Une question que les cinq études ici rassemblées tendent
d'éclairer, sans prétendre la résoudre. Jean Greisch, évoquant E.
Levinas et P. Ricoeur, aborde le problème de la violence religieuse
(«la vérité religieuse est déjà croisade») et de la tolérance qui,
tout ouverte qu'elle soit à un pluralisme enrichissant, n'est pas
indifférente aux différences: je suis à la fois témoin de la vérité
(«un feu sacré qui brûle vers l'intérieur») et conscient de ce que
ma vérité n'est pas encore la vérité définitive. Nicole Jeanmet
étudie la différenciation entre soi et l'autre: elle montre, à
travers l'histoire de Moïse, le «remaniement pulsionnel» mis en
oeuvre pour une différenciation réussie. Jacques Scheuer suggère un
détour par le bouddhisme: une traversée vers l'autre, qui culmine
en un retour à soi, grâce à l'autre… plutôt qu'une recherche, dans
un dialogue naïf, d'un dénominateur commun: l'asymétrie demeure,
elle nous appelle à consentir à l'inachevé. Régine Azria discerne,
dans l'histoire du judaïsme, trois formes de théologie captive:
captive de l'altérité, quand l'autre (le christianisme) lui impose
violemment sa force; captive de son émancipation (la question
juive, le déni opposé aux juifs d'être juifs, la Shoah); captive de
son identité (la violence de l'État d'Israël, le péril de dissocier
élection et justice). Bernard Hort propose aux déçus de la religion
et aux déçus de la foi une médiation entre religion et foi; il la
trouve dans l'Orient chrétien: c'est la Sophia, plus humble que la
religion (elle élargit vers l'universel), plus inclusive que la foi
(elle soutient le particulier) - P. Detienne sj