Histoire du Concile Vatican II (1959-1965). V. Concile de transition. La quatrième session et la conclusion du concile (Septembre-décembre 1965), éd. G. Alberigo, v. fr. sous la dir. de Ét. Fouilloux, tr. B. Lauret et J. Mignon

Col.
History - reviewer : Bernard Joassart s.j.
C'est avec grand plaisir que l'on voit paraître, dans l'édition française, le cinquième et dernier volume de l'histoire du concile Vatican II entreprise sous l'égide de l'Institut pour les sciences religieuses de Bologne. Il couvre tout d'abord la 3e intersession qui ne fut pas qu'un intermède, bien au contraire: ce fut le temps des premières applications du Concile, marqué tout autant par les enthousiasmes que par les craintes que peuvent susciter les nouveautés. La 4e et dernière session fut particulièrement active. Très réalistement, il ne pouvait être question d'une 5e session qui eût éloigné par trop longtemps les évêques de leur diocèse. Mais «en finir» ne pouvait être synonyme de «bâcler». Et, au fil du récit, on perçoit que jusqu'au dernier jour, le travail fut intense, marqué parfois par de solides résistances et accompagné de temps forts, les uns liés directement avec la vie du Concile, p. ex. la création du synode des évêques et, la veille de la clôture, la cérémonie de la levée des anathèmes réciproques lancés plusieurs siècles plus tôt par les Églises de Rome et de Constantinople, d'autres ouvrant, si l'on peut dire, la vie de l'assemblée sur le monde, telle que la visite de Paul VI à l'ONU.Soulignons la présence de certaines parties qui, à côté du récit proprement dit, permettent de comprendre certaines dynamiques spécifiques. Tout d'abord le chapitre VI - «Le concile comme événement du mouvement oecuménique» - dû à L. Vischer, qui met en évidence l'impact du Concile sur les différentes confessions chrétiennes non catholiques; amenées à entreprendre une réflexion sur leur propre identité. On sera aussi sans doute intéressé par l'affaire des messages adressés à différentes catégories de personnes lors de la cérémonie de clôture, messages qui, bien que se présentant comme des émanations du concile, résultaient en réalité d'une initiative du pape lui-même. Mais tout aussi intéressante que soit la lecture des différents chapitres relatant le déroulement de la dernière session, le lecteur aura plus que certainement l'attention attirée par le dernier chapitre - «Un changement d'époque?» - signé par G. Alberigo et qui se propose de mettre en lumière ce que j'appellerais l'«originalité» du concile. Voici les titres des différentes parties de ce chapitre, qui aideront à mieux cerner le propos de l'A.: «Trop tôt (ou trop) tard?», «Un concile pour l''aggiornamento'», «Un concile pastoral», «Un concile d'union?», «Physionomie de l'Église et dialogue avec le monde», «Vatican II et la tradition», «Le parallélogramme des forces: épiscopat-pape-Curie-opinion publique», «La théologie au concile», «Un tournant»; «Le concile 'secret' ou 'caché'», «Concile et société», «Les perspectives», «La signification historique». S'il fallait dégager le fil conducteur qui relie cet ensemble de réflexion, il me semble que le plus adéquat serait de dire que Vatican II, au-delà de toutes les difficultés rencontrées, fut un véritable creuset de vie chrétienne, où tous les membres de l'Église - sans oublier les frères dits séparés - ont joué leur rôle dans une volonté à la fois marquée dès le début mais sans cesse approfondie au fil des années, de rencontrer le monde du moment et de lui proposer la foi chrétienne de manière vivante, tandis qu'au terme de cette expérience proprement spirituelle, tout un chacun ne pouvait que sortir comme renouvelé. Ne pourrait-on pas dire également que Vatican II fut comme le triomphe de l'intuition qui avait été celle d'une des personnalités les plus marquantes et des plus attachantes du catholicisme du 19e siècle, à savoir celle de «développement du dogme» si chère à Newman?
Enfin, il ne faudrait pas passer trop rapidement sur les quelques pages consacrées en finale par G. Alberigo à l'historicisation de Vatican II: l'A. montre très bien que pour comprendre Vatican II dans toute sa richesse, il convient d'en bien connaître l'histoire. Sans cela, on risque de prendre ses textes dans une optique intemporelle et de passer à côté de son message.
Pour un recenseur, la fin de la lecture de l'histoire d'une des entreprises les plus importantes de l'histoire de l'Église, est l'occasion de formuler des regrets, qu'il serait certainement plus approprié de qualifier de souhaits. On peut se demander si la fabrication de l'index du 5e volume n'aurait pas été une bonne occasion de réaliser un index cumulatif de tous les tomes. Dans le prolongement, il me semble qu'il aurait été utile de joindre à chaque nom une brève notice biographique. Certes, au fil des pages, on en arrive à «reconnaître» tel ou tel personnage; mais il ne faudrait pas oublier que cet ouvrage ne s'adresse pas qu'aux spécialistes (qui ne sont d'ailleurs pas tous contemporains du concile) et qu'on ne peut qu'en recommander la lecture en particulier à tous les étudiants en théologie; or, pour ces derniers notamment, Vatican II est de l'histoire… ancienne, et quantité de noms de personnages, même de premier plan, sont totalement inconnus. De plus, une partie «iconographique» aurait également été la bienvenue, non dans le seul but de sacrifier à cette idole moderne qu'est l'«audiovisuel» décliné de nos jours sur tous les tons, mais parce que la «visualisation» de telle ou telle scène permettrait à mon estime de mieux percevoir la «modernité» du concile qui, qu'on le veuille ou non, se déroula dans «un autre monde».
On aura certes compris que le plus important n'est pas là. En définitive, on se doit de reconnaître dans l'entreprise qui trouve ici son achèvement un véritable chef-d'oeuvre. Merci à tous ceux qui y ont prêté leur concours. - B. Joassart sj

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