Par Théologie de la modernité, A. Sabetta, jeune
professeur de théologie, entend «interprétation théologique» de la
modernité à la lumière de la Révélation. On prétend que nous
serions entrés aujourd'hui dans la «postmodernité », ce qui suppose
qu'on ait une idée assez claire de la modernité. Or, d'après
Sabetta, celle-ci constitue une réalité complexe mais avec quelques
orientations assez précises toujours vivaces. Elle a débuté avec
Descartes qui a voulu partir de la seule raison en croyant faire
table rase du passé et elle a commencé son déclin avec Nietzsche
qui a ruiné tout projet philosophique et la puissance de la raison.
Entre-temps on a connu les grandes idéologies du Progrès, de la
Science, de la Subjectivité, de l'Anthropocentrisme, de l'Athéisme,
… Face à cette modernité, le christianisme s'est partagé en deux
tendances opposées: la modernité serait à rejeter car elle
sécularise le christianisme, ou bien elle constituerait une
alternative légitime. La question est grave car elle conditionne la
possibilité pour les hommes modernes d'adhérer ou non au
christianisme, selon que la sécularisation serait le dernier mot de
tout, ou bien que Dieu aurait quelque chose à voir avec le monde.
C'est un fait, remarque l'A., que la modernité a secoué le
catholicisme et l'a obligé à modifier ses positions sur la
subjectivité, la liberté, les droits de l'homme, l'histoire, etc.
Et il l'illustre à travers l'évolution des positions de l'Église
depuis Pie IX et le fameux Syllabus jusqu'à Fides et ratio de J.-P.
II. Pas de théologie sans philosophie, car foi et raison ont besoin
l'une de l'autre. Ce sont Blondel et K. Rahner qui ont le plus fait
pour franchir le fossé entre catholicisme et modernité. Sabetta
étudie alors les positions philosophiques de deux penseurs
chrétiens, Del Noce et Tilliette, ainsi que celles de deux
théologiens, von Balthasar et de Lubac, pour tenter de faire la
lumière sur ces problèmes complexes. En conclusion, il déclare avec
J.-P. II, qu'il faut rendre à la raison la capacité d'arriver à la
vérité, en sachant que cette raison n'est pas «la mesure de tout»
ni le dernier tribunal du vrai, car l'homme n'est qu'une
participation à l'être. La raison nous ouvre sur le mystère de la
Révélation et de l'Amour divin. C'est de là que doit partir la
réponse chrétienne à l'apostasie moderne. Cette thèse passée en
2000 au Latran apporte un peu de lumière sur la masse des tendances
actuelles en philosophie et offre une certaine orientation. - B.
Clarot,