Le livre est susceptible d'intéresser enseignants ou parents
soucieux «d'apprendre aux jeunes l'histoire et les valeurs
chrétiennes» (p. 206). Mais il pose finalement problème. Il
contient nombre de raccourcis, de simplismes, d'erreurs objectives,
qui interrogent son but réel. Les nombreuses approximations ont en
commun d'affaiblir la foi et de ridiculiser l'Église. Page 202,
nous avons une clef: «le christianisme dans sa dimension
évangélique et non pas dans les positions rétrogrades et
conservatrices de l'Église». La thèse ne se dévoile qu'à la fin,
après avoir fait croire que l'on est objectif (cela ne va-t-il pas
de soi d'un professeur d'université?): oui à des valeurs humaines,
non à l'Église. Mais la question se pose de savoir si les
valeurs spirituelles chrétiennes sont respectées. Beaucoup
de raccourcis correspondent à la thèse d'une divinisation tardive
de Jésus par Constantin, ce qui permet d'attaquer l'Église et
la foi, mais ne correspond pas à la réalité historique.
Anachronismes, silences, méconnaissance tant de l'exégèse et du
sens des Écritures que de l'histoire, répétition de banalités non
fondées, confusions théologiques, jusqu'au rapprochement
inacceptable (p. 25) entre les martyrs chrétiens et les kamikazes.
Si on peut discuter de l'esprit de qui va se faire tuer («aux
lions» ou dans un attentat), jamais les chrétiens (à cette
époque) n'ont tué, encore moins dans des attentats. Curieusement, à
tout ce déploiement hypercritique répondent des naïvetés comme les
miracles avalisés sans plus (p. 153).
Un des drames de notre société est de se déliter dans une purée
d'opinions sans consistance, faite d'affirmations à
l'emporte-pièce. L'exigence critique de la preuve est dépassée,
l'opinion l'emporte. Ce livre ne fait-il pas oeuvre de destruction
non seulement de la foi chrétienne, mais de notre société avec ses
exigences scientifiques? - J.-F. Nandrin