Women's Renunciation in South Asia. Nuns, Yoginis, Saints, and Singers, éd. M. Khandelwal, S.L. Hausner, A. Grodzins Gold

Col.
Religioni - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Aux «renonçants» (sannyâsin) hindous, qui quittent la société pour se consacrer à leur quête spirituelle, les textes classiques prescrivent solitude, itinérance, absence de relations sociales. Cela se retrouve, avec plus de modération, dans la règle des moines bouddhistes. De part et d'autre, cependant, ces textes furent rédigés par des hommes et d'abord pour des hommes. Que devient l'idéal du renoncement lorsqu'il est pratiqué de nos jours et par des femmes? Rédigé par des femmes, l'ouvrage propose huit études ethnographiques de «renonçantes» appartenant à diverses traditions du Nord de l'Inde et de régions avoisinantes (Bangladesh, marches tibétaines du Népal): hindoues, jaïnes, bouddhistes, Bauls du Bengale (tradition qui enjambe la démarcation islam/hindouisme). Basées sur l'observation et l'interview, ces études retracent la biographie de ces femmes et décrivent leur mode de vie, leurs occupations, leurs relations sociales.
Ainsi que le suggère déjà le sous-titre, le renoncement féminin ne suit pas de modèle unique. Certes, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, les doctrines propres aux différentes religions colorent l'engagement et les pratiques de ces femmes. Mais, tandis que les textes normatifs exigent de trancher tous les liens avec famille et parenté, plusieurs de nos «renonçantes» conservent des liens non seulement affectifs, mais économiques; alors que le sannyâsi hindou est censé adopter une vie itinérante, ces femmes mènent le plus souvent une vie sédentaire; même le principe du célibat peut se décliner de multiples façons ou, chez les Bauls influencés par le tantrisme, s'inverser en une pratique spirituelle de couple. Enfin, si le renoncement suppose que l'on «sorte» de la société, plusieurs des femmes étudiées estiment que leur vie ascétique doit s'accompagner d'activités au service de la société et même, chez quelques renonçantes affiliées aux courants militants de l'hindouisme, d'un engagement proprement politique. Ces études, ainsi que les chapitres d'introduction et de conclusion, s'interrogent en outre sur ce que ces diverses voies de renoncement représentent pour le statut des femmes: si la vie religieuse leur a souvent accordé davantage de liberté de mouvement et de contacts sociaux qu'aux femmes mariées, il apparaît que certaines réformes aboutissent paradoxalement à creuser l'écart entre le statut des hommes renonçants et celui des femmes appartenant à la même tradition. - Nourri de l'observation et de l'analyse de cas individuels, sans que l'on puisse toujours savoir s'il est permis de généraliser, l'ouvrage offre une série de tableaux vivants et parfois surprenants de la vie religieuse dans le monde indien contemporain. - J. Scheuer sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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