Le Cardinal de Cabrières (1830-1921). Un siècle d'histoire de la France
Gérard CholvyHistory - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Car tout au long de sa carrière - en commençant comme secrétaire de l'évêque de Nîmes et vicaire général honoraire du même avant d'être nommé au siège de Montpellier -, les traces de l'Ancien Régime furent bien présentes; ce qui ne veut pas dire que le «moderne» n'ait pas trouvé chez lui des échos, sans pour autant que le prélat ait toujours perçu toutes les données des problèmes. L'exemple le plus cité est celui de son geste d'ouvrir les portes de sa cathédrale en 1907 pour abriter les manifestants viticoles, alors qu'on ne peut en aucun cas soutenir qu'il était ennemi de l'ordre.
On pourrait en dire autant à propos d'autres problématiques. Les «nouveautés» théologiques et politiques n'avaient guère sa préférence et ne pouvaient que le heurter dans ses sentiments profonds: le ralliement prôné par Léon XIII et la rupture du Concordat n'étaient pas bien faits pour lui plaire; ce qui ne l'empêcha point d'être avant tout français, tout en gardant des attaches avec le légitimisme et l'orléanisme, et de prendre une part active dans l'Union sacrée lors de la Première guerre mondiale. Et que dire alors du modernisme, alors que sa bibliothèque trahissait une assez étroite familiarité avec la pensée anglo-saxonne, en particulier celles du Mouvement d'Oxford et de Newman.
Bref, en suivant pas à pas la carrière de C., l'A. nous permet de suivre «un siècle d'histoire de France» dont les traces sont encore bien ancrées dans la France actuelle. - B.J.