Ni biographie critique de Catherine de Sienne, ni histoire du texte
du Dialogue, cet ouvrage se veut une analyse en profondeur de la
signification de ce traité d'initiation spirituelle que la sainte
dicta en 1378 à ses secrétaires. En référence constante à l'oeuvre
de Thomas d'Aquin, Catherine goûte en contemplation la vérité de la
doctrine divine, sans cesser pour autant de participer intensément
à la vie de l'Église et du monde. Liant ainsi le théologique et le
politique par le spirituel, elle s'inscrit résolument dans la
perspective dominicaine. Nous savons par Raymond de Capoue que le
Dialogue a sans doute été composé au cours de cinq jours d'extase,
«sous l'inspiration de l'Esprit d'En Haut». Organisé par Catherine
elle-même, et donc oeuvre authentiquement personnelle, le texte en
a probablement été remanié par les Dominicains qui n'ont cependant
pas hésité à le lui attribuer. Le traité une fois achevé, la sainte
s'installa définitivement auprès du Pape, et mourut à Rome le 29
avril 1380. Traducteurs et commentateurs ont fait remarquer les
répétitions et les maladresses de style d'un ouvrage foisonnant de
métaphores. La noétique thomiste et le caractère prophétique du
livre justifient cette pluralité d'images dont le jeu était
nécessaire pour communiquer une vision que seule pouvait exprimer
une forme immédiatement concrète. L'articulation de l'ensemble
apparaît beaucoup plus logique et construite qu'on ne l'a longtemps
pensé, au point que l'on reconnaît maintenant au Dialogue une
structure rigoureuse. À ce texte incomparable, l'A. donne une
introduction substantielle qui permettra aux lecteurs de rejoindre
Catherine dans la grâce de «sa douce vérité». - H. Jacobs, S.J.