La colombe et les tranchées. Benoit XV et les tentatives de paix durant la Grande Guerre
N. Renoton-BeineHistory - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Ce qui sans doute résume le mieux l'attitude romaine d'impartialité durant la guerre est la conclusion que l'A. donne au dernier chapitre, en évoquant l'ultime réunion des cardinaux chargés d'examiner la situation, au début du mois de novembre 1918, et les conditions d'une éventuelle conférence de paix (p. 370): «Le cardinal secrétaire d'État clôt la réunion… en résumant les trois arguments principaux défendus par les cardinaux: 1. Le Saint-Siège risque d'essuyer un refus, quelles que soient les tentatives que l'on pourrait faire. 3. Si une des parties est victorieuse, « la paix sera des plus odieuses pour les vaincus, et il n'est pas bon que le Saint-Siège appuie de sa signature une telle paix ». 3. S'il y avait un représentant du Saint-Siège, il ne pourrait pas, de toutes façons, parler de la question romaine. Gasparri conclut la séance par cette étonnante déclaration, inconnue jusqu'à nos jours: « Il ne convient pas que le Saint-Siège intervienne à la conférence de la paix, même dans l'hypothèse absurde où elle [sic!] y serait invitée »». Voilà qui était pour le moins clairvoyant!
On ne peut que regretter l'absence d'un index onomastique - une mauvaise manie des Éditions du Cerf qui se répète trop souvent. Tâche toujours fastidieuse, certes, mais qui amène à contrôler des détails qui ne sont pas nécessairement secondaires. Cela aurait sans doute permis à l'A. d'éviter de prénommer «Stanislav» le général des Jésuites Wladimir Ledochovski, ou encore d'affirmer par deux fois qu'en janvier 1917, Guillaume II, né en 1859, fêtait son 70e anniversaire (p. 178 et 243). - B. Joassart, S.J.