Dans une élogieuse préface, John M. McDermot, SJ, attire
l'attention sur cette recherche de Daniele Moretto: elle met en
lumière le parcours spéculatif de Joseph Maréchal († 1944). L'A.
situe d'abord Maréchal, de formation thomiste, dans sa rencontre
avec la doctrine de Kant et son impact sur le discours chrétien.
Puis il précise son effort pour le comprendre de l'intérieur, en
reconnaissant la part de validité de ses arguments. L'existence de
Dieu ne peut en effet jamais être la conclusion légitime d'un
raisonnement humain (la certitude de la conclusion ne pouvant
dépasser celle des prémisses). Mais Kant ne s'est pas rendu compte
que ce que la conclusion ne pouvait donner se trouvait inclus dans
l'activité elle-même. Pour qu'un jugement humain puisse sans cesse
affirmer les êtres comme limités sans avoir conscience de ce qui
est au-delà d'eux, il est a priori requis que la personne soit mue
par le dynamisme intérieur par lequel Dieu l'attire. Ceci donne la
certitude concrète et de l'existence de l'Absolu et de
l'impossibilité de s'en faire un concept adéquat. L'Absolu ne peut
être que visé. Aussi Maréchal s'y est-il efforcé en revoyant sans
cesse ses textes et dans ses autres recherches. C'est ce que l'A.
montre en parcourant successivement, d'étape en étape, les travaux
de Mraéchal sur les sciences naturelles, la psychologie des
mystiques, l'histoire de la pensée philosophique.
L'intérêt de ces pages pour la théologie actuelle nous paraît
évident, car la tentation de plusieurs auteurs nous semble être de
s'intéresser à la phénoménologie religieuse (où il y a de
nombreuses choses valables à découvrir) en négligeant d'établir la
solidité du «point de départ» à partir duquel ils bâtissent leur
synthèse, sous leur propre responsabilité. Dans la conclusion, p.
377, nous avons apprécié la distinction faite par l'A. à la suite
de Maréchal, entre precisività et exclusività: une recherche peut
se donner des limites sans que cela entraîne le rejet de ce qui
reste en dehors de celles-ci. - L. Renwart, S.J.