Avant l'épilogue, ce livre « mémorial » se conclut par le
témoignage d'un jeune prêtre meusien, formé à l'IET :
« c'est une vie en contact de la Parole de Dieu que j'y ai
trouvée (…). Je vous remercie infiniment pour tout ce que vous
m'avez apporté de joie, de foi, mais aussi de croissance humaine,
spirituelle et relationnelle » (M. Achard,
p. 132-133). C'est dire que l'IET a été, avant l'heure,
un instrument de la formation intégrale prônée par la
nouvelle Ratio fundamentalis des séminaires. Que
les A. soient vraiment remerciés pour cette histoire fouillée,
précise et riche d'enseignements. On y découvre d'abord que, pour
Ignace, une faculté de théologie est « le moyen le plus
propre » pour la Compagnie d'atteindre sa fin qui est
« d'aider le prochain à connaître et à aimer Dieu et à sauver
son âme » (Const.). L'origine de l'IET, en 1968, façonnera son
originalité. Au sein de la crise de l'enseignement, y compris de la
théologie, le p. Albert Chapelle, qui en a reçu la mission,
propose deux options, issues l'une et l'autre de
Vatican ii : l'Écriture Sainte, âme de la théologie, et
l'engagement de parole et de liberté spirituelle de l'étudiant,
membre du Peuple de Dieu, pour que la Parole porte son fruit
apostolique et ecclésial. Les A. nous montrent alors avec finesse,
et grâce aux archives tenues de main de maître, le déploiement de
cette intuition, à travers l'organisation des séminaires (la pièce
maîtresse), puis de certains cours, le déménagement d'Eegenhoven à
Bruxelles, mais aussi des tensions, puis l'élargissement du public
et des grades académiques, jusqu'à la fécondité ecclésiale bien
connue aujourd'hui. Il est bien dommage que nul ne soit prophète
dans son pays, ou peut-être aussi dans sa communauté. À la fin de
leur chronique remarquable et à l'approche de la fermeture de l'IET
à l'été 2019, les A. se demandent : « Que s'est-il donc
passé ? D'où vient que l'Alliance ne se nouera
plus de cette manière-là ? », appuient-ils,
et de citer Job : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a
repris : que le nom du Seigneur soit béni ! »
Peut-être faut-il espérer encore plus loin, aller à la fin du récit
de Job et voir Dieu « bénir sa nouvelle situation plus encore
que l'ancienne… Après cela, Job vécut encore 140 ans »
(Jb 42,12.16). - L. Pidolle