L'A. du présent recueil commente et « actualise », en un
style agréable, souvent « thibonien », parfois léger, un
florilège d'aphorismes tirés de l'oeuvre de G. Thibon
(1903-2001), paysan autodidacte, philosophe émérite, autoproclamé
« anarchiste conservateur ». Les textes sont extraits
d'une dizaine d'ouvrages, qui couvrent près d'un demi-siècle de
publication : depuis Diagnostics (1942)
jusqu'àIllusion féconde (1985). L'anthologie est
divisée en une quinzaine de sections (Thibon et l'Église ; la
recherche du Dieu transcendant ; la mystique du silence ;
l'éternel et le temps ; illusion et vérité ; le
mystère…), elles-mêmes sous-divisées en chapitres aux titres
évocateurs : éloge de la dureté ; la fausse pitié ;
l'égalité qui sépare ; amour et narcissisme ; poésie et
religion ; Thibon et la mort… Relevons-y quelques
perles : l'esprit d'aventure est la perversion du sens du
risque ; plus les différences s'atténuent, plus les rivalités
s'exaspèrent ; la jeunesse n'est pas l'âge de la liberté,
c'est l'âge de la ferveur ; le révolutionnaire prêche la
révolution sociale parce qu'il est incapable de révolution
personnelle ; c'est celui qui ne vit que pour lui-même qui
compte le plus sur les autres ; pour combler vraiment un être
aimé, il ne faut pas avoir besoin de lui ; l'analyse tue
l'amour ; il vaut mieux ne pas voir que voir sans aimer ;
le poète est fait pour donner une voix au silence des
choses ; le prêtre, au silence de Dieu ; l'âme, à la
différence du corps, se nourrit de sa faim ; l'amour ne résout
pas les questions, il les supprime ; le pessimiste se sert de
la cendre pour nier le feu, du marécage pour nier la source ;
le vrai ami est celui qui sait regarder sans envie notre bonheur…
Recommandé. - P. Detienne s.j.