Women's Renunciation in South Asia. Nuns, Yoginis, Saints, and Singers, éd. M. Khandelwal, S.L. Hausner, A. Grodzins Gold
Col.Religions - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Ainsi que le suggère déjà le sous-titre, le renoncement féminin ne suit pas de modèle unique. Certes, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, les doctrines propres aux différentes religions colorent l'engagement et les pratiques de ces femmes. Mais, tandis que les textes normatifs exigent de trancher tous les liens avec famille et parenté, plusieurs de nos «renonçantes» conservent des liens non seulement affectifs, mais économiques; alors que le sannyâsi hindou est censé adopter une vie itinérante, ces femmes mènent le plus souvent une vie sédentaire; même le principe du célibat peut se décliner de multiples façons ou, chez les Bauls influencés par le tantrisme, s'inverser en une pratique spirituelle de couple. Enfin, si le renoncement suppose que l'on «sorte» de la société, plusieurs des femmes étudiées estiment que leur vie ascétique doit s'accompagner d'activités au service de la société et même, chez quelques renonçantes affiliées aux courants militants de l'hindouisme, d'un engagement proprement politique. Ces études, ainsi que les chapitres d'introduction et de conclusion, s'interrogent en outre sur ce que ces diverses voies de renoncement représentent pour le statut des femmes: si la vie religieuse leur a souvent accordé davantage de liberté de mouvement et de contacts sociaux qu'aux femmes mariées, il apparaît que certaines réformes aboutissent paradoxalement à creuser l'écart entre le statut des hommes renonçants et celui des femmes appartenant à la même tradition. - Nourri de l'observation et de l'analyse de cas individuels, sans que l'on puisse toujours savoir s'il est permis de généraliser, l'ouvrage offre une série de tableaux vivants et parfois surprenants de la vie religieuse dans le monde indien contemporain. - J. Scheuer sj