Le présent ouvrage est un manuel de droit public ecclésiastique. Jean-Pierre Schouppe prend un long moment pour s’expliquer de la spécificité de cette matière, de sa complexité, mais aussi de son intérêt. L’axe central de cette discipline est constitué par « les relations juridico-institutionnelles entre l’Église catholique et les États ».

Selon l’A., ce cours est à destination d’étudiants en droit canonique, mais aussi à ceux qui s’intéressent aux questions historiques et aux débats sociaux parmi lesquels celui de la laïcité qui est d’une brûlante actualité dans de nombreux pays.

Mais il n’échappera pas non plus à l’ecclésiologue que le droit est précisément sous-tendu par une théologie. Or, une réflexion sur l’Église comme institution demande de s’interroger sur le sujet Église comme peuple de Dieu dans son ensemble et non seulement sur l’institution romaine. Par ailleurs, force est de constater que l’ecclésiologie s’est construite dans l’histoire au fil des crises traversées par l’Église souvent suscitées par les conflits avec la société civile. À tel point que Congar a pu dire qu’avant le Concile, l’ecclésiologie se bornait à être une « hiérachologie ». En ce sens, la 1^re partie de ce manuel consacrée à l’histoire des doctrines des relations entre l’Église et les États peut être particulièrement utile à l’ecclésiologie.

La seconde partie est beaucoup plus technique et sera d’un abord plus abscons pour le non-initié. Pourtant, elle aborde des sujets importants sous l’angle de la défense de la liberté de l’Église qui fait partie intégrante de cette discipline juridique. Elle met aussi en lumière des enjeux nouveaux pour l’Église. En effet, elle n’est pas seulement en rapport avec des États (chap. viii), mais aussi des institutions supranationales comme les institutions européennes (chap. ix et x). Ainsi, l’étude de la jurisprudence de la CEDH peut éclairer sur nombre de questions pratiques. Enfin, le manuel traite de questions touchant le droit international.

Autant de sujets qui renvoient l’ecclésiologue à des réflexions fondamentales comme le sujet Église, sa « double origine » divine et humaine ; la séparation et l’interaction des pouvoirs qui en découlent. Autant de questions qui sont d’autant plus d’actualité que le rapport aux institutions est de plus en plus mouvant dans nos sociétés globalisées. — G. L.