Aux fondements de la liberté religieuse. Église, judaïsme et islam

Éd. Divry
Theology - reviewer : Paul Detienne s.j.
Contrairement à la liberté de l'Église, la liberté religieuse n'est pas de droit divin: c'est un droit civil de non-coercition religieuse dans les justes limites dues au bien commun d'une nation. Ce droit a pour objet une légitime autonomie de l'homme dans la recherche de la vérité. Il est le fruit de la loi naturelle, un concept non directement biblique, défini par Léon XIII (1888), pratiquement inconnu dans le judaïsme et dans l'islam. Notant l'accord substantiel entre la Déclaration universelle des Droits de l'homme (1948) et Pacem in terris (1963), l'A. suggère que soutenir le droit à la vie devrait provoquer similairement la juste défense du droit à la liberté religieuse. Certains évêques (Mgr Teissier d'Alger en 1989, le cardinal Biffi de Bologne en 2000…), considérent la réciprocité de tolérance (inconcevable en islam) comme une pratique conséquente du droit à la liberté religieuse, et ils insistent sur sa nécessité… tandis que Paul VI a accueilli une mosquée à Rome «sans s'abaisser à un tel niveau».
La liberté religieuse, telle qu'elle est présentée dans Dignitatis humanae n'est ni un indifférentisme religieux, ni un laïcisme, ni un relativisme moral. Le rôle de l'État vis-à-vis des religions (son devoir envers la vraie religion), tel que proposé par Pie XII (Ci riesce 1953), n'y est pas mentionné. L'A. insiste sur la compétence indirecte de l'Église en matière profane et sur l'incompétence directe de l'État en matière religieuse. S'ingéniant à démontrer l'homogénéité de doctrine dans l'avant et dans l'après Vatican II, il y reconnaît une réelle discontinuité de l'engagement prudentiel de l'Église. Il relève un manque de connexion d'ensemble entre Vatican II et le magistère préconciliaire: la nouvelle ligne se trouve un peu juxtaposée à l'ancienne. L'enseignement social de l'Église a entériné un développement de la doctrine, dû à une situation politique nouvelle, laïque et pluraliste. Jean-Paul II accepte la liberté de changer de religion. Le dialogue interreligieux, s'il évite le syncrétisme, ne promeut pas l'indifférentisme au nom de la liberté religieuse. Dans le droit canon, le droit d'annoncer l'Evangile précède, de manière vitale pour l'Église, le droit à la liberté religieuse. Le terme prosélytisme a malheureusement acquis une connotation négative. Hans Küng est qualifié d'ancien théologien catholique. L'ouvrage est enrichi de plusieurs index et d'une abondante bibliographie. Recommandé. - P. Detienne sj

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