Cette Réfutation est un des textes majeurs de la
controverse christologique entre chrétiens et musulmans. En 1932,
Massignon mettait au jour à Istanbul deux manuscrits qui
l'attribuaient au grand théologien al-Ghazâlî († 1111) ; un
troisième, sans mention d'auteur, se trouve à Leiden. L'oeuvre
comporte trois sections : l'exégèse de six passages
évangéliques (dont 5 en Jn) ; l'examen et la réfutation des
interprétations jacobite, melkite et nestorienne de la divinité de
Jésus ; l'interprétation correcte des titres attribués à Jésus
par les chrétiens. Le présent ouvrage propose une nouvelle édition
critique basée sur les trois manuscrits ainsi qu'une première
traduction complète en anglais (p. 83-193). Une copieuse introd.
(p. 1-81) aborde deux questions principales.
La Réfutation, à laquelle al-Ghazālī ne fait jamais
allusion dans ses nombreuses oeuvres, doit plus vraisemblablement
être attribuée à un polémiste du xiiie siècle
qui tente avec plus ou moins de bonheur d'imiter le style du grand
théologien ; l'hypothèse que l'auteur soit un chrétien copte
converti à l'islam demeure douteuse. L'introd. tente par ailleurs
de cerner l'originalité de la Réfutation par
rapport à l'oeuvre de devanciers tels que al-Qāsim, al-Tabarī,
Abd-al-Jabbār ou encore Ibn Hazm. Ces auteurs rejettent le plus
souvent comme inauthentiques les déclarations de Jésus suggérant sa
divinité (ou les passent sous silence et mettent en relief les
déclarations soulignant son humanité). L'A. de
la Réfutation, s'inspirant peut-être d'al-Bāqillānī,
invite plutôt à une lecture métaphorique : ce sont là des
expressions imagées de la relation de Jésus à Dieu, expressions que
les chrétiens ont tort de prendre au pied de la lettre. Ce type de
lecture sera repris par un petit nombre de penseurs musulmans
postérieurs. - J. Scheuer s.j.