Publication d’une thèse de doctorat soutenue à Bruxelles en 2017 (IÉT), l’ouvrage poursuit un double objectif qui rend compte de sa structure et de son contenu. Premièrement, il s’agit d’un essai d’« ecclésiologie johannique », ce qui rend compte du plan de l’ouvrage en deux parties. La première, « analyse textuelle », comporte 6 chapitres substantiels (p. 59-318) qui lisent successivement Jn 13&17 : le cadre de lecture, herméneutique et existentiel, des discours d’adieu ; Jn 14 où s’établissent les relations postpascales entre le Christ et ses disciples et celles des disciples entre eux ; Jn 15 qui précise le rapport de l’Église au monde ; Jn 16 qui la définit comme « communauté de passage » ; Jn 19, où la livraison de l’Esprit accomplit les promesses ; Jn 20 : les apparitions postpascales et le don de l’Esprit. La seconde partie, « analyse théologique » (p. 321-441) vise à faire « fructifier » ce qui a été « rassemblé et approfondi » dans la première. Le premier de ses trois chapitres, intitulé « De la communauté johannique à l’Église selon Saint Jean », répond explicitement au premier objectif. À cette fin, l’A. rappelle trois procédés littéraires de l’évangile de Jn, déjà repérés dans le status quaestionis liminaire (p. 21-58), et qui servent ce propos théologique : la « fusion herméneutique des horizons » (horizon historique du Christ, celui de la première communauté chrétienne, celui du lecteur) ; le phénomène de « relecture » qui fait de l’agir du Christ, l’intelligence et le fondement de l’existence [de l’Église] ; la « rétrospective pascale » par laquelle « le véritable disciple n’est pas celui qui a suivi le Christ terrestre mais celui qui entre dans l’intelligence pascale de l’agir et de la révélation du Christ » (p. 322). Le deuxième objectif est de scruter, à partir de Jn 16,7, le lien de nécessité existant entre le départ de Jésus et l’envoi du Paraclet et, par suite, de préciser la dimension pneumatique de l’ecclésiologie. Cet objectif rend compte de l’attention portée (à la suite des travaux de C. Hoegen-Rohls) aux cinq promesses du Paraclet qui structurent les discours d’adieu. Trois fonctions du Paraclet dans l’Église seront dégagées au chap. 8 : l’Esprit comme « mémoire et herméneute » ; comme « témoin » de l’amour jusqu’au bout ; et « prophète », qui propulse le croyant vers une existence eschatologique où la frontière entre l’Église et le monde traverse tout un chacun. Selon l’indication du titre donné à l’ouvrage, la fonction de mémoire est la plus fondamentale et fait l’objet d’un approfondissement au chap. 9 intitulé : « La mémoire, source de l’Eglise » où l’ekklesia y est définie comme « communauté de mémoire ». Deux auteurs y sont convoqués ; J. Ratzinger pour la notion de Tradition-paradosis et J.-B. Metz qui a mis en valeur la dimension subversive de la memoria passionis. Quant au 10e et dernier chap., il montre comment l’attention à la mission de l’Esprit, qui a bien été le fil rouge de toute l’étude, vient éclairer et prolonger un axe important de la recherche d’Y. Congar dans ses essais d’articulation de la christologie et de la pneumatologie à l’heure de l’ecclésiologie conciliaire. On le constate aisément : le parcours est riche (au risque d’être parfois répétitif), bien documenté, audacieux dans son articulation de l’Écriture et de l’ecclésiologie, généreux dans son écriture et ses ouvertures (dont celle aux plus pauvres à la suite du lavement des pieds). Nous retiendrons avec l’A. que « l’Église naît de cette double tradition, c’est-à-dire de la convergence entre la livraison du Christ, donnant sa vie pour ses amis, et la livraison de l’Esprit. Parce qu’il est l’Esprit pascal, son action de témoin, mémoire et prophète gardera le Christ pascal présent à son Église » (p. 433). — S.D.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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