Grégoire, évêque de Nysse, endeuillé par la mort (en 377) de son
frère aîné Basile, évêque de Césarée, s'empresse auprès de sa
soeur, la moniale Macrine, sa 'pédagogue', elle-même moribonde.
Leurs entretiens philosophico-théologiques sont présentés sous
forme d'une fiction littéraire (dialogue 'platonicien', discours de
consolation) dans laquelle Macrine invite son frère à «prendre la
défense des opinions contraires». L'objet de leur discussion? La
nature de l'âme (immatérielle, donc immortelle) et ses passions (à
équilibrer, sans aspirer à l'apatheia); la survie de l'âme
et sa purification après la mort. Macrine réfute alors, en un long
discours agréablement imagé, différentes sortes de métempsycose
(humains-animaux, Platon; humains-animaux-végétaux, Plotin;
uniquement humains, Porphyre): la transmigration, affirme-t-elle,
ou bien mélange les caractères du bien et du mal, ou bien attribue
au hasard ce qui revient à la providence. Une dernière section,
étonnament courte et comme inachevée, aborde enfin le thème
capital: la résurrection. Notons que la réflexion de Grégoire sur
ce sujet ne prendra sa forme définitive que dans des écrits
ultérieurs, v.g. la Grande Catéchèse. Ne nous présente-t-il pas ici
une conception philosophique (apocatastase restauratrice, retour à
l'état primitif, statique, de la création première) plutôt qu'une
vision vraiment chrétienne centrée sur la résurrection du Christ?
Dans une importante introduction, le traducteur, Bernard Pottier
(sj), rend un vibrant hommage à ses deux prédécesseurs (Terrieux
1995, Bouchet 1998…). Il justifie son entreprise par le choix du
texte grec, une nouvelle structuration rhétorique du dialogue, des
références aux nombreuses publications récentes. En appendice:
abondante bibliographie et deux index, biblique et onomastique. -
P. Detienne sj