Après un long ministère comme enseignant puis comme évêque
missionnaire en Afrique du Sud, de 1986 à 2004, l'A. ose prendre à
bras le corps la question du manque de prêtres. Son approche est
résolument pragmatique. L'ordination des uiri probati
suffira-t-elle à résoudre la crise des vocations? L'A. déplace la
question: selon lui, il s'agit de réfléchir à un nouveau type de
prêtre au service des communautés qui ont appris, par la force des
choses, à se prendre en charge elles-mêmes. Avec ce postulat, il
fait le point sur les expériences actuelles, surtout dans les
églises de la réforme, et envisage divers scénarios pour l'avenir.
Se dessinent selon lui deux types de ministère presbytéral: le
prêtre «corinthien» et le prêtre «paulinien». Le premier est
attaché à sa communauté d'origine, locale et pourrait être nommé
«responsable de communauté ordonné» (p. 34). Le second est mobile,
il anime et forme les ministres des équipes locales et reste au
«centre de la structure diocésaine» (id.). L'A. opte pour
l'ordination nombreuse d'«équipes de prêtres mariés de
communautés». Ce choix reflète une conception ecclésiale: «toute
communauté devrait pouvoir ordonner quelques-uns des ses membres
pour la présidence des célébrations. Ceux-ci assureraient en même
temps le lien de la communauté avec l'Église universelle» (p. 46).
L'A. estime enfin qu'à plus ou moins long terme, une telle option
conduira à se pencher à nouveaux frais sur la question de
l'ordination des femmes. La nouvelle figure de prêtre proposée
montre un nouveau visage d'Église.
Dans une telle perspective, les notions de paroisse, de charge
curiale, de diaconat, de sacrement, de vocation même, nous
paraissent sous-évaluées. Les réflexions sur les deux types de
ministères sont aussi peu approfondies théologiquement et même
historiquement. Mais le grand absent de cet ouvrage est surtout
l'évêque: son ministère sacramentel n'est pas envisagé du tout.
Certes, à quelques reprises, l'A. évoque la nature sacramentelle de
l'Église, mais sans en tirer les conséquences nécessaires sur la
conception du sacrement de l'ordre. Est ainsi remise en cause la
distinction des conditions propres selon lesquelles les chrétiens
participent aux munera du Christ: sanctification, gouvernement,
enseignement (fonctions sacerdotale, royale et prophétique). Les
acquis de Vatican II en ce domaine n'ont pas encore porté leurs
fruits. En focalisant l'attention sur les besoins des communautés,
cet ouvrage rappelle cependant que le prêtre n'est ni fonctionnaire
ni simple animateur. C'est vrai: il est un don de Dieu pour la vie
du monde. - Alban Massie sj