Cette belle synthèse est remarquable par deux de ses aspects. D’une part, Céline Rohmer et François Vouga proposent une analyse précise de quatre grands textes des primo-pauliniennes qui évoquent la résurrection : 1 Th 4, 1 Co 15, 2 Co 4–5, Rm 14 – quelques autres passages étant également convoqués et plus rapidement commentés. D’autre part, l’ouvrage vaut par la progression de l’analyse. D’un texte à l’autre, les A. entendent montrer que, lorsque Paul annonce la résurrection, il passe d’une préoccupation relative au devenir des défunts à une compréhension de la vie renouvelée avec le Christ. Par étapes, l’apôtre quitte ainsi le registre apocalyptique pour déployer le renouvellement de l’existence avec le Christ et grâce à lui. Cette intéressante mise en perspective se nourrit d’une attention au geste langagier et conceptuel de l’apôtre, qui s’efforce d’annoncer la foi en la résurrection d’une manière recevable par la culture de son époque.

Tout en reconnaissant sa valeur, on pourrait interroger l’anthropologie théologique sous-jacente à cette lecture : si l’annonce de la résurrection correspond, au fond, à une confiance inconditionnelle en la transcendance dans laquelle s’ancre notre existence, ne minore-t-on pas la place que l’apôtre fait aux épreuves qui parsèment son ministère apostolique ? De telles évocations ne sont certes pas oubliées par les A. Mais la croix se trouve reléguée au second plan, derrière une anthropologie transcendantale qui donne à penser, mais qui perd un peu en réalisme humain et ecclésial. — F. Odinet