Un Dieu d’amour ardent. Introduction au monde contemplatif de Hildegarde de Bingen

Bernard Héritier
Spiritualità - reviewer : Marie-David Weill

Les voies d’accès à l’œuvre de sainte Hildegarde, canonisée et déclarée docteur de l’Église il y a dix ans, sont multiples : musique, médecine, théologie, anthropologie, histoire, mystique … À chacun de nous d’entrer par la porte de son choix dans l’univers chatoyant de cette femme extraordinaire du xiie s., qui n’a pas fini de nous livrer les richesses de sa perception du Mystère !

Bernard Héritier, lui, est entré par la porte musicale, qui découvre ensuite la polyphonie de la pensée théologique et prophétique d’Hildegarde : un foisonnement de visions, de symboles, épousant, mieux que la logique des raisonnements, « la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Ep 3,10-11). Dieu crée l’homme à son image, au cœur de son dessein créateur, et déploie les trésors de sa miséricorde pour que l’homme parvienne à ce pour quoi il est créé et chéri : l’union divinisante avec son Créateur et Père.

Après deux chapitres introductifs sur la vie d’Hildegarde et la représentation symbolique de l’univers qui avait cours au xiie s., le lecteur entre dans le cœur de l’ouvrage, dont l’A. présente lui-même l’intention : « Quelles images et quels symboles du xiie siècle Hildegarde exploite-t-elle pour exprimer la profondeur et l’originalité de ses visions, de ses intuitions théologiques, de ses inspirations musicales, dans ses ouvrages de théologie, de médecine et de musique ? […] Dans quelle mesure, d’autre part, comme moniale bénédictine, s’inspire-t-elle des images et des symboles tirés de l’Écriture Sainte, Ancien et Nouveau Testament ? » (p. 42-43).

Si l’intention est clairement annoncée, il n’en va pas de même pour le plan de l’ouvrage, qui ne se laisse pas aisément discerner. B. Héritier parcourt d’abord quelques grands thèmes de la symbolique de l’âge roman, à travers les textes lyriques d’Hildegarde sur lesquels elle composa la musique de sa Symphonia. Il propose ensuite une analyse approfondie des deux premières visions du Livre des Œuvres divines. Les chapitres suivants apparaissent un peu disparates, mais offrent un panorama suggestif et accessible de l’univers de la sainte : « Hildegarde médecin » ; « Le Scivias Domini : Connais les voies du Seigneur » ; « Le Liber Ordo Virtutum. Le Livre des Mérites de la Vie » ; puis retour sur « Le Liber Divinorum Operum. Le Livre des Œuvres divines », pour s’achever sur un chapitre « Hildegarde musicienne ».

Outre de nombreuses illustrations en noir et blanc, l’ouvrage contient un cahier hors-texte en couleurs (illustrations des Visions d’Hildegarde sur la Trinité, la création de l’homme, le baptême…) ainsi qu’une analyse musicale de deux antiennes composées par l’abbesse artiste, De Spiritu Sancto – Spiritus Sanctus vivificans, Symphonia no 15 et O magne Pater, Symphonia no 1, dont le fac-similé des partitions originales est lui aussi reproduit en couleurs.

Un bel ouvrage pour découvrir l’alliance d’amour qui unit pour l’éternité Dieu et l’homme dans le Christ. — M.-D.W.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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