Ce sixième tome des Parochial and Plain Sermons rassemble
vingt-cinq sermons que Newman a prononcés entre 1836 et 1841, qu'il
a intégrés dans la saison liturgique s'étendant du mercredi des
cendres à la fête de la Trinité, et dans lesquels il développe des
thèmes doctrinaux: union hypostatique, incarnation rédemptrice,
communion des saints… Un de ses sujets favoris demeure l'attente du
Christ: Comment vivre comme si sa venue n'était pas éloignée alors
que notre raison nous dit qu'elle est probablement lointaine? Il
invite ses paroissiens à la contemplation des mystères évangéliques
(Vous méditez trop peu… C'est seulement en méditant que nos coeurs
seront dûment émus) et il note en passant que jamais on n'a dit que
le Christ était joyeux et que son côté a été percé d'un coup de
lance par dérision. Relevons l'usage newmanien du néologisme to
realize (une prise de conscience de la réalité, le passage d'un
assentiment notionnel à un assentiment réel), que nous retrouverons
dans la Grammar of assent en 1870: Petit à petit, nous abandonnons
les ombres pour découvrir la substance.
Il note finement que les saints connaissent leurs propres dons,
mais que, et c'est en cela que réside leur sainteté, ils les
connaissent d'un «savoir stérile, improductif», without realizing.
Dans le conseil de Paul à Timothée «Cesse de ne boire que de l'eau»
(1 Tm. 5,23), il découvre une révélation inopinée, un coup d'oeil
sur la personnalité intime des chrétiens de l'âge apostolique…
Quant à sa propre personnalité intime, Newman la révèle peu… et il
ne laisse au lecteur avide de couleur locale que des banalités du
style: le vin, dans les pays méridionaux, est la boisson ordinaire
comme l'est ici la bière… Chaque sermon est préfacé par Pierre
Gauthier, secondé par une dizaine d'excellents traducteurs d'une
prose enchanteresse. - P. Detienne sj