L'épistémologie impliquée discerne quatre discours spécifiques - et quatre seulement : scientifique, philosophique, théologique et, en un accent plus original, esthétique, qui est une modalité irréductible d'intelligence du monde.
Revisitant la question de la « philosophie chrétienne », l'A. repère quatre configurations : la philosophie avec, devant, dans et pour le christianisme. Une telle relecture est comme mise à l'épreuve par la rencontre des pensées de Breton, Ricoeur, Clavel, mais aussi de l'expérience de la prière du Notre Père, la plus théologique et la plus anthropologique. Il apparaît alors que la vérité théologique est dialogale et kénotique, apte à accueillir l'itinéraire propre des autres ordres de raison.
La 2de partie de l'ouvrage illustre de manière convaincante combien une telle pensée de l'alliance (entre philosophie et théologie) est apte à éclairer des enjeux de société contemporains : la laïcité, l'Europe, l'université, l'économie, le transhumanisme. L'A. se réfère à plusieurs reprises au logos spermatikos de St Justin mais aussi à l'épôchè phénoménologique, comprise comme ouverture d'un espace où le jugement (éthique) est rendu possible, donné par les choses mêmes, à l'image du jugement de Salomon.
Possédant les vertus et limites d'un recueil d'articles, cet ouvrage ouvre ainsi des pistes de réflexion suggestives. - M. Bernard