Les Stromates. Stromate VII, éd. A. Le Boulluec

Clément d'Alexandrie
History of thought - reviewer : Albert Chapelle s.j.
A. Le Boulluec avait somptueusement édité en 2 volumes (SC 278 et 279, 1981) le Stromate V. L'introduction peut dès lors se limiter à présenter l'organisation générale du livre VII, à une note sur l'apparat critique et sur le texte: les leçons du Laurentinus sont privilégiées. Les variantes retenues par rapport à l'édition Stählin-Früchtel sont énumérées (p. 23-27). La répartition des grands ensembles du Stromate VII est claire. Trois développements principaux apparaissent. Le premier introduit par le prologue répond à l'accusation d'athéisme portée contre les chrétiens et présente au contraire le culte rendu à Dieu par le «gnostique», le chrétien mû par l'Esprit, comme la seule piété véritable. Le Fils est en effet le gouverneur et le sauveur de l'univers (2,5,1 - 12,5) et le «gnostique» devient autant que possible semblable à son Seigneur. Cette apologie de la piété chrétienne comporte une critique philosophique des représentations du divin courantes chez les Grecs et le premier traité conservé sur la prière chrétienne (7,35,1 - 49,8). L'argumentation est fondée sur des réflexions ou des textes empruntés à la pensée grecque. Les notes en donnent les références. Dans cette première partie du Stromate VII, Cl. ne cite (quasiment) pas de textes scripturaires, même s'il «fonde sur leur sens la description du christianisme» (p. 15).
La deuxième section décrit la conduite qui va de pair avec la connaissance; elle dépeint la vie du gnostique sans présenter théoriquement sa doctrine (10,59,7). L'«ami de Dieu» goûte à la volonté même de Dieu et possède au plus haut point les vertus de force et de tempérance par l'effet de la charité. Le gnostique, «instrument de la bonté de Dieu», saisi par le désir exclusif de Dieu, est soumis à la volonté de Dieu.
Le thème de l'obéissance est mis en relief au moment où la dernière section du Stromate va affronter les difficultés suscitées par l'existence des hérésies (Le B. traduit souvent «sectes») caractérisées par la rébellion et l'orgueil. Le B. avait longuement étudié La notion d'hérésie dans la littérature grecque (IIe, IIIe siècles) (1985). «Le dissentiment entre les sectes» (XV-XVIII) qui conclut cet «exposé des lignes principales de l'éthique» (XVIII, 110, 4) est étudié à la lumière des attitudes et conduites morales qui déchirent «le corps spirituel de l'Eglise sainte» (XIV,87,4).
Dans tout le volume, la richesse et la précision des notes font entrevoir la richesse de l'univers culturel de Cl. qui assume en liberté le meilleur de la pensée grecque (platonisme, aristotélisme et stoïcisme). La foi chrétienne grandit en zèle apostolique quand elle s'inculture. La théologie morale gagnerait beaucoup à se laisser instruire des vertus à la lumière de la gnose véritable, celle du désir et de l'amour de Dieu. La bibliographie internationale laisse deviner que la richesse théologique de Cl. est encore largement inexploitée. - A. Chapelle, S.J.

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