Disons-le sans ambages: cet ouvrage nous apparaît comme le mieux
informé et le plus pertinent à ce jour sur l'histoire et sur la
spécificité ecclésiale de la Compagnie de Jésus. L'A. y souligne à
juste titre que les premiers textes révélateurs de l'intention
d'Ignace et de ses premiers compagnons «marquaient une rupture avec
tout ce que l'Église avait jusque-là reconnu en matière de vie
religieuse» - au point qu'un Cardinal avait qualifié ces nouvelles
Règles de «cryptoluthériennes». L'A. rappelle ensuite les étapes de
l'expansion rapide de cette innovation canonique: de 938 membres à
la mort du Fondateur (1556) à 8272, 60 ans après son approbation.
Il explique ensuite comment la «Compagnie de Jésus» «gagnait un
poids social, culturel, religieux et économique en Europe»,
jusqu'au moment de ce qu'il appelle «la marche à l'abîme»: 41ans de
suppression (sauf dans les États de l'impératrice Catherine II), et
sa restauration par le pape Pie VII en 1809. Suit une analyse
objective et nuancée du «pouvoir chez les Jésuites»: Ni chapitre ni
parlement: la Congrégation Générale. L'A. évoque ensuite la crise
d'identité qui, comme bien d'autres Ordres, affecta la Compagnie de
Jésus. Et de conclure: «Dans un XXIe siècle qui a soif de
transcendance, « les hommes en noir » sont à la recherche
d'un nouveau souffle et d'une identité plus spirituelle que
politique». - P. Lebeau sj