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The Letter of Pope Francis to Consecrated Persons, a Text to be Welcomed

Philippe Lécrivain
On 21st November 2014, Pope Francis addressed a letter to consecrated persons in the entire world. This text, which has real depth, deserves to be given time so that it may be “received”. To help anyone who wishes to take such a step, we will call to mind the context of this text ; then the appeals and expectations which it carries will be emphasized ; finally the opening of some new ways of working will be suggested (as the Pope is committed to himself).

À l’occasion du 50e anniversaire de deux textes de Vatican ii, la Constitution Lumen gentium (LG) sur l’Église, qui, au chapitre vi, traite des religieux, et le Décret Perfectae caritatis (PC) sur le renouveau de la vie religieuse, le pape François a décidé d’ouvrir une Année de la Vie consacrée du 30 novembre 2014, 1er dimanche de l’Avent, au 2 février 2016, fête de la Présentation de Jésus au Temple.

Après un message aux Supérieurs généraux le 29 novembre 2013, puis deux circulaires de la Civcsva1 du 2 février 2014 et du 27 septembre reprenant ses divers textes, le pape François a adressé le 21 novembre 2014 une Lettre aux consacrés du monde entier. « Je vous écris comme Successeur de Pierre, à qui le Seigneur a confié la tâche de confirmer ses frères dans la foi, et je vous écris comme votre frère, consacré à Dieu comme vous. » L’importance de ce texte, sa simplicité et sa profondeur, demandent qu’on s’y arrête.

Pour bien l’entendre cependant, nous devons le resituer dans le contexte mouvementé des cinquante dernières années. Ceci fait, nous le lirons en pointant ses principaux apports. Enfin, puisqu’un texte n’est véritablement « reçu » que lorsqu’il permet des prolongements, nous ouvrirons plusieurs chantiers.

I Joies et espoirs, tristesses et angoisses

La constitution conciliaire sur L’Église dans le monde de ce temps débute par ces mots :

Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ (…).

Ils caractérisent bien, cinquante ans après, les sentiments de beaucoup. On sait la dureté des temps qui a assombri l’horizon des instituts de religieux2, mais on sait aussi les efforts fournis pour faire face aux transformations du monde. Beaucoup s’étant exercés à décrire l’une et les autres, il n’est pas nécessaire de reprendre ici tout le dossier. Contentons-nous de pointer quelques éléments susceptibles de rendre plus facile la lecture de la lettre pontificale et, pour cela, commençons par caractériser la « crise » contemporaine3.

1 Des religieux en quête d’identité

Plongés comme leurs contemporains dans une société en perpétuel changement, les religieux découvrent combien se projeter à long terme, personnellement et socialement, devient un exercice périlleux.

a Des relations fragiles

La précarité des liens personnels et sociaux rend plus difficile le choix d’une manière de vivre et le désir de s’y tenir. Certains, craignant de voir cet engagement restreindre leur liberté, se préservent des portes de sortie. D’autres pareillement, redoutant la « solidité » d’institutions fondées sur des nœuds difficiles à trancher, préfèrent opter pour la « fluidité » de réseaux où il est aussi facile de se connecter que de se déconnecter.

La manière de vivre des religieux, comme celle des gens vivant en couple, sont des lieux où la « liquidité » s’exprime dans toute sa gravité. On s’y engage avec le désir d’y vivre un amour durable et d’y construire une relation sûre mais on n’exclut pas que celle-ci soit révocable. Beaucoup de tragédies personnelles dérivent de cette contradiction insoluble.

Nous sommes entrés « dans l’ère de la démocratie fluide, de l’amour fluide, de la vie fluide, de l’angoisse fluide4 ». Les relations durables ont été « liquidées » au profit de liaisons flexibles, de connexions temporaires, qui ne cessent de se modifier. Le monde liquide de la modernité triomphante est assurément devenu celui de la liberté et de la flexibilité, mais il est aussi devenu celui de l’insécurité.

Dépouillés de leur assurance concernant leurs convictions les plus fermes, les religieux, comme leurs contemporains, sont appelés à faire face à une crise grave.

b Une « bienheureuse » crise

Parler ainsi relève du paradoxe. Peut-être ! Mais, dans l’Exultet de la Nuit pascale, ne chante-t-on pas cette « bienheureuse faute » qui valut à l’homme le salut ? N’ayons donc pas peur de dire qu’aujourd’hui le christianisme est en crise ! Les chrétiens et, parmi eux, les religieux, connaissent la fragilité et la précarité. Mais la fragilité acceptée peut aiguiser l’imagination et la précarité reconnue peut aiguillonner la créativité.

Allons plus loin ! Cette crise qu’on attribue souvent à la rudesse des temps est en réalité inhérente à la condition humaine. Liée à l’historicité de l’existence, elle est « inséparable de la question du présent, du passé et de l’avenir5 ». Elle habite le cœur de tout chercheur de Dieu, marchant sur le chemin qui conduit à la Croix.

La crise n’est anecdotique ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament, elle marque la vocation et l’histoire du peuple de Dieu. Bref, « les hommes en crise » peuplent le monde de la Bible, et le Christ lui-même n’y a pas échappé. Comment donc pourrait-il en être autrement pour ses disciples ? N’ont-ils pas à considérer la crise comme une chance qui leur donne de vivre une rupture créatrice, « instauratrice » ?

c Une identité à inventer

Il y a quelques années, D. Hervieu-Léger expliquait que, dans une société devenue areligieuse, il devient difficile de transmettre une identité livrée au « bricolage » de chacun et de faire vivre une mémoire collective porteuse de sens pour le présent et d’orientations pour l’avenir6. Cette analyse est sévère, et T. Radcliffe, évoquant cette crise, mettait les chrétiens en garde : « Si tout homme a le droit de choisir qui il est, il ne peut choisir d’être n’importe qui…7 ».

Comme leurs contemporains, les religieux sont appelés à inventer leur identité. Mais une telle affirmation ne conduit-elle pas à une antinomie ? En effet, parler d’identité implique une « permanence », tandis qu’évoquer une invention suppose un « dynamisme ». Nous ne sommes pas au rouet cependant, car ce que nous nommons « permanence » recouvre deux dimensions : d’une part, les acquis permettant de reconnaître quelqu’un ; de l’autre, le champ mouvant d’une parole tenue et à tenir. Alors que la première évoque un « quoi » plus ou moins réifié, la seconde renvoie à un « qui » responsable. C’est à la jonction de ces deux dimensions qu’est possible l’invention d’une identité8.

Précisons. Les éléments disparates d’une existence humaine trouvent une forme cohérente en s’organisant selon une trame narrative. Mais une telle identité est insuffisante, explique P. Ricœur. On ne peut se comprendre soi-même, dit-il, qu’en s’exposant à d’autres récits où l’on peut, non seulement se reconnaître, mais encore découvrir des aspects insoupçonnés de sa vie. L’idée d’identité narrative va jusque-là. Elle prend forme en se racontant et élargit son horizon en se confrontant à d’autres récits.

Les récits bibliques permettent à « celui qui cherche » de repérer l’espace de son expérience et l’horizon de son attente. Le premier, qui est la mémoire dont il est porteur, renvoie à un passé non pas figé mais susceptible de nouvelles significations. Quant au second, qui est de l’ordre du désir, il est cette capacité d’imagination qui l’ouvre à la nouveauté. Un équilibre est à maintenir : il ne faut ni rétrécir « l’espace d’expérience » – le passé est toujours à rouvrir – ni trop ouvrir ou trop fermer « l’horizon d’attente » – trop d’utopie ou pas assez désespère l’action.

2 Un long processus de renouveau

Après avoir proposé une lecture de la « crise » que les religieux traversent aujourd’hui et souligné son ambivalence, tentons de dessiner à grands traits les réactions qu’elle a suscitées9, ce « fameux coup de vent de l’Esprit » dont parle le pape François. Trois moments peuvent être retenus : l’enthousiasme conciliaire (1959-1971), les grands débats (1972-1985) et les recherches des trente dernières années.

a Au temps de l’aggiornamento

LG 44-45 dit que la vie religieuse n’appartient pas à la structure hiérarchique de l’Église, mais qu’elle est un don divin10 concernant sa vie et sa sainteté11. Reprenant cet enseignement dans son exhortation Evangelica testificatio 11 (1971), Paul vi introduit une idée nouvelle :

Le charisme de la vie religieuse, loin d’être une impulsion née « de la chair et du sang » (Jn 1,13) ou issue d’une mentalité qui « se modèle sur le monde présent » (Rm 12,2), est bien le fruit de l’Esprit Saint toujours agissant dans l’Église.

Dans son texte, Paul vi parle ensuite du charisme du fondateur et de celui de l’institut, deux expressions qui donneront lieu à de nombreuses interprétations.

Sans entrer dans ces débats, disons que le charisme d’un fondateur renvoie à l’expérience de l’Esprit vécue par celui-ci et se caractérise par une façon de voir et de vivre un aspect du mystère du Christ12. Quant au charisme d’un institut, on peut dire que c’est la manière concrète dont ses membres vivent le charisme du fondateur. Nous pouvons le définir également comme le don particulier que chacun des membres de l’institut reçoit de l’Esprit Saint pour effectuer une mission spécifique, en servant l’Église et le monde. Le charisme est, de ce fait, un don personnel et collectif, donné en vue de la formation ultime de la communauté du Royaume dont l’Église est ici et maintenant le sacrement. Signes de cette communauté à venir, les religieux sont appelés à « manifester », « témoigner », « représenter », « démontrer », « montrer aux yeux de tous13 ».

Bref, selon les textes conciliaires et l’interprétation de Paul vi reprise abondamment par le pape François, le charisme d’un institut religieux, né d’une relation intime du fondateur avec le Christ et qui a coloré son action et ses relations, renvoie à ce que nous appelons la spiritualité. Vécu par des frères ou des sœurs qui ont choisi de suivre le Christ et d’adopter son style de vie, le charisme renvoie aussi à la fraternité. Enfin, comme le souligne avec force Evangelica testificatio 17, le désir de s’identifier au Christ, « venu en ce monde non pour être servi, mais pour servir », ne peut que rendre sensibles le fondateur et ses disciples à « l’appel des pauvres ». C’est le domaine de la mission.

Spiritualité, fraternité et mission sont les trois dimensions de cette réalité unique que nous appelons charisme. Chacune anime les deux autres en même temps qu’elle est animée par celles-ci. Les trois sont complémentaires et interdépendantes, ce qui fait que l’équilibre entre elles est indispensable pour mener une vie religieuse authentique et véritablement prophétique.

b Et ce furent de grands débats…

Au fil des années, deux interprétations de la synthèse conciliaire sont apparues : l’une marquée par la sécularisation dans les pays du Nord ; l’autre marquée par l’oppression14 dans les pays du Sud et particulièrement en Amérique latine, d’où est originaire le pape François.

Dans les pays du Nord, plongés dans un monde individualiste et peu sensible aux valeurs spirituelles, les religieux annoncent le Royaume de Dieu et sa transcendance, témoignent de leur foi en servant les marginaux et en proposant leur vie communautaire comme une alternative évangélique.

Dans les pays du Sud, en revanche, ne pouvant demeurer sourds à la clameur des pauvres15, les religieux désirent apporter au peuple, enchaîné par des injustices structurelles, la liberté et la lumière de Dieu. Poussés par l’Esprit, « qui a parlé par les prophètes », encourant le risque de la persécution et du martyre, ils s’efforcent de réorienter l’Église vers le Royaume de Dieu.

Dans les années 1970 et 1980, il existe donc deux théologies postconciliaires de la vie religieuse. Il serait excessif d’affirmer que celle des pays développés est mystique, et que celle des pays en voie de développement est politique, car toute vie religieuse doit assumer ces deux aspects. Les religieux des pays riches ne peuvent ignorer le risque qu’il y a à collaborer aux injustices contemporaines et leur souci de transcendance doit se concrétiser davantage. Pareillement, les religieux des pays du Sud ne peuvent oublier que la foi doit éclairer leurs choix et que la gratuité du Royaume de Dieu doit transparaître tout au long de leur vie. Leur mode d’approche ne les exempte pas d’agir selon l’Esprit16.

Pendant cette période, certains, tels Jean-Marie Tillard17 et Marcello Azevedo18, ont donné une présentation théologique renouvelée. D’autres, allant plus loin, ont relevé les défis lancés aux religieux, Jean-Claude Guy en disant que ceux-ci doivent devenir la « mémoire évangélique de l’Église19 » et Johann Baptist Metz en affirmant qu’ils ont à être « la forme institutionnalisée d’un souvenir dangereux au sein même de l’Église20 ». Alors que beaucoup se demandaient quels étaient cette mémoire ou ce souvenir, Johann Baptist Metz précisait : « Les religieux ont à faire valoir l’absence de compromis qu’impliquent l’Évangile et la suite de Jésus ». Ils sont appelés à devenir l’affirmation de « la mémoire subversive de la liberté du Christ » contenue dans l’Évangile.

c Vers de nouvelles recherches

Tout d’abord, on a cherché à mieux présenter les vœux que les religieux prononcent et les lieux où ils s’exposent. Ces insistances ont conduit à privilégier leurs manières d’être et de faire. Certains théologiens cependant – et le pape François est du nombre –, sentant les limites d’une telle présentation, rappelèrent que les « vœux » et les « lieux », pour essentiels qu’ils soient dans la vie religieuse, ne sont que les conséquences d’une rencontre avec le Dieu vivant qui a conduit à entrer dans une communauté.

Ces recherches prirent un tour nouveau sous l’impulsion de Jean-Paul ii qui présente, dans Vita consecrata (1996), la vie religieuse comme Confessio Trinitatis (Consécration), Signum Fraternitatis (Communion) et Servitium Caritatis (Mission)21. Dans sa lettre, le pape François ne reprend pas le thème de la consécration, très débattu durant le synode de 1994. En revanche, il souligne fortement l’importance de la fraternité : « Que l’idéal de fraternité poursuivi par les Fondateurs et Fondatrices grandisse à tous les niveaux, comme des cercles concentriques. » Pareillement, il insiste sur la fidélité à la mission : « Nos ministères, nos œuvres, nos présences, répondent-ils à ce que l’Esprit a demandé à nos Fondateurs, sont-ils adaptés à en poursuivre les finalités dans la société et dans l’Église d’aujourd’hui ? »

Prévu initialement pour transmettre les orientations de l’exhortation Vita consecrata22, le congrès mondial, organisé conjointement à Rome en 2004 par l’Union des Supérieurs généraux et l’Union internationale des Supérieures générales, modifie ses objectifs, pour arriver au thème : « Passion pour le Christ, passion pour l’humanité ». Placée sous le double symbole de la Samaritaine et du Bon Samaritain, cette rencontre a permis un changement de ton, en invitant les participants à discerner ce que l’Esprit de Dieu est en train de faire surgir dans la vie religieuse, à comprendre jusqu’où répondre aux défis actuels et comment construire le Royaume de Dieu « pour le bien de tous » (1 Co 12,7). La lettre du pape François s’enracine profondément dans ces nouvelles orientations.

Dans la présentation des cinquante dernières années que nous venons de faire, nous nous sommes tout d’abord attaché à montrer comment, dans les tourbillons de la crise traversée, une question est posée avec force aux religieux : qui dites-vous que vous êtes ? Ceci posé, nous avons expliqué la manière dont le magistère et les théologiens ont répondu à cette interrogation, en ouvrant progressivement un espace nouveau à la réflexion.

II Les appels et les attentes du pape François

S’inscrivant d’une manière très personnelle, on l’a dit, dans les efforts faits depuis cinquante ans, le pape François, dans sa lettre, invite les religieux à traverser les difficultés contemporaines. Il leur demande de se ressaisir et, reprenant les mots de Jean-Paul ii, il écrit : « Regardez vers l’avenir, où l’Esprit vous envoie pour faire encore avec vous de grandes choses23. »

1 Devenez ce que vous êtes appelés à être !

Dans sa lettre, pour dire l’identité des religieux, le pape ne suit pas la théologie médiévale qui faisait de la manière de vivre des religieux un « état de vie » stable, voire un « état de perfection ». Reprises par Vatican ii et dans Vita consecrata, ces considérations n’ont pas été sans interroger les Supérieurs généraux lors de leur Assemblée générale de 1996 : parler d’un « état de vie », n’est-ce pas définir la vie religieuse comme une structure alors qu’elle est essentiellement un dynamisme spirituel ? Par ailleurs, parler d’un « état de perfection », n’est-ce pas orienter la pensée vers des comparaisons stériles et couper les religieux de leur enracinement dans un peuple tout entier appelé à la sainteté ? Partageant ces questions, le pape François inscrit sa réflexion dans le mouvement du temps et fixe aux religieux trois objectifs.

a Faites mémoire du passé !

« Raconter sa propre histoire, écrit le pape, est indispensable pour garder vivante l’identité, comme aussi pour raffermir l’unité de la famille et le sens d’appartenance de ses membres. » Cependant, comme l’avait fait jadis Michel de Certeau24, il rappelle qu’il ne faut pas cultiver des nostalgies inutiles.

Précisons. Qu’un institut religieux revienne sur sa tradition pour inventer son présent et que cette lecture du passé puisse être un acte de lucidité s’admet volontiers. Toutefois, il convient de rappeler qu’on ne peut accéder du passé au présent, car c’est du présent que l’on va au passé. Ce sont les urgences d’aujourd’hui et le sens que nous leur donnons qui organisent notre hier et l’ordonnent au système mental de nos échanges. Chaque génération de religieux ne prétend-elle pas dégager le véritable esprit du fondateur, l’esprit des origines ?

Depuis sa naissance, chaque institut « fait » son histoire, en la récrivant, d’étape en étape, pour un aujourd’hui toujours nouveau. Mais, dans ce processus, une différence est remarquable qui dénote une conscience nouvelle. Alors que les premiers héritiers ne pouvaient et ne voulaient voir que de la continuité, les générations actuelles n’ont aucun mal à discerner un écart entre le passé et leur interprétation. De part et d’autre, continuité et discontinuité sont également certaines, mais inégalement conscientes : c’est à l’intérieur d’une tradition que les premiers compagnons se différenciaient ; c’est à partir d’une distanciation que l’on trouve aujourd’hui le sens de l’histoire.

b Vivez le présent avec passion !

Quand ils professent de vivre l’Évangile, les religieux engagent leur foi dans cette parole ; mais plus qu’une simple adhésion intellectuelle, cette démarche exprime quelque chose de l’ordre de l’excès. Il ne suffit pas de lire et de méditer l’Évangile, il faut le vivre avec passion.

Et le pape François de questionner : dans la vie et les choix des religieux, l’Évangile est-il vraiment leur vade-mecum ? Jésus est-il réellement leur premier et unique amour ? C’est en se donnant totalement eux-mêmes qu’ils pourront aimer dans la vérité et la miséricorde ceux qu’ils rencontreront sur leur chemin. En christianisme, il n’y a pas d’autre manière d’être frères que de vivre en frères. La fraternité n’est pas une chose toute faite, c’est une vocation.

Dans une société de l’affrontement, de la cohabitation difficile entre des cultures différentes, du mépris des pauvres et des plus faibles, les religieux, selon le pape François, sont appelés à offrir un modèle concret de communauté : « Soyez donc des femmes et des hommes de communion » ! Soyez des signes crédibles de la présence de l’Esprit qui infuse dans les cœurs la passion pour que tous soient un (Jn 17,21) !

« Vivez la mystique de la rencontre ! » Que votre charité soit sans limites, qu’elle ne cesse d’ouvrir d’innombrables chemins, qu’elle vous pousse à porter l’Évangile toujours plus loin, dans les cultures et les milieux sociaux les plus divers !

c Embrassez l’avenir avec espérance

En août 1977, dans une conférence aux religieux de Colombie, Pedro Arrupe, alors préposé général de la Compagnie de Jésus, s’exprimait ainsi : l’action de l’Esprit se manifeste d’ordinaire par une double conversion. Il s’agit de se tourner vers Dieu, dont nous devons recevoir la force et l’inspiration ; et de nous tourner vers le monde que nous désirons servir par le moyen de l’Église25.

Avec d’autres mots et s’adressant à un public plus large, le pape François s’interroge : sommes-nous ancrés sur les rives d’un large océan ou sur les bords d’une lagune artificielle que nous avons réalisée avec nos règles et nos comportements ? Sommes-nous ancrés là où tout est confortable, où tout est sûr ? Dans sa lettre, sa réponse est claire : « C’est bien dans ces incertitudes, que nous partageons avec beaucoup de nos contemporains, que se met en œuvre notre espérance, fruit de la foi au Seigneur de l’histoire qui continue de nous répéter : “Ne crains pas… car je suis avec toi” (Jr 1,8). »

L’espérance qui ne déçoit pas permettra aux religieux de continuer à écrire une grande histoire dans l’avenir, sur lequel ils doivent tenir leur regard tourné.

2 Soyez les témoins d’une autre façon de vivre !

Dans le message qu’il avait adressé le 29 novembre 2013 aux Supérieurs majeurs, le pape François avait souhaité voir les religieux devenir des témoins évangéliques pleins d’humanité, des experts en fraternité, des prophètes capables de réveiller le monde, des déplacés dans les fractures et les périphéries. Ces souhaits sont précisés dans les deux circulaires de la Civcsva de février et septembre 2014, rédigées à la lumière de l’exhortation Evangelii gaudium (novembre 2013). L’une a pour titre : « Réjouissez-vous ! » et l’autre : « Scrutez les signes des temps ! »

a Que la joie soit là où sont les religieux !

Citant une homélie de Benoît xvi : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction26 », le pape François explique que les « campagnes vocationnelles » seules sont insuffisantes et qu’il est plus important de donner à voir à ceux qui cherchent des hommes et des femmes heureux ! « C’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparaît la joie et la beauté de vivre l’Évangile et de suivre le Christ. » Sel de la terre et lumière du monde, les chrétiens – et, parmi eux, les religieux – sont appelés, selon la logique d’amour instaurée par le Christ, à rendre présent le levain du Royaume par leur témoignage de fraternité, de solidarité et de partage.

Donner est l’un des grands refrains du Discours sur la Montagne : ne refuse pas… ne réclame pas… prête sans rien attendre… donne et il te sera donné. Mais il faut prendre garde : donner peut être encore un moyen de conquérir et de se valoriser car on se valorise beaucoup en étant généreux. La pure joie de donner, la joie de s’unir à celui qui reçoit, seul le pauvre est en état de la connaître, c’est-à-dire celui qui a fait l’expérience des Béatitudes et découvre comment Dieu donne. « Devant le témoignage contagieux de la joie, de la sérénité, de la fécondité, devant le témoignage de la tendresse et de l’amour, de la charité humble, sans violence, beaucoup sentiront le besoin de venir pour voir. »

Mais le pape François se fait plus précis : « Que ne se voient pas parmi nous des visages tristes, des personnes mécontentes et insatisfaites, parce qu’une sequela (suite) triste est une triste sequela. » Les chrétiens, comme les autres, ont des difficultés : nuits de l’esprit, déceptions, maladies, vieillesse. « C’est précisément en cela que nous devrions trouver la joie parfaite, apprendre à reconnaître le visage du Christ qui s’est fait en tout semblable à nous, et donc éprouver la joie de nous savoir semblables à lui qui, par amour pour nous, n’a pas refusé de subir la croix. »

b Faites de vos communautés des écoles de communion !

Reprenant les mots de Jean-Paul ii, le pape François invite les religieux à devenir des « experts en communion » et leur rappelle qu’une expérience spirituelle vécue et partagée ne peut conduire qu’à une existence fraternelle. Mais cette expérience qui produit la communion, est aussi, dans sa genèse même, de l’ordre de la mission. Ceux qui ont pris corps ensemble expérimentent qu’ils sont réunis pour vivre l’Évangile dans le monde, là où ils ont été « saisis ».

Ainsi, si la communion est première, elle n’est jamais donnée d’avance. Elle se reçoit en s’enracinant davantage dans le monde d’aujourd’hui. Se rassembler au nom du Christ et se laisser guider par l’Esprit ne peut se faire sans remise en cause. L’urgence de la mission, toujours ouverte sur l’avenir, provoque bien des tensions dans la communion. L’expression paulinienne « la charité du Christ nous presse (2 Co 5,14) » met bien en relief ce caractère bouleversant de l’amour du Christ.

Il y a donc là un principe de discernement. La référence à l’inspiration de la fondation, qui est au cœur de la communion, doit être située dans l’aujourd’hui de la mission pour demeurer vivifiante et créative. Selon Jean-Claude Guy, un corps religieux n’a jamais fini d’accueillir cette vocation parce qu’il n’a jamais fini d’y répondre27. Au cœur du projet des religieux, structuré par la communion et la mission, son envers, il y a donc un témoignage de foi dont ils sont redevables, d’une part, à leurs frères, au nom de la solidarité et, d’autre part, à leurs contemporains car ils ont été donnés par Dieu à l’Église et au monde.

c Ne renoncez jamais à la prophétie !

Lors de sa rencontre avec les Supérieurs généraux, le 29 novembre 2013, le pape François a rappelé : « La radicalité évangélique ne revient pas seulement aux religieux : elle est demandée à tous. Mais les religieux suivent le Seigneur d’une manière spéciale, de manière prophétique ». Selon lui, telle est la priorité qui est à présent réclamée : « Être des prophètes qui témoignent comment Jésus a vécu sur cette terre… »

En d’autres termes, il s’agit de proclamer qu’un autre monde est possible. Mais le pape François insiste : « J’attends donc, non pas que vous mainteniez des utopies, mais que vous sachiez créer d’autres lieux où se vive la logique évangélique du don, de la fraternité, de l’accueil de la diversité, de l’amour réciproque. »

Et cette disposition peut conduire très loin, jusqu’aux « périphéries existentielles », dans les lieux les plus inhospitaliers de la planète. « Allez partout dans le monde », dit le Pape, a été la dernière parole que Jésus a adressée aux siens, et qu’il continue d’adresser aujourd’hui à nous tous (Mc 16,15). C’est une humanité entière qui attend !

III Ouvrir de nouveaux chantiers

Les religieux, avons-nous dit, sont « la mémoire évangélique » de l’Église. Mais affirmer cela soulève bien des questions. Comment, en effet, dans un monde saturé de messages, l’Évangile peut-il être entendu comme une brise légère et, en même temps, comme une parole puissante ? Comment l’Évangile peut-il être le glaive qui pénètre au plus profond des cœurs et la Parole qui ouvre un espace où elle pourra être reçue pour ce qu’elle est ? S’il est difficile de répondre à ces questions de manière exhaustive, on peut du moins rappeler deux des conditions qui rendront cela possible.

1 S’ouvrir à un nouvel imaginaire

Quand le pape François demande à tous les membres de l’Église d’aller aux « périphéries existentielles », il n’entend pas promouvoir le vieux schéma missionnaire qui voulait que l’on aille porter en des lieux « particuliers » ce qui aurait été pensé d’une manière « universelle » en un centre unique.

a De nouveaux enjeux

L’univers de la mondialisation contemporaine est tout autre. C’est désormais dans un vaste réseau multi-centré que les religieux sont appelés à vivre et à penser leur avenir. Le défi qu’ils ont à relever n’est donc plus de chercher à se répandre partout mais de viser à être présents aux carrefours les plus importants. Dans les évangiles, le Christ ressuscité ne donne-t-il pas rendez-vous à ses disciples dans la Galilée des nations ?

Il ressort de ce qui précède que la compréhension de l’Église et de sa mission doit se transformer et, en conséquence, que la manière de vivre et de penser des religieux doit être interrogée. Beaucoup en ont l’intuition mais manquent de gestes pour le faire et de mots pour le dire. Le pape François se fait pourtant insistant : « Personne ne devrait se soustraire à une vérification sérieuse concernant sa présence dans la vie de l’Église et sur la manière de répondre aux demandes nouvelles continuelles qui se lèvent autour de nous, au cri des pauvres. »

S’ils sont « donnés à l’Église » pour s’exposer sur les nouvelles frontières, les religieux ont à apprendre, aujourd’hui plus que jamais, qu’ils ont à y communiquer ce qui ou, mieux encore, Celui qui les fait vivre ainsi. Une telle orientation, selon le pape François, devrait les conduire « à militer pour une mondialisation alternative, une mondialisation à visage humain qui devrait être le fondement d’une catholicité authentique. »

Et le pape de conclure : « Vous trouverez la vie en donnant la vie, l’espérance en donnant l’espérance, l’amour en aimant. »

b Citoyens d’un monde en fuite28

Au commencement de toute mission, il y a donc la présence ; être là comme un signe du Royaume auprès de ceux dont l’histoire, la culture ou la religion sont différentes. Mais ce n’est là qu’un début. Cette présence ne pousse-t-elle pas à l’épiphanie et enfin à la proclamation ? Il faut que la parole se fasse chair et la chair parole.

Mais notre monde en fuite, de plus en plus « liquide », est incontrôlable. Nous ignorons où il va, vers le bonheur ou la misère, la prospérité ou la pauvreté. Pas plus que les autres, les chrétiens n’ont d’information privilégiée. Ils croient seulement qu’à la fin viendra le Règne de Dieu : « Oubliant le chemin parcouru, écrit Paul, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus (Ph 3,13). »

Vouloir devenir un citoyen du Royaume, c’est vivre cette tension, acceptant de souffrir d’incomplétude, jusqu’au jour où il connaîtra enfin la plénitude. Pour l’instant, jour après jour, allant de campement en campement, de commencement en commencement, il faut avancer dans une société changeante, courant le risque de vivre pour les autres et de se laisser creuser par le désir de Dieu.

c Pas sans les autres !

Comme l’a fait remarquer Stanislas Breton29, la première condition pour que, dans un réseau, il puisse y avoir de réelles relations, est que nul n’accapare l’espace pour en pomper l’air ; ou bien, dit-il encore, adoptant la terminologie des ensembles mathématiques, il faut que nul ne soit la partie totale qui récapitule et fonde toutes les autres sans exception.

Dans la dernière partie de sa lettre, le pape François dessine les « horizons de la vie consacrée » : « les chrétiens qui accompagnent les religieux », « le peuple chrétien tout entier », « les consacrés des autres traditions chrétiennes » et « les membres des grandes traditions religieuses ». Pour terminer, il s’adresse aux évêques. N’ignorant rien des tensions qui existent parfois entre eux et les religieux, il leur rappelle ce qu’il avait dit lui-même lors du synode de 1994 : « La vie consacrée est un don à l’Église, elle naît dans l’Église, croît dans l’Église, et est toute orientée vers l’Église. »

Finalement, le pape François demande aux religieux d’accepter d’être quelques-uns parmi d’autres, c’est-à-dire de ne pouvoir exister qu’en relation. Pour préciser cette invitation, on peut reprendre les trois prépositions bien connues : vers, avec et pour. Vers les autres : il ne peut y avoir de relation que dans le respect de ce qu’ils sont et de ce que je suis. Avec les autres : cela suppose que tout le monde soit sur le même pied, que nous ne soyons ni au-dessus, ni au-dessous, ni à côté. Pour les autres : il n’est rien sans amitié.

Pour rudimentaire qu’elle soit, cette phénoménologie constitue ce que l’on aimerait appeler l’être-inter de l’espace religieux qui se profile aujourd’hui. Pas sans toi ! Ces mots, qui évoquent un point essentiel de la pensée de Michel de Certeau, sont sans doute de Martin Heidegger, mais ce sont aussi les mots de la foi, ceux de l’apôtre Paul (Rm 8,35). Pas sans toi ! Cela signifie : pas sans lui, le Christ, pas sans nous, ses amis, pas sans les autres, ceux sans qui nous ne pouvons penser et vivre.

2 De nouvelles manières de vivre

Redisons-le une fois encore, les religieux ont été donnés par Dieu à l’Église et à la société pour de nouveaux commencements d’Évangile. C’est en s’appuyant sur ce point fondamental que le pape François, à la manière latino-américaine, affirme avec force la fonction prophétique des religieux. Bien que nous en ayons déjà parlé, nous devons y revenir pour montrer ses prolongements. En effet, si les religieux ne peuvent jamais renoncer à la prophétie, ils doivent aussi apprendre à devenir des sages et des poètes30.

a Un nouvel art de parler

Dans le devenir du peuple d’Israël, les prophètes jouent un rôle capital. Ils s’opposent à sa tentation d’oublier Dieu et de se structurer en dehors de son Alliance. Confrontés au mystère de la souffrance, ils ne peuvent se taire. S’ils jettent sur leur société un regard sans complaisance, c’est parce qu’ils y décèlent la trace du message que Dieu adresse à son peuple à ce moment précis de son histoire, et qu’ils croient en son avenir.

Au sujet des événements qui scandent leur existence, les prophètes donnent des interprétations du passé et font des pronostics pour le futur. Ils essaient surtout de comprendre les ruptures qui rythment la trame du temps et annoncent l’aujourd’hui de Dieu. Ils dénoncent les mentalités et les institutions qui éteignent l’Esprit.

Bref, aux prophètes, il revient de dénoncer, d’annoncer et de renoncer : dénoncer tout ce qui annihile l’homme, l’écrase et le piétine ; annoncer un Dieu pour qui tout homme a du prix ; renoncer à tout ce qui contredit en acte le message. Ces trois fonctions pourraient être celles des instituts religieux dans une Église locale.

Et sur ce point, le pape François est très clair :

J’attends de vous des gestes concrets d’accueil des réfugiés, de proximité aux pauvres, de créativité dans la catéchèse, dans l’annonce de l’Évangile, dans l’initiation à la vie de prière. Par conséquent, je souhaite l’allègement des structures, la réutilisation des grandes maisons en faveur d’œuvres répondant davantage aux exigences actuelles de l’évangélisation et de la charité, l’adaptation des œuvres aux nouveaux besoins.

b Des chemins de sagesse

Aux instituts religieux, il revient aussi d’assumer une fonction sapientielle, différente de la fonction prophétique. La sagesse cherche à comprendre la cohérence des divers niveaux d’existence. Elle s’attache moins aux ruptures qu’aux harmonies. Une telle exigence, en un mot, est la recherche d’une réelle qualité de vie avec un véritable souci écologique et d’authentiques relations à autrui.

Cette sagesse est à rappeler avec force en un monde qui s’enlise dans une culture où l’autre est un concurrent, un ennemi, un terroriste qui se cache, un demandeur d’asile potentiel ou un immigré qui dérange. C’est la civilisation de l’anti-frère. Comment ne pas retrouver ici l’actualité des interrogations fondatrices du livre de la Genèse : « Qu’as-tu fait… Où est ton frère, Abel ? » (Gn 4,9-10).

Aujourd’hui, la sagesse doit proposer l’utopie d’une fraternité universelle, d’une communauté de frères qui partagent et se respectent. Et le pape François de préciser : « Personne ne construit l’avenir en s’isolant, ni seulement avec ses propres forces, mais en se reconnaissant dans la vérité d’une communion qui s’ouvre toujours à la rencontre, au dialogue, à l’écoute, à l’aide réciproque, et nous préserve de la maladie de l’autoréférentialité. »

c Le temps de la « poésie »

Alors que, comme on vient de le dire, les prophètes sont invités à être plus attentifs aux ruptures et les sages aux harmonies, les « poètes » sont appelés à sentir et à exprimer tout ce qui germe et bourgeonne, tout ce qui est promesse de liberté et d’avenir. Ce sont des veilleurs et des éveilleurs. Ils guettent l’aurore et donnent à l’espérance de naître et de grandir. S’ils ont la force des prophètes et la douceur des sages, ils ont aussi pour fonction d’ouvrir les yeux du peuple, de pousser son imagination créatrice et de l’aider à donner des réponses nouvelles aux défis nouveaux qui lui sont lancés31.

Dans une Église locale, à l’évêque revient la fonction du rassemblement et de l’intégration, aux religieux la fonction poétique de la créativité et de l’inventivité, aux « poètes » inspirés par l’Esprit, il est donné de faire de la mission une création nouvelle : se mettre en route, se tourner vers l’avenir, faire éclater les clôtures du temps. C’est l’autre nom de la mission, c’est sa dimension poétique : « Lève-toi, un long chemin reste à parcourir ! » Mais, durant cette marche, précise le pape François, « c’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparaît la joie et la beauté de vivre l’Évangile et de suivre le Christ. »

Comme « poètes », les religieux ont aussi à découvrir que le Dieu vers qui ils marchent n’est pas solidement établi au sommet de sa création, mais qu’au contraire il a la fragilité d’une histoire où il n’entend point se donner en spectacle. Le Dieu de l’histoire se révèle à la foi avant de se donner à voir. Il se révèle à qui ose risquer sa vie à la suite du Christ pour créer l’histoire avec lui. Les « poètes » sont créateurs. Citant Jean-Paul ii, le pape François le rappelle : « Vous avez à construire une histoire glorieuse32 ! »

* * *

Comment conclure ces pages où nous avons voulu dire tout l’intérêt de la lettre du pape François, sinon en rappelant ce qui, manifestement, l’habite, à savoir cette conviction que les religieux sont des marcheurs tendus vers ce lieu où émerge la lumière, où surgit la vie et où s’élargit l’horizon ? Allez de l’avant ! Réveillez le monde ! Fréquentez l’avenir ! répète-t-il à satiété…

Notes de bas de page

  • 1 Congrégation des instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostolique.

  • 2 Dans notre développement, sans ignorer l’expression « consacrés », apparue en 1983 dans le code de Droit canonique, nous utilisons le plus souvent le mot « religieux ».

  • 3 P. Lécrivain, Une manière de vivre. Les religieux aujourd’hui, Bruxelles, Lessius, 2009, p. 5-7.

  • 4 Z. Bauman, L’Amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes, Rodez, Éd. du Rouergue, 2004.

  • 5 J.-L. Souletie, La crise, une chance pour la foi, Paris, L’Atelier, 2002, p. 21.

  • 6 D. Hervieu-Léger, Le pèlerin et le converti, Paris, Flammarion, 1999, p. 68.

  • 7 T. Radcliffe, Que votre joie soit parfaite, Paris, Cerf, 2002.

  • 8 Cf. P. Ricœur, « L’identité narrative », Esprit 7/8 (1988), p. 295-304.

  • 9 Cf. A. Bocos Merino, Un relato del Espíritu. La vida consagrada postconciliar, Madrid, Publicaciones Claretianas, 2011.

  • 10 LG 43 ; PC 1-2.

  • 11 LG 44.

  • 12 LG 43-46 ; PC 1, 6, 13, 25.

  • 13 LG 44, 46 ; PC 12, 13, 15.

  • 14 V. Codina, N. Zevallos, La vie religieuse, Paris, Cerf, 1992.

  • 15 Les conférences de Medellín et de Puebla ont fait de cette clameur, où s’écoutent la douleur du peuple et son désir de libération, un lieu privilégié des souffrances du Christ et des gémissements de l’Esprit, donnant naissance à une humanité nouvelle.

  • 16 J. Sobrino, Liberación con Espiritu. Apuntes para una nueva espiritualidad, Santander, Sal Terrae, 1985.

  • 17 J.-M. Tillard, Devant Dieu et pour le monde. Le projet des religieux, Paris, Cerf, 1971.

  • 18 M. Azevedo, Les religieux, vocation et mission. Une perspective actuelle et exigeante, Paris, Centurion, 1985.

  • 19 J.-C. Guy, La vie religieuse, mémoire évangélique de l’Église, Paris, Centurion, 1987.

  • 20 J. B. Metz, Un temps pour les ordres religieux ? Mystique et politique de la suite du Christ, Paris, Cerf, 1981.

  • 21 B. Secondin, Le parfum de Béthanie, Bruxelles, Lessius, 1997.

  • 22 Ce congrès devait s’inscrire aussi dans le sillage de Repartir du Christ. Un engagement de la vie consacrée au troisième millénaire, un texte de la Congrégation pour les Ivcsva (2002).

  • 23 Jean-Paul ii, Vita Consecrata 110.

  • 24 M. de Certeau, « L’épreuve du temps », Christus 51 (1966), p. 311-331. Ce texte a été repris dans La faiblesse de croire, Paris Seuil, 1987, p. 53-74.

  • 25 Cf. P. Arrupe, Écrits pour évangéliser, Paris, DDB, 1985, p. 335.

  • 26 Pape François, Evangelii gaudium 14.

  • 27 J.-C. Guy, La vie religieuse… (cité n. 19), p. 154.

  • 28 Cf. T. Radcliffe, « La mission dans un monde en fuite : les futurs citoyens du Royaume de Dieu », conférence donnée à l’assemblée annuelle du Sedos le 5 déc. 2000.

  • 29 S. Breton, L’avenir du christianisme, Paris, DDB, 1999, p. 163.

  • 30 Nous reprenons ici quelques thèmes abordés dans notre ouvrage : Une manière de vivre… (cité n. 3), p. 88-90.

  • 31 Sous cette expression se cache la dimension mystique qui est au cœur de la vie des religieux. Lorsqu’elle célébra son 50e anniversaire à Bogotá en 2009, la Clar avait choisi pour thème : « Une vie religieuse mystique-prophétique, au service de la vie ».

  • 32 Jean-Paul ii, Vita consecrata 110.

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