Les trois chemins de croix proposés par les éditions Source des Pères tranchent avec ce que l’on peut entendre aujourd’hui. La préface donne le ton des méditations de l’abbé Weets (1925-2015). Pour celui-ci, l’immolation à la volonté divine est le fond de toute vie spirituelle. Et le chemin de croix est appel à suivre le Christ dans sa passion, à nous dépouiller de toutes nos prétentions à nous sauver nous-mêmes, à reconnaître les refus de nous laisser sauver. Dans ses méditations, l’A. montre comment la passion du Christ démasque cela au plus profond. Pour l’année A, il souligne l’écrasement de Jésus par la justice de Dieu et la satisfaction à cette même justice que le Christ nous obtient par son sacrifice, par sa parfaite obéissance. Pour l’année B, l’A. met en évidence la nécessité de ne pas s’appuyer sur nos propres forces mais de reconnaître et d’accepter l’étendue de notre faiblesse et l’abîme du péché. De manière étonnante, le salut se trouve dans la faiblesse du Christ manifestée dans sa passion. Car cette faiblesse « répare les révoltes de notre orgueil » (p. 13). Enfin, pour l’année C, l’A. donne à contempler l’abaissement de Jésus, la honte et le refus de la croix jusque dans l’Église. Si ces méditations pourront prendre certains à rebrousse-poil tant elles parlent du péché et de la justice, tant elles montrent l’importance, à la suite du Christ, de se décentrer de soi-même pour faire la volonté de Dieu, il serait erroné de dire que l’amour et la miséricorde n’y ont point de place. Bien présentes, ces vertus sont le véritable fond de ces lignes. Celles-ci ont le mérite de rappeler des aspects importants, peu ou mal compris de nos jours, de la rédemption. — B. de Baenst