors mieux que l'institution (nom nouveau pour la création du politique) n'opère qu'en référence au centre et pour lui, de même que la philosophie sacralise la topologie du centre. Bref, pour l'A., il s'agit d'observer le rapport entre le sacré et la religion, le centre des politiques et le fondement de la philosophie. Le Centre est un autre nom de l'Être, fondant tout ce qui se pense en métaphysique et s'organise en politique. C'est avec Héraclite et Parménide que commence la structuration ontologique, portant déjà en elle les principes de la cité idéale. On voit la perspective dans laquelle l'A. relit Héraclite (avec M. Conche) et Parménide (avec L. Couloubaritsis). Sont mis en lumière les axes de leur pensée. C'est alors seulement, selon ces axes, que Platon est abordé car c'est à partir de l'identité de l'Être que la politique devient pensable, organisant l'État en un tout cohérent. La pensée platonicienne transcrit l'hénologie en théorie politique: la chose politique est toujours chose ontologique. Le premier volume achève avec Platon l'aube de l'un. Le second parcourt avec Platon et Aristote le cercle accompli. Chez Platon, l'hénologie et le pouvoir politique autocentré vont de pair. Aristote, tout en critiquant le maître, n'en combat pas les idées-mères. La politique est, pour lui, dans la pratique, la science architectonique suprême, comme la métaphysique dans le domaine spéculatif. Elles sont comme les deux branches d'une même sagesse, qui éprouve l'Un-Être comme Centre commun, transposant la pensée ontologique dans la structuration centro-circulaire du politique. La philosophie aristotélicienne engendre ainsi ce qui deviendra la conception européenne de l'État. L'A. nous donne donc, en ces deux volumes denses et compacts, une perspective relativement neuve. Il montre comment l'ontologie des penseurs grecs, à travers leur succession, fonde et structure la Cité comme réplique de l'ordre de l'Être. Un schéma fondamental commun s'y est déployé. Philippe de Macédoine, puis surtout Alexandre le Grand, lui donneront une portée effective et universelle, en attendant l'Empire romain et la chrétienté médiévale. - H. Jacobs sj