Il serait dommage que le petit format de cet ouvrage conduise à en
négliger le propos. Il présente, en effet, de façon abordable une
pensée et une pratique qui - hors des cénacles académiques et
des spécialistes du droit - sont encore trop peu connues du
monde francophone, sauf peut-être au Québec où la justice
restaurative (ou « réparatrice » ; en
anglais restorative justice) a été promue dès avant
les années 2000. Par contre, elle n'a fait son entrée officielle
dans le droit français que le 15 août 2014 (avec mise en
oeuvre par circulaire en mars 2017), même si l'expérience a, comme
toujours, précédé le droit. De quoi s'agit-il donc ? Bien
qu'il existe de nombreuses définitions, selon l'article du Code de
procédure pénale français, une mesure de justice restaurative est
« toute mesure permettant à une victime ainsi qu'à l'auteur
d'une infraction de participer activement à la résolution des
difficultés résultant de l'infraction, et notamment à la réparation
des préjudices de toute nature résultant de sa commission ».
Sans faire preuve d'excessive candeur, il suffit de lire
attentivement ces lignes pour réaliser aussitôt les possibilités
offertes par un tel dispositif en termes de régulation de conflits,
d'application de la peine, de fonctionnement de l'appareil
judiciaire, d'éducation, etc. Une 2de partie de
l'ouvrage (due à Janie Bugnion) traite de la médiation à partir
d'exemples concrets. Comme le montrent les auteurs, les deux
notions - la justice restaurative comme philosophie et système
de justice, et la médiation comme moyen de règlement des
conflits - ne sont pas à confondre, mais plutôt à articuler.
Une seule source d'étonnement : sauf erreur de ma part, alors
que Lode Walgrave est régulièrement cité dans l'ouvrage, on ne
trouve aucune mention de celui qui est considéré par beaucoup comme
le « père fondateur » de la justice restaurative, le
mennonite Howard Zehr dont l'un des ouvrages a pourtant été traduit
récemment en français par un autre éditeur suisse (La justice
restaurative. Pour sortir des impasses de la logique punitive,
Genève, Labor et Fides, 2012). Simple oubli ou querelle
d'écoles ? - D. Luciani