S'il ne fut pas le premier, le Concordat de 1801 reste en quelque
sorte un «modèle du genre», qui inspirera grandement la politique
du Saint-Siège à l'égard des États pendant des décennies. Le petit
volume que lui consacre B.A. - même si les limites de la collection
ne permettaient pas d'entrer dans tous les détails d'un événement
aussi complexe -, est intéressant à plus d'un titre. À commencer
par le fait qu'il met à la disposition du lecteur le texte même de
la convention et des articles organiques (chap. 3). Intéressant
aussi par la présentation des personnages qui ont oeuvré à la
préparation, laborieuse, et à la mise en application de ce
concordat, d'autant que si les parties avaient intérêt à se
réconcilier, la situation créée par le mouvement révolutionnaire
n'était pas faite pour que les protagonistes s'entendent aisément;
il fallut donc beaucoup d'imagination de part et d'autre pour
trouver des solutions acceptables, et en pareilles circonstances,
le «tempérament» et l'imagination des négociateurs jouent un rôle
de premier plan. Intéressant encore par le bilan dressé par l'A. En
définitive, les deux parties tirèrent des profits non négligeables
de cet accord, même si, du côté de l'Église, on doit bien constater
que la Révolution eut un impact réel à long terme sur la
transmission de la foi - ou plus exactement l'absence de cette
transmission -, et même si les religieux furent les grands oubliés
de cette convention. Et à propos de ce bilan, j'ajouterais qu'il me
semble que l'A. se montre un peu trop optimiste sur la disparition
du gallicanisme grâce au concordat. Intéressant enfin dans la
mesure où cet ouvrage souligne la difficulté éprouvée alors par
l'Église à se situer face à une conception de la société totalement
différente de celle à laquelle elle était habituée: l'État se
considérait comme étant complètement autonome et le concordat fut
une circonstance majeure qui a amené l'Église à repenser sa place
dans la société. De ce point de vue, la postface du cardinal Billé
intitulée L'Église et l'État au service d'une culture du bien
commun, de la solidarité et de la paix, mérite qu'on s'y
attarde: les deux sphères ont certes leur compétence propre, mais
leur coopération n'est nullement impossible, si tant est que
chacune respecte sa finalité, le «bien» de l'humanité. - B.J.